La Fontaine - ses fables sont "une ample comédie à cent actes divers et dont la scène est l'univers".

Eléanor Blot                                    Dissertation                                   1S3

        Une fable est un récit court, plaisant, mais a visée argumentative. La Fontaine définit ses fables comme « une ample comédie à cent actes divers et dont la scène est l’univers  ». Nous allons nous demander dans quelle mesure l’apologue, les fables mais aussi les contes philosophiques et donc aussi leur portée peuvent-ils être définis ainsi. Nous étudierons dans un premier temps la théâtralité de l’apologue, puis nous verrons que l’apologue est varié et pose des questions universelles.

        Pour commencer, nous allons voir que l’apologue s’apparente à une pièce de théâtre. En effet, l’apologue, comme le théâtre, raconte une histoire. Les apologues font partie du genre narratif, car ce sont des récits. Les pièces de théâtres sont comme les apologues, des histoires, mais racontées de façon différente. Par exemple, on peut citer la fable La cour du lion de La Fontaine ; en effet, cette fable est avant tout une histoire avec des animaux même si elle possède une morale et qu’elle doit être interprétée par le lecteur. La cour du lion raconte l’histoire du roi, le lion, qui organise une cérémonie dans son palais et qui invite tout le royaume. Il va être amené à assassiner des animaux de sa cour, suite à leur comportement (le singe et l’ours) et l’histoire se finit par la ruse du renard qui réussit à sauver sa peau. Le fait que l’apologue et le théâtre soient tous les deux des récits montre le rapprochement de ces deux genres littéraires.

        Ensuite, nous allons étudier le fait que l’apologue soit divertissant et permet d’instruire de façon ludique et plaisante, comme le théâtre. L’apologue permet tout à fait de faire passer un message, une idée, mais il est plus agréable de lire une fable ou un conte qu’un essai. Le conte philosophique Candide de Voltaire raconte l’histoire divertissante de Candide, avec beaucoup de péripéties. On suit son évolution à travers tout le livre, car il passe d’un enfant naïf qui découvre le monde à un sage. Le conte se termine finalement par une morale célèbre : « Il faut cultiver son jardin ». Voltaire nous apprend à travers Candide que le bonheur s’entretient, qu’il faut travailler pour être heureux. Le fait que l’apologue soit ludique et plaisant est donc une autre caractéristique en commun avec le théâtre ; regarder une représentation théâtrale est aussi agréable. On peut donc dire que l’apologue est théâtral par son divertissement.

        Nous allons maintenant voir que l’apologue, comme le théâtre, est un moyen d’argumentation et de dénonciation mais aussi un moyen de faire passer ses idées en échappant à la censure. En effet, au XVIIème siècle, il arrivait à Louis XIV de censurer des œuvres qu’il considérait comme moqueries ou critiques envers lui et sa cour. L’apologue ainsi que le théâtre permettent de dénoncer, d’argumenter ou de critiquer plus implicitement que dans un essai ou une lettre ouverte. Dans la fable Les Animaux Malades de la Peste, La Fontaine critique le roi et sa cour à travers les personnages du lion et du renard. En effet, la peste a sévi sur le royaume et le lion invite chaque animal à avouer ses crimes pour sacrifier le moins innocent, afin d’arrêter la peste. Les animaux puissants sont excusés d’avoir mangé des animaux, et l’âne est exécuté pour avoir brouté un pré. La Fontaine veut dire par-là que les animaux puissants ont commis des plus graves péchés mais sacrifient un innocent car ils sont plus puissants, en faisant croire que son acte était affreux. Donc il critique la cour du roi, ainsi que le roi lui-même car ils sont injustes et hypocrites. Le théâtre permet aussi de dénoncer et de critiquer, c’est pourquoi on dit que l’apologue s’apparente au théâtre.

        De plus, nous allons voir que l’apologue est simple à comprendre pour le lecteur, comme le théâtre est simple à comprendre pour le spectateur. En effet, le fait d’écrire un récit plutôt que d’écrire simplement ses idées facilite énormément la compréhension du lecteur. Le fait de raconter une histoire avec une morale à la fin est plus agréable et plus simple. Dans le conte philosophique Zadig ou la Destinée de Voltaire, on suit les aventures de Zadig. À chaque fois qu’il connait une situation de bonheur, il retombe dans le malheur. Mais un mal peut tout de même créer un bien. Comme dans Candide, Voltaire critique l’optimisme, et décrit un monde plutôt injuste. Zadig, qui est un personnage « parfait » (beau, riche, intelligent) va subir une série de malheurs, mais le conte va pourtant se finir sur une fin heureuse pour lui. La représentation théâtrale est, comme l’apologue, un moyen de transmettre des idées de façon compréhensible. Le fait de jouer une pièce avec des acteurs, donc d’avoir des images visuelles, des gestes, des intonations, permet comme l’apologue d’argumenter simplement.

        On peut donc dire que l’apologue s’apparente au théâtre, car ces deux genres ont de nombreuses caractéristiques en commun : ils racontent une histoire par le biais du récit narratif, ils instruisent de façon plaisante, ils permettent de dénoncer, d’argumenter et ils sont simples à comprendre pour le spectateur ou le lecteur. Suite à l’étude de la théâtralité de l’apologue, nous allons maintenant voir que l’apologue est varié et pose des questions universelles.

        Pour commencer, nous allons étudier le fait que l’apologue est très varié, il y a de nombreux genres d’apologue. Les genres de l’apologue sont à la fois divertissants et centrés sur une réflexion. Il y a par exemple l’utopie qui présente un monde idéal afin de critiquer le monde réel ou encore la contre-utopie, qui présente une société organisée de telle façon que les hommes ne peuvent atteindre le bonheur, afin de mettre en garde le lecteur contre les conséquences néfastes possibles d’une idéologie. Il existe aussi l’exemplum, un récit bref visant à donner un modèle de comportement ou de morale. On peut aussi parler de la parabole, qui est une courte histoire qui utilise des évènements quotidiens afin de concrétiser un aspect de la doctrine. Il y a aussi des types d’apologue un peu plus divertissants, comme le conte, le conte philosophique et les fables. Par exemple, le conte philosophique de Voltaire intitulé Le monde comme il va mène une réflexion du même type que celles des autres formes d’apologue, mais exprimée de manière différente. Ici, Voltaire établit un jugement entre les points positifs et négatifs de l’humanité de Persépolis à travers Babouc, pour finalement faire comprendre que le bien absolu n’existe pas et qu’il faut s’en contenter. Dans la fable Le scorpion et la grenouille de La Fontaine, la réflexion est menée différemment mais la fable aboutit tout de même à une morale : certains comportements sont irrépressibles, quelles qu’en soient les conséquences. On peut donc dire que l’apologue est un genre de récit très divers et varié.

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