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Dissertation: « Une Comédie Aux Cents Actes Divers / Et Dont La Scène Est L'univers » La Fontaine

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Par   •  25 Mars 2014  •  2 341 Mots (10 Pages)  •  3 704 Vues

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Dissertation : « Une comédie aux cents actes divers / Et dont la scène est l'univers »

Si l'on connaît aujourd'hui La Fontaine, c'est avant tout en tant qu'auteur des Fables choisies et mises en vers. Ce serait pourtant négliger la diversité de son œuvre. En effet, La Fontaine semble bien l'auteur d'une œuvre polygraphique, oscillant entre une adaptation de L'Eunuque de Térence, des romans (Les amours de Psyché et Cupidon, Adonis) ou encore les multiples contes qu'il a publié tout au long de sa vie. Ainsi sa première production (L'Eunuque) se serait tournée vers le théâtre. Dès lors, les quelques vers méta-théâtraux de la fable Le Mercure et le Bucheron s'éclairent d'un jour nouveau, le fabuliste définissant la fable comme « Une comédie aux cent actes divers / Et dont la scène est l'univers ». C'est noter d'emblée par une métaphore l'importance dans les Fables de la composante théâtrale, car il ne faut pas oublier qu'au XVIIème siècle « comédie » a le sens plus large de théâtre.

Le théâtre tel que l'implique ces vers pose avant tout le problème de la représentation dans et par l'art de la fable, en lui conférant également une puissance de dévoilement. Les vers dénotent de plus d'une tension entre l'affirmation d'un principe unifiant (« une comédie ») et l'éclatement qu'elle suggère dans le même moment (« cent actes divers »), tension réunie dans le mot « univers ». Il s'agit alors de voir comment les Fables obéissent à une poétique de la représentation du monde. Pour ce faire, après avoir examiné comment les Fables de La Fontaine s'apparentent à une poétique théâtrale, essentiellement poétique de la représentation, on en viendra à ce qui est en jeu derrière cette esthétisation, à savoir une comédie humaine, un véritable theatrum mundi rendu dans toute sa pluralité. Enfin, il faudra se demander comment cette aporie se trouve dépassée par une œuvre ayant pour exigence l'universalité, universalité qui est celle fondamentalement de la parole poétique.

I. Les Fables, une poétique théâtrale. Une poétique de la représentation, de la construction et de l'illusion du vrai.

1. Une structure dramatique.

a) Une nécessaire concision : donner à voir. Ce qui caractérise la fable, tout comme le théâtre, c'est sa concision et la rapidité qu'elle arrive à avoir et à faire voir. Le décor et l'intrigue sont ainsi campés en quelque vers, voire en quelques mots, avec une grande force de suggestion.

b) Une progression dramatique. Une telle concision va dans le sens de la progression dramatique. Il faut avancer à petits pas, à coup de petits « actes », et ce rapidement. La tripartition chère à Aristote (exposition, noeud et dénouement) se trouve ainsi être le socle de beaucoup de fables du recueil.

c) Assurée par la parole dialogique. Enfin, cette structure dramatique ne saurait se dérouler seule. Dans le cas des Fables, elle se fait par l'importance d'une parole dialogique et performative, parole omniprésente qui noue la fable et se constitue en véritable action. Action car elle rapporte souvent ce qui ne peut se passer sur scène, action aussi dans la mesure où le dialogue se constitue comme combat.

2. Placere et docere. Les différents traits évoqués ci-dessus, tenant le spectateur en haleine, répondent en fait à l'exigence d'Horace à laquelle La Fontaine semble répondre.

a) L'importance du rire et du plaisir. Pour pouvoir se réclamer du précepte horacien, il faut « placere ». Il existe une nécessité du plaire, tournée vers le lectorat. Il est donc possible de dépasser la première acception de la « comédie » pour y voir le genre même qui en est né, tel qu'il est actualisé dans les Fables par une esthétique de la gaieté, avec tout ce qu'elle implique en terme de « diversité », de théâtralité du style même : l'hétérométrie, l'usage du burlesque ou de l'héroï-comique, les retournements de situations à visée comique...

b) Une purgation des passions? Il faut néanmoins « placere » pour « docere », c'est-à-dire qu'il y a toujours une visée didactique et morale dans la fable. Cela provient de la bipartition traditionnelle de la fable, scindée en « un corps » et « une âme ». Le rire peut parfois être très amer, voir inexistant, et même se changer en son contraire. Et ce pour purger le lecteur de ces mêmes passions : La Fontaine œuvre en bon moraliste.

3. Le tout lié par le principe de la vraisemblance. La morale a cependant aussi à voir avec la vraisemblance. Ainsi ce qui unifie véritablement les deux points évoqués précédemment pourrait bien être le principe de la vraisemblance, compris comme un principe de feinte, là encore rejoignant et sublimant la théâtralité qui est l'objet de cette partie. Par une construction solide et une spontanéité de la parole, le fabuliste cherche à dévoiler au lecteur la nature que la fable est capable de capturer à l'aide du langage.

a) La recherche du naturel : Une fois le pacte de lecture bien particulier accepté par le lecteur, se joue devant lui une fiction qui engage des personnages dans une action, c'est-à-dire une construction mimétique qui suppose un système cohérent de faits fictifs, une cohérence dans les caractères dépeints, une langue faussement simple, donc une certaine unité au sein de la fable et même souvent entre certaines fables.

b) Le prisme unifiant de la raison, de l'art au XVIIe siècle. Dès lors, c'est une nature médiatisée qui apparaît au lecteur, une nature passée au crible de la raison. Les passions les plus irrationnelles savent s'exprimer sans la moindre ambiguïté, dans un langage clair et sans équivoque.

Il se dégage alors des Fables une évidente poétique dramatique, que ce soit par la structure dramatique forte émanant des textes destinée à faire effet sur le spectateur, eux-mêmes dépendants du principe de la vraisemblance, essentiel au théâtre du XVIIème siècle. On voit bien alors l'unité que procure aux textes une telle construction. On avait esquissé en dernier point qu'il existait une nature que le fabuliste s'efforçait de filtrer (et ce notamment par la composante théâtrale), une vraisemblance toute particulière : cette nature semblerait bien être la nature humaine. Derrière le décor théâtral se dévoile peut-être autre chose, à savoir une réalité appréhendée dans toute

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