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La Littérature Engagée

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Par   •  11 Novembre 2014  •  1 538 Mots (7 Pages)  •  914 Vues

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Littérature engagée, artiste engagé, intellectuel … Depuis la fin du dix-neuvième siècle, de nombreuses personnalités liées à la culture et aux arts participent activement à la vie de la cité en exprimant leurs choix politique et idéologique. Elles soutiennent solidairement des causes qui assurent la promotion des valeurs de liberté et de justice. Elles prennent parti contre toutes les formes d'oppression familiale, politique, religieuse, et plus généralement contre les forces anti-humanistes.

Leurs rôles de leader d'opinion et de citoyen, associés à leur mission culturelle, justifie le statut d' "intellectuel" qu'on leur attribue.

-1- L'affaire Dreyfus ou la figure de l'intellectuel

Contre l'injustice

C'est à partir de l'erreur judiciaire qui conduit le capitaine Alfred Dreyfus au bagne pour haute trahison que l'adjectif " intellectuel " va prendre une autre dimension. Ce mot devient à la fois un nom (" un/une intellectuelle ") et un concept : il désigne un écrivain ou un artiste qui donne son avis sur l'actualité, sur les enjeux politiques et idéologiques de son époque. A cette occasion, Emile Zola adresse une lettre ouverte au président de la république le 13 janvier 1898, sous le titre " J'accuse ! ". Il met ouvertement en cause les institutions et les autorités dans le procès de Dreyfus. Ce procès est en effet monté de toute pièce contre un innocent, condamné au bagne sur l'île du diable. Pour Zola, c'est l'antisémitisme des autorités qui est responsable de cette injustice : on a voulu faire croire que Dreyfus incarnait l'éternelle image du Traître Juif, sacrifiant la France aux intérêts allemands.

Rupture idéologique

Cette affaire dépasse de loin ses protagonistes. A travers ce procès, ce sont deux représentations de la société qui s'affrontent : les hommes de progrès contre l'esprit de conservation.

L'esprit de conservation repose plutôt sur les valeurs d'autorité et de tradition ainsi que sur une méfiance dans la nature de l'homme. Les conservateurs protègent les institutions militaires et religieuses, garantes de l'ordre social et politique. Ils défendent les valeurs de la droite politique : ils prônent le nationalisme, la revanche contre l'Allemagne, le respect des hiérarchies, la supériorité du christianisme catholique sur tout autre religion.

Les " hommes de progrès " se portent davantage sur les valeurs humanistes, l'esprit de tolérance, la foi dans la nature de l'homme. Un certain optimisme les caractérise. Leurs valeurs sont proches de celles de la gauche ; ils favorisent par exemple la création de la Ligue des Droits de l'Homme afin de contrer les attaques antisémites de l'extrémiste de droite Edouard Drumont. Les progressistes sont patriotes, mais ne sont pas nationalistes : certains envisagent à terme une union politique des patries européennes.

C'est avec eux que naît la figure de l'Intellectuel, qui s'implique dans les grands débats sociétaux : l'intellectuel manie la polémique et l'esprit critique contre l'ordre établi. Il utilise tous les moyens à sa disposition pour se faire entendre : tribune (articles, etc.), livres (pamphlets, manifestes, romans, poèmes, théâtre, etc. ), mais aussi photos, films, sculpture, peinture, architecture, pétitions, manifestations, etc.

- 2- Littérature et politique en France au XXe siècle : un humanisme moderne

Tout au long du vingtième siècle, les écrivains vont porter haut les débats et les combats politiques sur la place publique. On peut brièvement rappeler l'engagement littéraire de quelques-uns :

Le pacifisme est par exemple défendu par Romain Rolland avec sa série d'articles réunis sous le titre Au-Dessus De La Mêlée, qui lui vaut le prix Nobel de littérature en 1915 ; il fonde la revue " Europe " en 1920, rencontre Gandhi alors qu'il écrit une vie de Ramakrishna. Puis il se rapproche de la révolution communiste russe (Pour l'internationale de l'esprit). Son œuvre est une tentative de conciliation de plusieurs idéaux : le pacifisme, le socialisme, et le christianisme.

Le parti communiste attire de nombreux écrivains dans les années vingt. Louis Aragon, au départ proche des surréalistes, rejoint le parti et en devient le romancier et le poète " officiel ". D'autres comme André Gide, un moment séduits, s'en détourneront pour dénoncer l'échec de la révolution soviétique (Retour de l'URSS, d' André Gide).

La guerre civile en Espagne à partir de 1936 oppose les républicains espagnols aux nationalistes fascistes du général Franco. Elle conduit les intellectuels français à soutenir la cause des républicains : Georges Bernanos (Les Grands Cimetières sous la lune en 1938), André Malraux (L'Espoir, 1937), Ernest Hemingway ( Pour Qui Sonne le Glas, 1940) s'engagent dans les Brigades internationales pour défendre les valeurs de la démocratie. Jean-Paul Sartre s'inspire du témoignage des combattants espagnols pour écrire Le Mur. Pablo Picasso peint Guernica (1937) après le bombardement aérien du village de Guernica par l'aviation allemande, venue soutenir les fascistes espagnols. Les horreurs franquistes suscitent un profond dégoût.

L'occupation de la France par les Allemands entre 1940 et 1944 va amplifier une rupture déjà perceptible avant-guerre avec les écrivains d'extrême droite qui

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