L'utopie et la contre-utopie

                                          DISSERTATION        

        Le mot « utopie » est un terme,un genre littéraire crée et développé par Thomas More aux XVII et XVIIIe siècles. More l'utilisa d'ailleurs pour le titre de son œuvre Utopia, construit à partir du grec ou, non et topos : lieu ; ce qui revient à un lieu qui n'existe pas. Dans le sens courant, une utopie est un lieu qui ne tient pas compte des contraintes de la réalité. Plus largement, c'est une idée qui apparaît comme irréalisable, illusoire. D'autre part, la contre-utopie est une forme de récit de fiction qui se déroule dans une société imaginaire, organisée de telle manière que ses membres ne peuvent accéder au bonheur. Elle est censée conduire à un monde parfait et rendre les gens heureux mais révèle une réalité toute autre. Ces deux termes vont nous conduire à se demander si l'utopie et la contre-utopie sont efficaces pour faire réfléchir sur l'organisation sociale et politique de la vie réelle. Nous verrons d'une part comment l'utopie et la contre-utopie permettent de faire réfléchir , d'autre part leur fonction politique et enfin leur fonction critique.

        L'utopie et la contre-utopie permettent tout d'abord à l'auteur d'avoir un premier but : faire réfléchir le lecteur. En effet, la première visée se fait sur l'organisation sociale et politique d'un peuple. La plupart des utopies sociales considèrent comme primordiale l'organisation spatiale. Par exemple, dans La Cité du Soleil de Campanella, le dialogue met en scène un voyageur qui revient d'une utopie et qui en décrit le fonctionnement social à son interlocuteur, qui peut-être un visiteur candide qui interroge un habitant de l'utopie . Le discours est alors plutôt descriptif. Ou encore Supplément au voyage de Bougainville de Diderot où l'auteur, à travers l'évocation d'une société tahitienne utopique, met en question les principes qui régissent l'organisation de la société.

        D'autre part, la réflexion se porte également sur les valeurs morales ou philosophiques, idéaux....comme Le Jeu des perles de verre d'un philosophe appelé Hermann Hesse. Cette œuvre est en fait une biographie fictive dont on suit l'éducation, la carrière et l'évolution intellectuelle. L'histoire se déroule dans une province pédagogique et dans un ordre culturel. A travers la vie d'un personnage, le lecteur découvre une autre manière de vivre la culture. Ou alors une dystopie de Gerge Orwell 1984, où l'auteur s'attaque à un régime communiste, le régime stalinien.  Orwell dénoncerait dans son roman le totalitarisme. Ecrivain engagé, Orwell souhaitait par ce roman combattre la fascination qu'exerçait sur un certain nombre d'intellectuels britanniques de l'époque le régime soviétique. Les Femmes militaires de Rustaing de Saint Jory remet en cause la tradition utopique d'une société agricole d'ordres. Ce roman est particulièrement révélateur d'un mouvement conciliateur nouveau dans l'histoire du genre, mouvement qui fait place à l'argent et au commerce, tout en préservant la bonne teneur morale, garantie au bonheur.

        Cependant, l'utopie et la contre-utopie sont très efficaces pour l'auteur, car elles sont des fictions.

        Tout d'abord, l'utopie fait rêver et propose un monde parfait. Afin de mettre en avant les avantages de l'utopie, les auteurs utilisent généralement des champs lexicaux de beauté, de la nature...Ils utilisent également quelques fois des hyperboles afin de marquer les paysages qu'ils décrivent comme 'parfait'. Ainsi, la nature est très mise en avant comme dans Les Métamorphoses de Ovide ; l'auteur dit alors « on voyait couler partout des fleuves de lait et de nectar ; et les forêts avaient des arbres d'où l'on voyait distiller le miel ». Dans cette citation, l'auteur décrit une nature qui conduit à l'imagination, parfois abusée, du lecteur car les figures de style employées par l'auteur, conduisent le lecteur à s'imaginer un monde parfait, tel qu'il est décrit dans certains textes utopiques. D'autres auteurs comme Rabelais dans L'abbaye de Thélème, par exemple, nous font par de leur propre perception d'un lieu 'idéal', dont ils savent que l'aboutissement réel n'aura pas lieu mais persistent à croire que ce serait possible. Ainsi dans L'abbaye de Thélème, Rabelais nous propose sa vision personnelle de la société idéale en décrivant dans Gargantua une abbaye fictive. Il expose son idée d'une abbaye humaniste où de beaux jeunes gens, des deux sexes, viendraient étudier dans un cadre de vie idéal. Ainsi, dans la journée, chacun doit faire ce qu'il lui plait, travaille s'il en a envie et peut également se reposer, s'amuser...Les horloges supprimées permettent d'éviter toute notion du temps qui passe. L'agitation et les querelles sont bannies. Cette proposition peut permettre à l'auteur d'avoir une certaine 'liberté'.        

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