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La Boétie – commentaire composé

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Par   •  17 Mars 2013  •  1 712 Mots (7 Pages)  •  5 189 Vues

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La Boétie – commentaire composé

Etienne de La Boétie, né en 1530, est l’un des grands écrivains du début du mouvement humaniste du XVIe siècle. C’est aussi un philosophe, poète et ami de Montaigne. La Boétie est rendu célèbre grâce à son Discours de la servitude volontaire qu’il a écrit en 1548 alors qu’il n’avait que 18 ans. Issu d’un milieu aisé et cultivé, il est attiré par l’étude des civilisations grecque et romaine, auxquelles d’ailleurs il fait très souvent référence dans son ouvrage. A 23 ans, il intègre le parlement de Bordeaux et participera par la suite, en tant que médiateur, aux négociations entreprises entre catholiques et protestants durant les guerres de religion. Il meurt en 1563, à l’âge de 33 ans. Le Discours de la servitude volontaire sera publié en 1574 sous le titre Contr’un par les protestants contre l’absolutisme de la monarchie catholique.

L’extrait que nous étudierons est un réquisitoire contre la tyrannie. La Boétie présente la thèse selon laquelle le peuple soumis reste esclave de son plein gré, d’où l’oxymore du titre rapprochant les termes « servitude » et « volontaire ». La Boétie remet en question la légitimité de l'autorité sur la population. Il vise à la prise de conscience du lecteur, pour l'inciter à agir. Le discours se concentre surtout sur l’attitude des soumis qui fait perdurer la tyrannie. Pour le pousser à refuser la soumission, il a recours au style du pamphlet et au registre polémique tout au long de l'extrait.

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la construction du discours polémique en lui-même et aux techniques de persuasion auxquelles La Boétie a recours. Ensuite, nous nous concentrerons sur l’analyse de la double perversion du texte : c’est-à-dire, la mise en cause de comportement du peuple ainsi que celle du tyran.

Dans cet extrait, La Boétie s’adresse directement au destinataire, c’est-à-dire au peuple soumis. Il l’individualise, l’interpelle avec de nombreux « vous » ainsi qu’avec les possessifs associés « vos », « votre » tout au long tu texte : « Celui qui vous maîtrise tant » ; «sinon qu’il a plus que vous tous c’est l’avantage que vous lui faites, pour vous détruire. », etc. Cet appel et cette répétition donnent plus de force à son discours. C’est une technique oratoire fort utile pour toucher le public ciblé. Il incite le peuple à réagir, se révolter et récupérer sa liberté.

Par ailleurs, de la ligne 5 à 14, il va poser toute une série de questions rhétoriques à la suite : « D’où il a pris tant d’yeux, dont vous épie-t-il, si vous ne les lui donnez ? » ou encore « Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous que par vous autres même ? ». La technique consiste à poser des questions sans attendre la réponse, celle-ci étant évidente, ou même contenue dans la question. Par ce procédé, La Boétie souhaite faire comprendre aux soumis qu’ils sont en quelque sorte, complices du tyran et il n'hésite pas à les culpabiliser dans le but de les faire réagir. On peut particulièrement souligner la question « comment oserait-il conrir sus, s’il n’avait intelligence avec vous ? ». Il faut comprendre ici « intelligence » comme connivence. Le tyran n’a du pouvoir que parce que le soumis le lui accorde. C’est un passage exclamatif qui traduit l’indignation de l’auteur face à la lâcheté du peuple. Il qualifie les soumis de « receleurs » (ligne 12) mettant encore plus en évidence la complicité qui le lie au tyran. On remarque aussi, au début de l’extrait, une énumération imagée : les soumis fournissent les ‘armes’ à leur persécuteur. Ils lui donnent successivement des « yeux » pour épier, des « mains » pour frapper, des « pieds » pour écraser, etc. Ces trois éléments d’un corps illustre la force du tyran, le personnalise. La Boétie souligne encore une fois que le tyran n’est rien sans ‘l’avantage’ que les soumis lui donnent.

De plus, La Boétie a recours à de nombreux paradoxes. Il utilise des images frappantes pour choquer son interlocuteur et pour donc encore plus l’inciter à se révolter. Il énumère des aspects concrets de la complicité du peuple à se dépouiller volontairement de ses biens, par exemple ligne 15 : « Vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir à ses voleries ». Il utilise le présent de vérité générale faisant des parallèles entre ce que fait le soumis et ce que cela procure au despote. Tout le texte est composé d’antithèses et d’oppositions : « Vous rompez à la peine vos personnes, afin qu’il puisse mignarder en ses délices » (ligne 20). Le soumis se tue à la tâche pour que le tyran satisfasse ses fantaisies. Le soumis se fait tort à lui-mêle, victime de sa propre lâcheté : « pour vous détruire » (ligne 5) ; « vous vous affaiblissez » (ligne 22). La Boétie ne supporte pas qu’un humain puisse se laisser ainsi dégrader : « tant d’indignités, que même les bêtes ne ou ne le sentiraient

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