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L'écriture ou la vie, Jorge Semprun

Commentaire de texte : L'écriture ou la vie, Jorge Semprun. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  1 437 Mots (6 Pages)  •  589 Vues

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        Jorge Semprun est un écrivain espagnol qui a subi la déportation, parce qu’il était résistant, dans le camp de concentration de Buchenwald, de 1943 à 1945, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été affecté dans l'organisation communiste clandestine du camp, dans laquelle il aura l’occasion de fréquenter le sociologue Maurice Halbwachs, son ancien professeur à la Sorbonne, jusqu’à ce qu’il meure dû à une maladie nommé la dysenterie. Il faudra des années à Semprun pour pouvoir mettre des mots sur ce qu’il a vécu, pour en témoigner. Dans son récit intitulé L’écriture ou la vie publié en 1994, l’auteur retrace l’expérience concentrationnaire qu’il décrit comme étant un voyage au pays de la mort où chaque déporté survivant a été traversé par la mort. Dans cet extrait, l’auteur évoque les derniers moments de son ancien professeur de sociologie Maurice Halbwachs. Comment l’auteur parvient-il à rendre sa dignité au mourant ? Autrement dit, par quels moyens l’auteur montre-t-il le courage, l’honneur et la décence de son ami agonisant devant lui ? Il s’agira dans un premier temps, de montrer la présence de déshumanisation chez le professeur mourant qui tentera de lutter contre, puis dans un second temps d’exposer la manière dont l’auteur redonne la dignité humaine au défunt lors de ces derniers instant.

Pour commencer, le professeur est atteint par la maladie nommé la dysenterie qui est provoquée par de mauvaises conditions d’hygiènes et sanitaires favorisant ainsi la propagation de la maladie, et il est évident que dans un camp de concentration, l’hygiène y est abominable. C’est donc à cause de cela que celui-ci perd peu à peu son humanité. Le professeur est couché, promis à la mort, dans un état d'affaiblissement extrême. Semprun montre ainsi le processus fatidique que provoque la dysenterie en insistant sur les symptômes que celle-ci provoque. En effet, on remarque que le mourant est dans un état de faiblesse total. L’auteur dévoile le fort épuisement de sa part puisqu’il manque de force et qu’il est très affaibli « pas eu la force » (Ligne 1). De plus il ne parvient plus à communiquer par la parole, il ne contrôle donc plus ses fonctions corporelles. C’est pourquoi il tente désespérément d’autres solutions qui sont presque indiscernables « une pression légère : message presque imperceptible » (Ligne 2). Le professeur a donc atteint la limite de ces résistances humaines « se vidait lentement de sa substance » (Ligne 5), c’est pourquoi Semprun sait qu’il est trop tard, que son ami est déjà mort, et que cette maladie a eu raison de lui.

        Par ailleurs, à travers le texte, l’auteur dévoile un courage de la part du mourant. En effet celui-ci rassemble le peu de force qu’il lui reste pour les lui accorder. En effet il tente de communiquer, et malgré le fait que ses messages sont pratiquement imperceptibles, il a usé de ses dernières forces pour les réaliser. Il a également réussi à ouvrir les yeux, lorsqu’il a entendu le son de la voix de l’auteur « il a soudain ouvert les yeux » (Ligne 8). Il arrive même à sourire, lorsqu’il entend l’auteur résister en son honneur un poème de Baudelaire « Il sourit » (Ligne 28). De plus, l’auteur montre aussi les émotions que ressent le mourant, on remarque qu’il éprouve du mépris envers lui-même « La détresse immonde, la honte » (Ligne 8). Cependant malgré tout, le mourant reste très brave. En effet dans son regard brille « une flamme de dignité, d’humanité vaincue mais inentamée » (Ligne 9-10), ce qui veut dire qu’il accepte le sort qui lui est réservé, à savoir la mort mais qu’il ne délaissera pas pour autant le peu d’humanité qui lui reste.

        Semprun montre que son ami, qui est considérablement déshumanisé par la maladie et par le camp en lui-même, lutte pour garder le peu d’humanité qui lui reste. C’est pourquoi l’auteur va l’aider à lui rendre sa dignité afin qu’il puisse mourir en paix.

        Pour finir, une relation forte avait dû se créer entre les deux personnages puisque l’auteur reste avec le défunt tout au long de son agonie, il devait donc avoir une grande estime pour ce professeur. Il tente de lui redonner de la force en restant à ses côtés tout en sachant qu’il na pas le droit. En effet dans un camp de concentration la communication entre les déportés est interdite. Tout d’abord il lui prend la main « J’avais pris la main de Halbwachs » (Ligne 1), il met donc en place un contact physique avec son professeur, dans le but de l’accompagner dans son voyage vers la mort. Ensuite, il tente de lui parler, malgré le fait que son ami ne puisse ni lui répondre ni le regarder dû à son fort épuisement, dans le but que la dernière voix qu’il entende soit une voix amie « le son d’une voix amie » (Ligne 7-8). Pour l’auteur, agir comme cela, est une manière de ne pas laisser son ancien professeur mourir seul, en effet il lui donne du soutien et de l’importance, par conséquent de la dignité en restant à ses côtés et en lui parlant alors que ses dernières minutes approchent. De plus, la mise en forme de ce texte semble démontrer la mort proche et certaine d’Halbwachs, en effet, au fur et à mesure que le témoignage avance, les phrases deviennent de plus en plus courtes et de plus en plus espacées, grâce à la présence de points de suspension « Levons l’ancre… » (Ligne 19). On peut même théoriser sur le fait que nous assistons au deniers battements de cœur du malade.

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