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La bataille d'Hernani

Thèse : La bataille d'Hernani. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Novembre 2013  •  Thèse  •  1 631 Mots (7 Pages)  •  2 355 Vues

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La bataille d'Hernani est le nom donné à la polémique et aux chahuts qui entourèrent en 1830 les représentations de la pièce Hernani, drame romantique de Victor Hugo.

Héritière d'une longue série de conflits autour de l'esthétique théâtrale, la bataille d'Hernani, aux motivations politiques au moins autant qu'esthétiques, est restée célèbre pour avoir été le terrain d'affrontement entre les « classiques », partisans d'une hiérarchisation stricte des genres théâtraux, et la nouvelle génération des « romantiques » aspirant à une révolution de l'art dramatique et regroupée autour de Victor Hugo. La forme sous laquelle elle est généralement connue aujourd'hui est toutefois tributaire des récits qui en ont été donnés par les témoins de l'époque (Théophile Gautier principalement, qui portait à la Première le 25 février 1830 un gilet rouge qui resterait dans l'histoire), mêlant vérité et légendes dans une reconstruction épique destinée à en faire l'acte fondateur du romantisme en France.

Critiques du classicisme au théâtre sous l'Ancien Régime[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Règles du théâtre classique et Drame bourgeois.

La lutte contre les dogmes esthétiques du classicisme, avec ses règles strictes et sa hiérarchisation rigide des genres théâtraux, débuta dès le xviie siècle, lorsque Corneille s'en prenait dans ses préfaces aux contraignantes codifications établies par les doctes se réclamant d'Aristote, ou encore avec la « grande comédie » qu'avait inventée Molière avec ses pièces en cinq actes et en vers (c'est-à-dire dans la forme usuelle de la tragédie) qui à la dimension comique ajoutait la critique de mœurs (Tartuffe, Le Misanthrope, L'École des femmes1...).

Au siècle suivant, Marivaux contribua à accentuer cette forte subversion des genres en greffant une dimension sentimentale à la structure farcesque de ses pièces2. Mais c'est avec Diderot qu'émergea l'idée d'une fusion des genres dans un type nouveau de pièces, idée qu'il devait développer dans ses Entretiens sur « le Fils naturel » (1757) et son Discours sur la poésie dramatique (1758) : considérant que la tragédie et la comédie classiques n'avaient plus rien d'essentiel à offrir au public contemporain, le philosophe appelait à la création d'un genre intermédiaire : le drame, qui soumettrait au public des sujets de réflexion contemporains3. Quant à Beaumarchais, il expliqua dans son Essai sur le genre dramatique sérieux (1767) que le drame bourgeois offrait au public contemporain une moralité à la fois plus directe et plus profonde que l'ancienne tragédie4.

Un nouveau palier fut franchi par Louis-Sébastien Mercier dans deux essais : Du théâtre ou Nouvel essai sur l'art dramatique (1773) et Nouvel examen de la tragédie française (1778). Pour Mercier, le drame devait choisir ses sujets dans l'histoire contemporaine, se débarrasser des unités de temps et de lieu, et surtout ne pas se cantonner à la sphère privée : l'utilité du drame passait alors du domaine de la morale individuelle à celui de la morale politique5.

La critique existait également outre-Rhin, marquée notamment par l'essai de Lessing intitulé Dramaturgie de Hambourg (1767-1769, traduit en Français en 1785). Pour le théoricien allemand, qui avait traduit et adapté la pièce de Diderot Le père de famille4, la dramaturgie française, avec sa fameuse règle des trois unités, bien qu'elle prétendît s'inspirer du code antique, ne parvenait qu'à rendre artificielles et inadaptées à la réalité contemporaine des règles qui découlaient naturellement de la pratique théâtrale de leur époque, et notamment de la présence du chœur qui, figurant le peuple, « ne pouvait ni s'éloigner de ses habitations, ni s'en absenter qu'autant qu'on le peut faire d'ordinaire par simple curiosité6. »

Les théoriciens romantiques[modifier | modifier le code]

Articles détaillés : Drame romantique et Racine et Shakespeare.

Après la Révolution française, c'est encore du côté de l'Allemagne que vint la critique, avec l'ouvrage, justement intitulé De l'Allemagne (1810), de Madame de Staël. Celle-ci y établissait l'existence de deux systèmes théâtraux en Europe : le système français, sur lequel régnait la tragédie classique, et le système allemand (dans lequel elle incluait Shakespeare), dominé par la tragédie historique7. Le système français, expliquait-elle, par le choix des sujets tirés d'une histoire et d'une mythologie étrangères, ne pouvait remplir le rôle qui était celui de la tragédie historique « allemande », qui renforçait l'unité nationale par la représentation de sujets tirés, justement, de l'histoire nationale. Qui plus est, la tragédie classique française, qui ne s'intéressait pas au peuple et à laquelle le peuple ne s'intéressait pas, était par nature un art aristocratique, qui par là même renforçait encore la division sociale en la doublant d'une division des publics de théâtre. Mais si cette division sociale des publics de théâtre était la conséquence logique de la division sociale structurelle de la société monarchique, la grande poussée démocratique induite par la Révolution condamnait cette division à disparaître, et rendait du même coup caduc le système esthétique qui en était l'émanation8.

Guizot avec

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