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L'esclave Du Surinam - Candide 1759

Analyse sectorielle : L'esclave Du Surinam - Candide 1759. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  1 457 Mots (6 Pages)  •  1 047 Vues

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Alors qu'il incarnait un absolutisme rigoureux, le roi Louis XIV meurt en 1715. Puis une régence se met en place jusqu'au couronnement de Louis XV et on assiste en France à un certain souffle de liberté. Des écrivains du XVIIIe siècle prennent ainsi position pour faire progresser la société peu à peu et la rendre plus juste. Parmi ces philosophes des Lumières, on peut citer par exemple Diderot et d'Alembert, Montesquieu, Rousseau, Beaumarchais et Voltaire. Ce dernier écrit Candide en 1759. L'extrait que nous étudions ici raconte la rencontre de Candide et son valet Cacambo avec un esclave, alors qu'ils approchent de la ville de Surinam. Comment ce texte parvient-il à dénoncer l'esclavage par le rire ? Nous verrons dans un premier temps comment Voltaire réussit à créer une scène amusante. Nous étudierons ensuite la portée critique de cet extrait.

Ce texte montre une scène amusante.

En effet, Voltaire utilise des personnages très différents et ce contraste fait sourire le lecteur. Ainsi l'esclave est pauvre car il n'a qu'une « moitié de son habit » qui n'est qu'un « caleçon de toile » (lignes 1-2). Au contraire, Candide est riche puisqu'il est accompagné d'un valet. L'esclave et Candide s'opposent donc au niveau de la classe sociale. D'autre part, l'esclave est « étendu par terre » (ligne 1) donc allongé au sol. De plus il est mutilé. Il lui manque « la jambe gauche et la main droite » (ligne 2). Cet esclave est donc très diminué physiquement. Au contraire, il est dit au début du texte que Candide et Cacambo approchent de la ville. Ils sont donc debout et en pleine forme physique. L'opposition physique est par conséquent évidente entre les personnages et crée un comique de situation. De plus, la mutilation de l'esclave montre une asymétrie, étant donné qu'il lui manque la jambe d'un côté, la main de l'autre. Ce procédé relève bien entendu de l'humour noir. Il constitue une image à la fois horrible à imaginer et amusante à cause de cette asymétrie. Les personnages sont donc tellement différents que le lecteur sourit à les imaginer face à face.

Par ailleurs, Voltaire cherche à faire sourire son lecteur en employant plusieurs procédés comiques. On voit par exemple que le maître de l'esclave s'appelle « M. Vanderdendur » (ligne 4), ce qui correspond à une sorte de « vendeur à la dent dure ». Ce comique de mots rend le maître ridicule. Il permet également à l'auteur d'insister sur la cruauté de cet homme qui a « la dent dure » et qui n'est donc pas sensible. Le texte est alors amusant et s'appuie sur un comique de mots doublé d'un comique de caractère. Il y a aussi un comique de répétition car l'esclave a été mutilé plusieurs fois. Cela apparaît aux lignes 6 et 7 avec une répétition de structure : « Quand nous travaillons aux sucreries […], on nous coupe... », « Quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe... ». La répétition de structure rend amusante cette situation terrible. Encore une fois, il s'agit là d'humour noir de la part de Voltaire, qui cherche à distraire le lecteur.

Enfin l'esclave a un comportement tellement étonnant qu'il en devient amusant. Malgré toutes les horreurs qu'il a vécues, il reste poli et calme alors qu'on pourrait s'attendre à une grande révolte de sa part. Cela se voit par exemple à la ligne 5 lorsqu'il déclare « c'est l'usage » pour évoquer ses conditions de vie. Ce présent de vérité générale dans « c'est l'usage » montre à quel point l'esclave est fataliste et accepte son sort. Il sait d'ailleurs que sa vie est misérable et l'exprime dans une énumération à la ligne 11 : « Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. » Ce recours à des animaux dans une comparaison prouve que l'esclave est conscient de n'être pas considéré comme un humain. Pourtant son langage reste toujours soutenu et il demeure poli, vouvoyant Candide et l'appelant « monsieur » (ligne 5). Ce décalage entre les horreurs subies par l'esclave et son attitude très contrôlée fait sourire le lecteur.

Nous avons vu ainsi que le texte présentait

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