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La Passion Racinienne

Dissertation : La Passion Racinienne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Mars 2013  •  2 920 Mots (12 Pages)  •  4 779 Vues

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Le théâtre de Racine peint la passion comme une force fatale qui détruit celui qui en est possédé. On retrouve ici les théories jansénistes : soit l'homme a reçu la grâce divine, soit il en est dépourvu, rien ne peut changer son destin, il est condamné dès sa naissance. Réalisant l'idéal de la tragédie classique, le théâtre racinien présente une action simple, claire, dont les péripéties naissent de la passion même des personnages.

Les tragédies profanes (c'est-à-dire Esther et Athalie exclues) présentent un couple de jeunes gens innocents, à la fois unis et séparés par un amour impossible parce que la femme est dominée par le roi (Andromaque, Britannicus, Bajazet, Mithridate) ou parce qu'elle appartient à un clan rival (Aricie dans Phèdre). Cette rivalité se double souvent d'une rivalité politique, sur laquelle Racine n'insiste guère.

Dans ce cadre aristocratique qui, à partir de Bajazet, devient un lieu commun prétexte à la naissance d'une crise, les personnages apprennent que le roi est mort ou vaincu : ils se sentent alors libres de déchaîner leurs passions. Or, l'information est rapidement démentie. Le retour du roi met les personnages devant leurs fautes et les pousse, selon leur nature intérieure, à se repentir ou à aller jusqu'au bout de leur rébellion.

Intro : Elevé dans les petites écoles de Port-Royal les champs, Racine est, dès son plus jeune âge, imprégné profondément par le jansénisme, qui marque également ses tragédies. C'est ainsi que l'on a pu dire de ses pièces qu'elles montrent : "un monde cruel, peuplé d'êtres passionnés et faibles, entraînés par les fatalités de leur sang". La lecture de cette citation laisse émerger plusieurs axes d'étude : tout d'abord un monde cruel, ensuite la faiblesse et la passion des personnages, enfin, le poids de la fatalité.

I UN MONDE CRUEL :

A La violence :

a) La violence physique :

exemples :

• Violences de Néron dans Britannicus. L'accession au trône de ce personnage que Racine lui-même désigne par le terme de "monstre" dans la préface de la pièce est la conséquence d'événements tragiques : le suicide de l'amant d'Octavie, la mort de l'empereur Claude, probablement empoisonné par celui même dont il avait fait son héritier et qu'il avait adopté (en lui préférant son propre fils), Néron ; héros également à l'origine de l'enlèvement de Junie et qui affirme, en parlant de Britannicus : "j'embrasse mon rival, mais c'est pour mieux l'étouffer".

• Massacre d'Hippolyte dans Phèdre, déchiqueté plus ou moins directement sur l'ordre de son propre père.

• Dans Phèdre toujours, l'héroïne éponyme demande à celui qu'elle aime de la poignarder.

• La princesse fait preuve d'une grande cruauté puisqu'elle tue des êtres innocents tout en sachant que ce crime est inutile (elle utilise l'expression "tourments inévitables") : " De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leur flanc ma raison égarée" (Phèdre, Acte I, scène 3)

• Violence des Dieux même puisqu'ils réclament par l'intermédiaire du prêtre Calchas : " Une fille du sang d'Hélène" et ordonnent : "Sacrifiez Iphigénie" dans l'acte I, scène 1

[A cet univers brutal s'ajoute, pour les personnages, la présence constante d'une autre forme de violence : la pression psychologique.]

b) La pression psychologique :

L'univers de la tragédie racinienne montre des héros en lutte permanente aussi bien contre eux-mêmes (exemple : Phèdre qui se déteste - "je m'abhorre" acte II, scène 5 - et qui lutte contre sa folle passion) que contre les autres ; ils doivent en effet faire face aux trahisons.

Exemples :

• Dans Iphigénie, Agamemnon est prêt à laisser sa fille être sacrifiée

• Dans Andromaque, Pyrrhus revient sur ses serments d'amours à sa fiancée, Hermione qui ne peut que constater, au vers 1108 de l'acte IV, scène 5 : "Cette bouche à mes yeux s'avouant infidèle «ils doivent également subir le mensonge

Exemples :

• Agamemnon, dans Iphigénie, ment à sa fille et à sa femme pour les faire revenir en Aulide

• Dans Phèdre, OEnone, avec l'accord de sa maîtresse accuse injustement Hippolyte d'un amour incestueux, mensonge qui le conduira à la mort.

Certains personnages ont recourt au chantage

Exemple :

• Dans Andromaque, Pyrrhus s'engage à sauver la vie d'Astyanax si sa mère l'épouse

[Ainsi, l'omniprésence de la violence, d'ordre physique ou psychologique, participe à créer l'atmosphère d'un monde cruel, atmosphère en outre renforcée par l'isolement permanent des personnages raciniens.]

B La solitude des personnages raciniens :

a) L'impossibilité de communiquer :

L'une des raisons de la solitude des personnages est qu'ils ont souvent du mal à communiquer

Exemples :

• Dans Phèdre, l'entrevue de l'acte II, scène 5 n'est qu'un "fâcheux entretient" pour Hippolyte alors qu'il s'agit d'une chance inespérée pour Phèdre.

• Iphigénie, à l'acte II, scène 2, parle presque enthousiaste d'un "pompeux sacrifice", questionne son père, cherchant notamment à savoir si elle pourrait participer à la cérémonie, alors que lui sait que c'est elle qui sera offerte aux Dieux.

[Mais l'impossibilité de communiquer n'est pas la seule cause de la solitude des personnages, les héros raciniens sont également souvent séparés de ceux qu'ils aiment]

b) De nombreuses séparations :

Dans les pièces de Racine, les protagonistes sont, la plupart du temps, éloignés pour divers raisons de ceux qu'ils aiment (fiancé, conjoint, enfants...).

Exemples :

• Dans Andromaque, la princesse éponyme aime son

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