L'équipage, J.Kessel
Commentaire de texte : L'équipage, J.Kessel. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Luna1434 • 21 Janvier 2018 • Commentaire de texte • 1 003 Mots (5 Pages) • 2 167 Vues
Commentaire littéraire
Incipit de "L'équipage" J.Kessel
Problématique : En quoi sommes- nous face au début d'un roman d'apprentissage?
Plan : I. Un incipit traditionnel
a) Un cadre autobiographique mais avant tout Historique
b) Un incipit à valeur annonciatrice
II. Un héros caractéristique du roman d'apprentissage
a) Une rupture avec l'enfance
b) Le portrait d'un héros ambitieux mais inexpérimenté
Joseph Kessel est un journaliste et romancier français né en Argentine en 1898 et mort en France en 1979. Licencié des lettres en 1915, il intègre le " journal des débats" puis s'engage dans l'aviation et l'artillerie. En 1919, il devient reporter et parcours le monde tout en publiant des romans tels que "Les Captifs" en 1926, ou encore "L'armée des ombres" en 1943. Il recevra de nombreux pris tels que celui de grand officier de la Légion d'honneur ou encore commandeur des arts et des lettres. Il publie également, en 1923 un roman a tendance autobiographique "L'Equipage" -dont nous allons en étudier l'incipit- représentatif de la Grande guerre. Il raconte l'histoire de Jean Herbillon, très vite désenchanté par son arrivée au front, plus précisément dans l'aviation, et également en conflit avec son ami et coéquipier pour la femme qu'ils aiment. Nous allons étudier son incipit et voir en quoi sommes-nous face au début d'un roman d'apprentissage. Nous allons tout d'abord évoquer les éléments de cet incipit traditionnel, puis nous verrons que Jean Herbillon est un héros caractéristique du roman d'apprentissage.
I. Un incipit traditionnel
a) Un incipit à valeur annonciatrice
- In medias res "la cantine toute neuve" par deux articles définis = créée une entrée visuelle, cinégraphique
- Récit + discours, deux brefs paragraphes = aspect réaliste
- dominante de phrase simple = public large
- Intentionnalité de phrases complexe + ajout de caractérisation du sujet = coupure d’une habitude qui vient de la base autobiographique mais renvoi à la complexité sentiments des personnages
- Présence de participes passés "désarmé" = action figée dans le temps qui marque une absence d'avenir
- "exprimés, arraché, nouée" = potentiel quasi irréel qui annonce la suite de l'histoire, annonce la tonalité tragique
b) Un cadre dramatique et historique
- "des réverbères maquillés" = illusion a la guerre (pour ne pas être repéré) = connotation péjorative ⇒ maquiller/cache la vie au front, dureté des combats, opinion de l'auteur sur un constat
- Le temps est ramené au père " tordait sa chaine de montre " = exposition des sentiments + situation inéluctable= impuissance donc idée tragique
- "s'était noué" = verbe réfléchi ⇒ action passive : il subit une action désagréable contre sa volonté
- ne voulut pas qu'on le "vît" = subjonctif ⇒ non certitude ( n'en a pas envie) MAIS "on " d'exclusion = propos interne , renonce a une exposition de sa souffrance et de ses doutes .
- Adjectifs " roulaient et dépeuplaient " = montre le raisonnement de la guerre ⇒ personnage acteur de ses choix et de ses déplacements mais pas de la mort
- Son frère George appelle la voiture = rôle symbolique ⇒ l'emmène vers la mort
II. Un héros caractéristique du roman d'apprentissage
a) Une rupture avec l'enfance
Le départ de Jean Herbillon du foyer montre une réelle coupure avec sa famille mais surtout marque la vie d'adulte qui va s'en suivre :
- "Il faut descendre" = verbe impersonnel : devoir, impuissance du père ⇒ subit
- "ils ne dirent plus rien" = passé simple (action délimitée dans le temps) : fin d'une période, l'enfance
- "rendaient" = imparfait (action non délimitée) : vie continue
- "avenue" = participe passé transformé en nom : renvoi a un milieu social ici tranquillité bourgeoise
- "Cet adieu prit fin " = passé simple : notion humaine rompue
- Imparfait "comptait, était avait" = coupure avec ses parents, quelque chose de nouveau
- "retentit" passé simple = aspect bref, façon d'accélérer le rythme : impatiente du p.p.
- MAIS adjectif binaire "discordante et triomphale" + allitération en r = accentue la longueur et la déchirure de la séparation
- "Il y eût quelques baisers " = indéfinition : p.p. ne conscientise pas la souffrance
b) Le portrait d'un héros ambitieux mais inexpérimenté
Ambitieux :
- Titre "équipage" vient d'équus = cheval= idéal chevaleresque⇒ le héros projette son avenir tel un idéal
- Frère joue le rôle du page, vocabulaire mélioratif " admirait", "rivait" et Jean narcissique " savourait cette adulation" peut être une critique de l'auteur : montre qu'il va vite être désenchanté !
- L’emploi de subjonctif imparfait " qu'il prît " = idée de théorie, non délimitée dans le temps = projection du personnage dans un monde de chevalerie, idéaliste
Inexpérimenté :
- " la guerre était magnifique telle qu'on la voit peinte dans les gravures " = comparaison : compare la guerre avec quelque chose de non concret, figé + hyperbole / ironie = avis de l'auteur qui sait ce qu'est la guerre.
- Champ lexical de la gêne " voile gênant, subir, arraché" = l'auteur porte un masque et ne voit pas la réalité de la guerre
- Deux champs lexicaux opposés :
-nuit/ noirceur avec " bleuâtre " (suffixe âtre = péjoratif), "maquillés","ombre", "nuit”,"filtrait"
- lumière, héroïsme avec " rivait"," étoiles","ailées","brillant fauve”, “triomphale"
Mais ces deux champs lexicaux sont complémentaires : il faut être dans la noirceur pour voir la lumière ⇒ héros doit passer par la guerre : souffrance, voir mort pour en tirer la gloire
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