La Mort De L'enfant, La Peste Commentaire

La mort de l'enfant, La Peste

Commentaire :

La peste est un roman d'Albert Camus publié en 1947 qui permit en partie à son auteur de remporter le prix Nobel en 1957. Cet ouvrage appartient du cycle dit de la révolte qui regroupe ces trois œuvres de Camus :La Peste, L’Homme Révolté et les Justes. Rieux et Tarou tous deux devenus de très proches amis sont présent lors de l'agonie de l'enfant. Ils sont fortement touchés et émus du décès de l'enfant tout comme le lecteur. A la fin du mois d'octobre, l’épidémie est à son paroxysme, elle poursuit inlassablement ses ravages. Dans le passage étudié ici , nous assistons à la mort d'un enfant , d'un innocent . Sur quoi repose l'émotion de cette scène ? Comment Camus met en scène la mort de l'enfant ? Y 'a t-il une visée argumentative dans ce passage? Pour tenter de répondre à ces questions dans un premier temps, nous verrons comment le romancier théâtralise la scène. Par la suite, nous verrons qu'il s'agit d'une scène révoltante qui fait naître l'indignation du lecteur. Enfin nous tenterons de comprendre comment Camus fait à la fois méditer tout en donnant son point de vue.

Camus met en scène la mort de l'enfant. Ce passage très théâtralisée donne l'illusion d'une scène réaliste. Le lecteur peut concrètement imaginer l'agonie de l'enfant et se faire une représentation de cette scène de mort. Tout d'abord l'ambiance : on a une progression dramatique au fil du récit. Le rythme s’accélère des lignes 1 à 35 rythmé par des adverbes temporels « soudain » L8, « aussitôt » L14. Puis à partir de la ligne 35 le rythme devient decrescendo « mais brusquement les autres malades se turent » Le « mais » souligne cette rupture avec la première partie. De plus, le terme «  reposait » L43 nous fait comprendre que le supplice est terminé et qu'on a mis fin aux souffrances de l'enfant. Cette progression dramatique de la trame instaure une tension supplémentaire.

Ensuite, notons que le registre pathétique est très important dans ce passage. Tout concourt à émouvoir le lecteur. Premièrement le cadre de l'action ; la scène se déroule, dans une salle de classe qui suite à l’épidémie ravageuse fait désormais office d'hôpital. L'enfant qui, autrefois, y avait passé de beaux jours à apprendre les règles de la vie se retrouve aujourd'hui dans cette même salle devenu lugubre et sinistre il se retrouve à méditer sur les raisons de sa mort prochaine. Hélas, des raisons il n'y en aura aucune. Ce lieu est désormais un lieu de désolation et de souffrance .Cette transformation de la salle de classe est paradoxale, elle peut donc toucher le lecteur.

En outre, le pathétique de la scène repose en grande partie sur l'agonie de l'enfant. Camus met l'accent sur l'aspect enfantin et attendrissant du défunt « bouche enfantine » L19. Il souffre physiquement. D'ailleurs, les cris et les gémissements de l'enfant sont de plus en plus intenses. La douleur des personnes présentes autour de ce dernier se fait par conséquent de plus en plus ressentir.

Les cris emplissent peu à peu l'espace de l'action « mais l'enfant continuer de crier » L25, «marrée de sanglots déferla dans la salle »L 30. La souffrance de l'enfant semble être tellement insupportable et inhumaine «  si peu humaine » L41 que Camus bestialise l'innocent «  les mains devenues comme des griffes, labouraient » L27. Cette comparaison réduit l'enfant au rang d'animal.

D'autre part, la douleur physique est également dépeinte avec la répétition du verbe crier « l'enfant continuer de crier » L25, « un vrai cri » L36 le cri de l'enfant concorde avec la progression dramatique de la scène:en fin « le cri de l'enfant avait faibli » L37

Le réalisme de cette scène de mort accentue aussi le pathétique et l'illusion théâtrale. Effectivement, l'horreur de l'agonie nous est restitué dans les moindres détails. L'enfant mène un combat acharné pour échapper à la mort mais en vain

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