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La Fable Et La vérité

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Par   •  6 Décembre 2012  •  2 484 Mots (10 Pages)  •  2 410 Vues

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La Vérité toute nue

Sortit un jour de son puits ;

Ses attraits par le temps étaient un peu détruits,

Jeune et vieux fuyaient sa vue :

La pauvre Vérité restait là morfondue,

Sans trouver un asile où pouvoir habiter.

À ses yeux vient se présenter

La Fable richement vêtue,

Portant plumes et diamants,

La plupart faux, mais très brillants.

Eh ! Vous voilà ! bonjour, dit-elle :

Que faites-vous ici seule sur un chemin ?

La Vérité répond : vous le voyez, je gèle :

Aux passants je demande en vain

De me donner une retraite,

Je leur fais peur à tous. Hélas ! je le vois bien,

Vieille femme n’obtient plus rien.

Vous êtes pourtant ma cadette,

Dit la Fable, et, sans vanité,

Partout je suis fort bien reçue ;

Mais aussi, dame Vérité,

Pourquoi vous montrer toute nue ?

Cela n’est pas adroit. Tenez, arrangeons-nous ;

Qu’un même intérêt nous rassemble :

Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.

Chez le sage, à cause de vous,

Je ne serai point rebutée ;

À cause de moi, chez les fous

Vous ne serez point maltraitée.

Servant par ce moyen chacun selon son goût,

Grâce à votre raison et grâce à ma folie,

Vous verrez, ma sœur, que partout

Nous passerons de compagnie.

« Pour vivre heureux, vivons caché »

Ecrivain français du XVIII°siècle et petit neveu de Voltaire, Jean-Pierre Claris de Florian fut notamment connu et reconnu pour ses talents de fabulistes. Né en 1755 dans les Basses Cévennes au sein d’une famille de tradition militaire, il choisira cependant une carrière dans la littérature, soutenu et protégé par son oncle, le duc de Penthièvre. Il entrera à l’académie française en 1788 mais quelques années plus tard, en 1794, il mourra suite à la captivité qu’il dut subir lors de la Révolution.

En 1792, Jean-Pierre Claris de Florian publie la fable et la vérité, premier apologue satirique de son recueil : Fables. Par ce texte l’auteur met en scène deux femmes, la fable richement vêtue et la vérité vieille et nue, personnification de la vérité et du mensonge.

Aussi pouvons-nous nous demander comment l’auteur s’y prend-il pour transmettre sa morale.

Nous verrons tout d’abord la double personnification présente dans ce texte, avant de porter notre attention sur la dimension polémique de cette fable.

I. La double personnification

1.1 L’hideuse vérité...

Une personnification péjorative

On remarque qu’une première partie de la fable (du vers 1 à 6) est dédiée à la présentation péjorative de la vérité.

- La vérité est mise en scène dès le premier vers par « La vérité toute nue ». Il s’agit là d’une personnification qui se prolongera tout au long de la fable. De plus, le fait qu’elle soit nue donne l’idée de pauvreté. Celle-ci se remarque aussi par « ses attraits par le temps étaient un peu détruits » ce qui indique qu’en plus d’être nue et sans logis, la femme est vieille et laide. « Vielle femme n’obtient plus rien » conforte cette proposition. Elle a cependant été belle comme nous l’indique l’utilisation de l’expression « par le temps ». De plus, « pauvre » dans « la pauvre vérité » insiste sur la pauvreté de la vieille femme. « Sortit un jour de son puits. » Le puit étant un trou, il fait référence à l’abîme dans lequel la vérité due rester cloîtrer. Nouvelle idée de pauvreté accentuée par un sentiment de rejet. Celui-ci se remarque aussi par « jeunes et vieux fuyaient à sa vue ». Par ce 4ème vers, toute la société est représentée, et toute celle-ci fuie devant la vérité. Le rejet se ressent également dans « La pauvre vérité restait là morfondue, sans trouver un asile où pouvoir habiter » et « Aux passants je demande en vain de me donner une retraite, je leur fais peur à tous : hélas ! Je le vois bien, vieille femme n’obtient plus rien. ». Par ces deux citations nous pouvons noter le rejet et la tristesse ressentie par la vérité. Celle-ci demande un gîte mais fait fuir tous ceux à qui elle le sollicite. De plus, le narrateur externe et omniscient de ce texte trahit sa position avec l’adjectif « pauvre » : il est compatissent ce qui accentue un peu plus la pitié ressentie par le lecteur. L’exclusion de la vieille femme par la société se note par la présence de termes caractérisant des lieux, mis en relation par d’autres représentant la solitude, la pauvreté ou la tristesse comme « toute nue » (mit pour la pauvreté) et « puits » (caractérisant son habitation précaire), « là » (adverbe qui indique qu’elle traîne), « morfondue » (tristesse) et « asile » (foyer décent), « chemin » (se rapproche avec « là ») et « seule » (solitude).

- On remarque quelques allitérations dissonantes dans la description de la vérité comme par exemple en « -té » où le son produit n’est pas mélodieux. Ce qui met un peu plus le lecteur

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