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La Ronde Des Jours

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Par   •  19 Décembre 2014  •  1 605 Mots (7 Pages)  •  1 687 Vues

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la negritude dans la ronde des jours de bernard binlin dadiéIntroduction

La négritude est un mouvement à la fois littéraire et politique, fondé à Paris dans les années 1930 par des étudiants noirs des Antilles et de l’Afrique. Les fondateurs du mouvement, Aimé Césaire, Léopold Senghor, et Léon Damas, espéraient éliminer les barrières entre les étudiants des colonies françaises. Ils s’inquiétaient non seulement de la collaboration entre les Noirs du groupe, mais aussi de l’unité de leur race. Ces inquiétudes ont inspiré la négritude. Les fondateurs de négritude étaient en partie inspirés par leurs rencontres avec les membres de la « Harlem Renaissance », comme beaucoup d’entre eux vivaient en France pour s’échapper au racisme et à la ségrégation aux Etats-Unis. Parmi d’autres, ils ont rencontré les écrivains Langston Hughes et Richard Wright et les musiciens jazz Duke Ellington et Sidney Bechet.

« Le tigre ne proclame pas sa tigritude, il saute sur sa proie », disait Wole Soyinka en se moquant des poètes de la Négritude. Concept controversé, accusé de promouvoir le racisme anti-raciste, cette réflexion sur « l’être-dans-le-monde-noir » a toutefois été une pensée féconde, à l’origine d’une riche production littéraire et artistique qui a changé le regard que nous portons sur le continent noir. La Négritude a aussi été une idéologie de libération politique.

Le Martiniquais Aimé Césaire est, avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontron Damas, l’un des pères fondateurs de la Négritude, qui fut un mouvement de libération culturelle et politique de l’homme noir. Selon Senghor, c’est Césaire qui aurait inventé le mot et le concept, dans les pages d’une revue estudiantine (L’Etudiant noir) publiée dans le quartier latin par une poignée d’étudiants antillais et africains exilés à Paris, dans la période de l’entre-deux guerres. Pour Césaire qui avait pris ses distances par rapport à une Négritude institutionnalisée dans les Etats post-coloniaux, c’était une invention collective.

Quelle que soit sa genèse, collective ou produit d’une réflexion individuelle, rarement un néologisme a fait autant sens. La formule est dérivée du vocable « nègre » que ses inventeurs ont vidé de ses connotations injurieuses pour en faire le porte-drapeau de leur affirmation identitaire. « Insulté, asservi, il (le Noir) se redresse, il ramasse le mot de nègre qu’on lui a jeté comme une pierre », écrira Jean-Paul Sartre qui fut, on s’en souvient, l’un des premiers à célébrer le phénomène de la Négritude dans son célèbre essai intitulé L’Orphée noir.

Une rencontre fondamentale

Les débuts de la Négritude se situent dans les années 1930. Le trio Senghor, Césaire et Damas sont alors étudiants à Paris. Césaire qui a débarqué dans la capitale française en septembre 1931, le baccalauréat en poche, avait connu Damas au lycée Victor Schoelcher à la Martinique, mais c’est à Paris qu’il fit la connaissance de Senghor, son aîné de sept ans. Ce dernier avait terminé ses études au lycée Louis-le-Grand, alors que le Martiniquais venait de s’y inscrire en hypokhâgne. Leur rencontre aurait eu lieu sur le trottoir de la rue Saint-Jacques et, depuis, ils ne se sont jamais vraiment quittés. Le récit de la première rencontre de ces deux futurs géants des lettres noires et du compagnonnage intellectuel qui s’en est suivi, fait partie de la légende de la francophonie.

Ce fut une rencontre fondamentale surtout pour Césaire car, comme celui-ci l’a écrit, « en découvrant Senghor, j’ai découvert l’Afrique ». L'Afrique que le Martiniquais ne connaissait pas, mais qui l’obsédait à un très haut point car c’était le continent d’où ses ancêtres capturés par les négriers étaient partis. Le duo, qui se fréquentait assidûment, partageait aussi des interrogations concernant leur statut de l’homme noir dans un monde dominé par l’Occident. Qui sommes-nous ? Européens ? Africains ? Peut-on être Africain et universel ?

Pour saisir l’acuité de ces questionnements, il faut écouter Senghor qui a décrit très précisément les conditions dans lesquelles le mouvement de la Négritude est né : « Nous étions alors plongés avec quelques autres étudiants noirs dans une sorte de désespoir panique. L’horizon était bouché. Nulle réforme en perspective, et les colonisateurs légitimaient notre dépendance politique et économique par la théorie de la table rase. Nous n’avions, estimaient-ils, rien inventé, rien créé, ni sculpté, ni peint, ni chanté. Des danseurs ! Et encore… Pour asseoir une révolution efficace, il nous fallait d’abord nous débarrasser de nos vêtements d’emprunt, ceux de l’assimilation, et affirmer notre être, c’est-à-dire notre Négritude. »

Une épiphanie poétique

La réponse à leurs interrogations est venue de leurs lectures, souvent communes, d’Hegel, de Marx, mais aussi des écrits des nouveaux ethnologues français - Léon Frobenius, Maurice Delafosse, Théodore Monod - qui avaient pris le contre-pied de leurs prédécesseurs pour rappeler que les Africains n’étaient pas tombés d’un arbre avant-hier et que le continent était « littéralement pourri de vestiges préhistoriques » ! Les empires qui avaient prospéré dans les

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