La Première Pierre

Celle qui fonde et celle qui frappe

Avancées, , facebook, smartpho... Ces mots si familiers qui font partis de nous, ne daignent pas a parvenir aux oreilles des ces contrés lointaines ; délaissées par la mondialisation et l'influence des villes...

Ces petits hameaux silencieux qui nous rappelles les dimanche passé au coin du feu chez nos grand-mère, la campagne luxuriante et silencieuse que décrivait Balzac, ces étendues d'herbes folles, le doux ronronnement du chat sur le portail blanc de la ferme voisine... Cette douce image nostalgique d'un automne qui vous traverse l'esprit à ce moment précis, risque d'être froissée par le portrait déchirant et poignant que nous dresse Pierre Jourde, romancier et enseignant à l'université de Grenoble III ici même dans « la première pierre ».

Il revient ici sur les événement violents qui sont survenus suite à la sortie d'un de ses romans « pays perdu » . Il y décrivait l’austérité de la vie dans cette terre reculée dont il est originaire ainsi que la dualité des relations humaines; associant bien trop souvent fraternité et brutalité... Les habitants du village d’Auvergne héros selon eux, se sont littéralement livrés à une sorte de lynchage contre l'auteur et ses proches. Ce beau texte rugueux a mis le feu au village, ses vingt habitants s'estimaient offensés par des propos qualifiés d'offensifs et abusifs . Un an plus tard, de retour chez lui avec sa famille, Pierre Jourde est accueilli sous une pluie d'injures et de caillasses qui blessent l'un de ses enfants, âgé de 15 mois. La presse à scandale s’empare de l'affaire.

Indigné par cette haine commune, par cette incompréhension de ses voisins et connaissances, habitants de ce petit hameau reculé il décide de se justifier et d'expliquer...

En se tutoyant, il revient sur les faits, interroge ses souvenirs, la férocité, l'incroyable fureur qui transforme en ennemis à vie ceux qui hier encore venaient dîner à la maison. Le résultat est captivant. Seulement voilà, un message générale se dessine, nous ne savons plus lire. Il ne s’arrête pas à sa petite contrée du Cantal, non, il va plus loin, touche du doigt nos villes et nos intérêts communs ; séduire, plaire, avoir plutôt qu'être... La littérature se meurt, et personne n'est là pour la rattrapper.

C'est un écrivain inquiet à propos des enjeux de la littérature, bien trop souvent abîmé par les fictions et les publicitaires. Comme toujours, le verbe de Pierre Jourde est haut, sa phrase poignante, son propos tranchant. Écrire, pour lui, c'est jouer sa vie. Une attitude qu'il a payée au prix fort : la rupture avec son enfance, la haine des siens, une réputation écornée, une dignité négligée...

Ce roman récit d'une vie tiraillée entre le silence et la justice, probablement brisée par le mépris, et le capacité qui résulte de chacun de mélanger fictions personnelles au texte qu'elle est en train de lire. Vérité, authenticité, où vous cachez vous donc ?

Et toi, « première pierre » ? Et tu l'as pour fonder ? Ou bien pour frapper... ?

A toi seule tu incarnes le début et la fin...

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