L'école Des Femmes
Dissertation : L'école Des Femmes. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 7 Décembre 2013 • 959 Mots (4 Pages) • 2 033 Vues
ARNOLPHE
Mon visage, friponne,
Dans cette occasion rend vos sens effrayés,
Et c'est à contre-coeur qu'ici vous me voyez;
Je trouble en ses projets l'amour qui vous possède.
(Agnès regarde si elle ne verra point Horace.)
N'appelez point des yeux le galant à votre aide:
Il est trop éloigné pour vous donner secours.
Ah! ah! si jeune encor, vous jouez de ces tours!
Votre simplicité, qui semble sans pareille,
Demande si l'on fait les enfants par l'oreille;
Et vous savez donner des rendez-vous la nuit,
Et pour suivre un galant vous évader sans bruit!
Tudieu! comme avec lui votre langue cajole!
Il faut qu'on vous ait mise à quelque bonne école!
Qui diantre tout d'un coup vous en a tant appris?
Vous ne craignez donc plus de trouver des esprits?
Et ce galant, la nuit, vous a donc enhardie?
Ah! coquine, en venir à cette perfidie!
Malgré tous mes bienfaits former un tel dessein!
Petit serpent que j'ai réchauffé dans mon sein
Et qui, dès qu'il le sent, par une humeur ingrate,
Cherche à faire du mal à celui qui le flatte.
AGNES
Pourquoi me criez-vous?
ARNOLPHE
J'ai grand tort en effet!
AGNES
Je n'entends point de mal dans tout ce que j'ai fait.
ARNOLPHE
Suivre un galant n'est pas une action infâme?
AGNES
C'est un homme qui dit qu'il me veut pour sa femme:
J'ai suivi vos leçons et vous m'avez prêché
Qu'il se faut marier pour ôter le péché!
ARNOLPHE
Oui. Mais pour femme, moi, je prétendais vous prendre:
Et je vous l'avais fait, me semble, assez entendre.
AGNES
Oui. Mais, à vous parler franchement entre nous,
Il est plus pour cela selon mon goût que vous.
Chez vous le mariage est fâcheux et pénible,
Et vos discours en font une image terrible;
Mais, las! il le fait, lui, si rempli de plaisirs,
Que de se marier il donne des désirs.
ARNOLPHE
Ah! c'est que vous l'aimez, traîtresse!
AGNES
Oui je l'aime.
ARNOLPHE
Et vous avez le front de le dire à moi-même!
AGNES
Et pourquoi, s'il est vrai, ne le dirais-je pas?
ARNOLPHE
Le deviez-vous aimer, impertinente?
AGNES
Hélas!
Est-ce que j'en puis mais? Lui seul en est la cause,
Et je n'y songeais pas lorsque se fit la chose.
ARNOLPHE
Mais il fallait chasser cet amoureux désir.
AGNES
Le moyen de chasser ce qui fait du plaisir?
ARNOLPHE
Et ne savez-vous pas que c'était me déplaire?
AGNES
Moi? point du tout. Quel mal cela vous peut-il faire?
ARNOLPHE
Il est vrai, j'ai sujet d'en être réjoui!
Vous ne m'aimez donc pas, à ce compte?
AGNES
Vous?
ARNOLPHE
Oui.
AGNES
Hélas! non.
ARNOLPHE
Comment, non!
AGNES
Voulez-vous que je mente?
ARNOLPHE
1533 Pourquoi ne m'aimer pas, madame l'impudente?
AGNES
Mon Dieu! ce n'est pas moi que vous devez blâmer:
Que ne vous êtes-vous, comme lui, fait aimer?
Je ne vous en ai pas empêché, que je pense.
ARNOLPHE
Je m'y suis efforcé de toute ma puissance;
Mais les soins que j'ai pris, je les ai perdus tous.
AGNES
Vraiment, il en sait donc là-dessus plus que vous;
Car à se faire aimer il n'a point eu de peine.
ARNOLPHE, à part.
Voyez comme raisonne et répond la vilaine!
Peste! une précieuse en dirait-elle plus?
Ah! je l'ai mal connue; ou, ma foi,
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