LA QUESTION DU THÉÂTRE

THÈME : LA QUESTION DU THÉÂTRE

En choisissant de représenter un dramaturge comme protagoniste de sa pièce, Michel Tremblay se retrouve à tenir un discours sur la fonction de ce dernier. Cette illustration n’est pas sans enjeux. Voyons lesquels.

Commençons par analyser le dramaturge en Claude et à le comparer avec celui de son auteur afin de répondre ultimement à notre question de départ.

En premier lieu, remarquons que Claude est un protagoniste confronté à diverses angoisses concernant son avenir. Sachant que Michel Trembley rédigea cette œuvre à un jeune âge (23ans), on en vient à se demander si cette œuvre ne serait pas à caractère autobiographique.

Bien que Tremblay n’est jamais rédigé une autobiographie en soi qui en rempli les critères, il écrit en s’inspirant de son entourage en s’excluant du tout, trait qui ressors grandement chez Claude. Madeleine I décrit ce geste comme étant de la ‘’lâcheté’’ tandis que le protagoniste fait plutôt référence au fait qu’il ne soit pas ‘’assez intéressant’’.  Quel message l’auteur essai-t-il de transmettre?

Nombreux sont ceux qui ont tenté d’analyser le caractère autobiographique de cette pièce.

Effectivement, tout le travail qu’il a fait sur lui-même autant sur le plan de son art que sur le plan personnel (on peut qualifier ce travail d’introspectif), il le transfert au personnage de Claude. Le personnel et l’artistique font la paire dans la pièce pour que celle-ci soit le plus vraisemblable possible.

Par la suite, en voulant faire plaisir à sa mère comme il dit, et je cite : << J’espérais qu’a’ te fasse du bien…>> (p.27),  notre protagoniste choisi détaler sa propre perception des événements afin de passer pour un sauveur. Cependant, c’est tout l’inverse.  << C’est tes problèmes à toi avec lui que t’as réglés dans c’te pièce-là, pas les miens!>> (p.38) lui répond Madeleine I. Mais pourquoi  a-t-on aussi mal réagit à sa pièce? Pourquoi est-il passé de sauveur à destructeur?  En fait, c’est à cause des différentes perceptions des choses de tous et chacun. Amalgame d’impressions et de perceptions, Le vrai monde? Interroge le concept de  l’identité à travers le regard de l’autre.

 Effectivement, d’une personne à une autre, la perception change. Claude à observé une parti de réalité et s’est inventé le reste dans sa tête en se basant sur ce qu’il aurait souhaité qu’il se passe. Or, en faisant cela, l’image de sa mère est bafouée et elle se voit accomplir des choses qui ne la représentent pas. Elle remet ses agissements en question et tout ce qu’elle avait passé une vie à enfouir et à cacher ressurgit brusquement. Pour toutes ces raisons, elle en veut profondément à son fils.

Dans les faits, le processus de création décrit par Claude correspond également à celui de Tremblay. Comme son auteur, notre protagoniste à une facilité depuis toujours à se glisser dans la peau des autres afin de vivre leur histoire.  

« [... ] c'est vrai que je corrigeais, après, ce qui s'était passé ... [...] en interprétant, en changeant des fois ce qui s'était passé était pas assez révélateur... C'est encore ça que je fais... J'essaye... j'essaye de trouver un sens à ce qui se passe à l'intérieur des autres ... » (p.46)

Ce qui est sûr, c’est que ce dernier en tant que dramaturge est passé à travers un processus d’auto analyse profond qu’il transféra  à son protagoniste.

Comme l’explique Jean-Pierre Ryngaert, spécialiste des écritures dramatiques contemporaines, [... ] il est difficile de ne pas chercher le Claude absent du côté de Tremblay lui-même. Trop de curieuses coïncidences y invitent. (Ryngaert, 1993, p. 205)

Comme nous venons de le voir, Claude clame jouer un rôle de transfert pour notamment le personnage de Madeleine I, il est inévitable d’y voir le double jeu de Tremblay . En effet, ce dernier, écrit une pièce basée sur la réalité familiale. Lorsqu’il prit un peu de recul sur le sujet et qu’il compara son œuvre avec sa propre vie personnelle, Michel Tremblay admet le tout : << Je me suis aussi inspiré du destin tragique de ma propre famille. Mais contrairement à Claude, j'ai davantage transposé les faits.» (Tremblay, 2001, p. 118)

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