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La fable Le Rat et l'huître

Fiche de lecture : La fable Le Rat et l'huître. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2014  •  Fiche de lecture  •  1 500 Mots (6 Pages)  •  912 Vues

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Le rat et l'huitre

Un rat, hôte d'un champ, rat de peu de cervelle,

Des lares paternels un jour se trouva sou. 

Il laisse là le champ, le grain et la javelle,

Va courir le pays, abandonne son trou.

Sitôt qu'il fut hors de la case :

«Que le monde, dit-il, est grand et spacieux !

Voici les Apennins, et voici le Caucase.»

La moindre taupinée était mont à ses yeux.

Au bout de quelques jours, le voyageur arrive

En un certain canton où Téthys sur la rive

Avait laissé mainte huître : et notre rat d'abord

Crut voir, en les voyant, des vaisseaux de haut bord.

«Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire !

Il n'osait voyager, craintif au premier point.

Pour moi, j'ai déjà vu le maritime empire :

J'ai passé les déserts, mais nous n'y bûmes point.»

D'un certain magister le rat tenait ces choses, Et les disait à travers champs,

N'étant pas de ces rats qui, les livres rongeants,

Se font savants jusques aux dents.

Parmi tant d'huîtres toutes closes,

Une s'était ouverte et, bâillant au soleil,

Par un doux zéphyr réjouie,

Humait l'air, respirait, était épanouie,

Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, nompareil.

D'aussi loin que le rat voit cette huître qui bâille :

«Qu'aperçois-je ? dit-il, c'est quelque victuaille ; 

Et si je ne me trompe à la couleur du mets,

Je dois faire aujourd'hui bonne chère, ou jamais.»

Là-dessus, Maître Rat, plein de belle espérance,

Approche de l'écaille, allonge un peu le cou,

Se sent pris comme aux lacs, car l'huître tout d'un coup

Se referme : et voilà ce que fait l'ignorance.

Cette fable contient plus d'un enseignement: Nous y voyons premièrement

Que ceux qui n'ont du monde aucune expérience

Sont, aux moindres objets, frappés d'étonnement.

Et puis nous y pouvons apprendre

Que tel est pris qui croyait prendre.

Le chien qui porte à son coup le diner de son maitre

Nous n'avons pas les yeux à l'épreuve des belles,

            Ni les mains à celle de l'or:

            Peu de gens gardent un trésor

            Avec des soins assez fidèles.

Certain chien, qui portait la pitance au logis,

S'était fait un collier du dîné de son maître.

Il était tempérant, plus qu'il n'eût voulu l'être

            Quand il voyait un mets exquis;

Mais enfin il l'était, et tous tant que nous sommes

Nous nous laissons tenter à l'approche des biens.

Chose étrange! on apprend la tempérance aux chiens,

            Et l'on ne peut l'apprendre aux hommes !

Ce chien-ci donc étant de la sorte atourné, 

Un mâtin passe, et veut lui prendre le dîné.

            Il n'en eut pas toute la joie

Qu'il espérait d'abord: le chien mit bas la proie

Pour la défendre mieux n'en étant plus chargé;

            Grand combat; d'autres chiens arrivent;

            Ils étaient de ceux-là qui vivent

Sur le public, et craignent peu les coups.

Notre chien, se voyant trop faible contre eux tous,

Et que la chair courait un danger manifeste,

Voulut avoir sa part; et, lui sage, il leur dit :

«Point de courroux, messieurs, mon lopin me suffit ;

            Faites votre profit du reste.»

A ces mots, le premier, il vous happe un morceau;

Et chacun de tirer, le mâtin, la canaille,

        A qui mieux mieux. Ils firent tous ripaille ;

            Chacun d'eux eut part au gâteau.

Je crois voir en ceci l'image d'une ville

Où l'on met les deniers à la merci des gens.

            Echevins, prévôt des marchands,

            Tout fait sa main; le plus habile

Donne aux autres l'exemple, et c'est un passe-temps

De leur voir nettoyer un monceau de pistoles.

Si quelque scrupuleux,

...

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