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La Loreley

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Par   •  23 Juin 2014  •  2 554 Mots (11 Pages)  •  866 Vues

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La Loreley (1902)

Guillaume Apollinaire (1880-1918)

Biographie

Présentation de l’auteur : Guillaume Apollinaire, auteur du début du XXe siècle, bouleverse la vision traditionnelle de la poésie.. Il préfigure, par l’originalité et la modernité de son œuvre poétique, les grands bouleversements littéraires et poétiques qui naîtront ensuite comme le Surréalisme par exemple. Par la diversité de son inspiration, Alcools, recueil composé à la manière d’une toile cubiste (juxtaposant des évocations et des sensations relevant de registres temporels et culturels différents), écrite en vers libres, sans aucune ponctuation, renouvelle en profondeur la poésie française.

Présentation du poème : Le poème, « La Loreley » daté de 1902, appartient à la section « Rhénanes » d’Alcools qui comporte des poèmes qu'Apollinaire écrivit pendant son séjour en Allemagne. Il fit alors la connaissance de la jeune Anglaise, Annie Playden, ce fut un amour malheureux. Dans ce poème, Apollinaire reprend une légende allemande, plus particulièrement rhénane : celle d’une femme dont les pouvoirs maléfiques entraînaient les bateliers vers la mort. Des poètes allemands ont chanté cette légende : Clemens Brentano et Heine. C’est un thème qui renvoie à celui des sirènes et des ondines.

Question : comment Apollinaire renouvelle-t-il un thème légendaire ?

Reprise de la question et annonce du plan : Nous verrons donc comment Apollinaire renouvelle la légende, tout d’abord en étudiant la manière dont il reprend des aspects traditionnels puis dont il fait de cette femme aux pouvoirs magiques, une victime de l’amour dans un poème aux caractéristiques novatrices.

I – le récit d’une légende

A. Un conte

Tout d’abord, le poème d’Apollinaire s’inscrit dans le genre du conte : la formule initiale « il y avait » renvoie à ce type de récits.

Le déroulement de l’histoire est d’une grande simplicité ; les deux premiers distiques mettent en scène les personnages et l’action : un évêque va juger une très belle jeune femme pour sorcellerie. S’ensuit le récit du procès puis celui de la mort de l’héroïne.

Les personnages, les lieux et les éléments magiques sont caractéristiques des contes : « une sorcière », « trois chevaliers » (on peut ajouter que le chiffre trois est récurrent dans les contes : Les Trois Souhaits de Charles Perrault, Boucle d’or et les trois ours, les trois essais de la reine pour faire mourir Blanche- Neige, etc…), un « beau château » v. 28 et le pouvoir surnaturel et maléfique de la jeune femme dont le regard « laissait mourir d’amour tous les hommes à la ronde ».

B. La réécriture de la légende …

Le poème « La Loreley » est fortement inspiré d’une légende inventée par le poète allemand Brentano en 1801, reprise par Heine en 1816, formes littéraires d’une légende sans doute plus ancienne : une magicienne, à un escarpement du Rhin, attire les bateliers par son chant et les fait se précipiter contre un rocher qui surplombe le Rhin.

Apollinaire reprend en grande partie les composantes du poème de Brentano :

- le lieu : « Bacharach », petite ville à proximité du rocher de la Loreley. Le nom aux consonances germaniques nous plonge dès le premier vers dans l’atmosphère germanique.

- le personnage : la magicienne du poème d’Apollinaire ressemble à celle de Brentano : comme elle, elle subit son pouvoir et souffre de l’abandon de son amant Comme elle, elle mourra en se jetant dans le fleuve

- le procès : il existe déjà dans le poème de Brentano, l’évêque. Dans les deux textes, il subit le pouvoir de la jeune femme et ne peut la condamner à mort :

Cependant, alors que la fin du poème de Brentano évoque le sort des chevaliers et la légende, Apollinaire achève son poème sur la Loreley se fondant dans le cosmos: « Ses yeux couleur de Rhin, ses cheveux de soleil ».

C. …. dont Apollinaire fait un texte musical

Ce conte, cette légende, Apollinaire va en faire un poème tout à fait caractéristique de son style.

Supprimant la ponctuation, utilisant des distiques à rimes suivies où alternent régulièrement les rimes féminines et masculines, il donne à ce poème un rythme régulier, une facilité apparente comparable à celle d’une chanson. Ainsi les nombreuses reprises fonctionnent comme des refrains :

- reprise de propositions : « Faites-moi donc mourir » « Mon cœur me fait si mal ».

- répétitions en fin de vers : « que je meure »

- répétitions en début de chaque hémistiche « Va-t-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants »

- répétition du même mot : « flammes » « Jetez »; « Loreley Loreley »

L’oralité du conte se retrouve dans le traitement particulier des rimes et des alexandrins : en effet les rimes sont souvent des rimes pour l’oreille et non pour l’œil. Ainsi Apollinaire fait-il rimer des singuliers avec des pluriels : « péri » « maudits » « pierreries » « sorcellerie » parfois, ce ne sont pas de véritables rimes mais des assonances : « quatre » « astres » « Loreley » « soleil ».

Quant à l’alexandrin, s’il est dominant dans le poème, il l’est parfois aux prix d’apocope : « À Bacharach il y avait un’ sorcièr’ blonde » « Devant son tribunal l’évêqu’ la fit citer » Parfois, illustrant le sens du poème, la longueur du mètre varie : ainsi « Mon cœur me fit si mal du jour où il s’en alla » comporte 13 syllabes, brisant la régularité du poème comme le cœur de la jeune femme est brisé. « La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres » comporte 16 syllabes et suggère le grandissement surnaturel du personnage, tandis que le retour à l’alexandrin régulier dans les cinq derniers distiques souligne une harmonie retrouvée..

Enfin,

...

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