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Candide et le nègre de Surinam cas

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Par   •  24 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  2 036 Mots (9 Pages)  •  3 145 Vues

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Candide  

et le nègre de Surinam

I ) Présentation de Voltaire et de Candide  (voir «  Introduction pour les textes de Candide  » )

II ) Introduction pour Candide  et le nègre de Surinam

Dans ce chapitre 19, Candide vient de quitter l’Eldorado, un paradis utopique, Voltaire en profite et crée un réel choc en lui faisant découvrir les horreurs de l’esclavage. Passage violent du paradis utopique à la réalité.

Ici Voltaire dénonce donc l’esclavage mais il n’est pas le premier à le faire, Montesquieu dans « L’esprit des lois » fait un véritable réquisitoire de l’esclavage. Voltaire ici décide de le dramatiser, de le rendre plus théâtral.

C’est un thème porteur d’intérêt car c’est une véritable réalité au XVIII.

Mais l’esclavage existe depuis l’Antiquité : les premiers étaient les prisonniers de guerre, l’esclavage est donc issu du droit de la guerre. Les esclaves étaient des outils. Ils sont ensuite devenus des intérêts économiques, une nouvelle main-d’œuvre. Il prend toute sa réalité au XVIII car il était une pratique systématique, avec la traite des noirs et la trafique triangulaire, commerce légal et cautionné pas la société du 18°. Ce sont des personnalités comme Louis XVI ou Colbert qui cautionnaient l’esclavage (Code noir), c’est cela que les philosophes veulent condamner, ils vont dénoncer cette complicité de tout le monde.

Ce qui scandalise les philosophes plus que tout est le fait d’affirmer que les noirs sont inférieurs et de leur refuser le statut d’homme.

III ) Lecture

  1. Plan d’étude.

Ici nous sommes au chapitre 19, nous avons bien fait connaissance avec le personnage éponyme Candide. Il a été chassé de son château (paradis illusoire) et vient de quitter l’Eldorado (paradis provisoire). Il a perdu ses richesses mais garde encore espoir . Ce chapitre tourne autour du discours du nègre mais on voit que Voltaire n’est pas loin derrière le discours du nègre.

Ce texte forme un tout : « en approchant de la ville » « il entra dans le Surinam »

Le plan respecte la narration et les trois étapes que Voltaire a voulu :

Axe 1. Une rencontre plutôt choquante

Axe 2. le discours du nègre.

Axe 3. La réaction de Candide : qu’en est-il de l’optimisme dans tout cela ?

V) Etude du passage

Axe 1. Une rencontre plutôt choquante

L’habileté de Voltaire est la façon dont il fait la rencontre du nègre, elle se fait par hasard : « en approchant de la ville »

Les deux personnages sont encore dans leurs rêves de bonheur de l’Eldorado, ils vont s’arrêter et revenir à la réalité.

En trois lignes Voltaire campe le personnage. Le nègre est étendu par terre avec une moitié d’habit et il est mutilé :

  • Étendu par terre : Signe d’infériorité et de soumission, il est comme un animal.
  • Moitié d’habit : 2ème humiliation : il est à peine vêtu.
  • Cette nudité découvre une double infirmité : 3ème humiliation.

Il y a donc une triple humiliation. Voltaire décrit cette scène avec un grand réalisme : il donne la matière et la couleur de son vêtement, « gauche », « droite ». Il est mutilé des deux côtés, ce qui montre l’idée que ça a été fait volontairement, ce n’est pas un accident.

La focalisation est interne, on est dans le tête de Candide.

L’utilisation de pauvre a deux sens : sur le plan matériel et moral. C’est une formule sobre mais qui montre la compassion de Candide.

Candide n’a pas le réflexe habituel (détourner le regard), il le regarde, lui parle, s’arrête, et s’intéresse même à lui « mon ami », ton chaleureux. Le mot « horrible » souligne la compassion de Candide , tout ce qui est humain l’interpelle. Pour Voltaire, l’esclavage est la cruauté la plus élaborée de l’inhumanité.

La réponse du nègre est immédiate, intérêt chaque intervention de l’un est repris par l’autre. La réponse du nègre peut nous étonner : absence totale de plainte ou de révolte de sa part, ça montre la fatalité et l’état de soumission dans lequel il se trouve, il n’a même pas la force de se révolter. La première constatation du nègre : « c’est l’usage », comme si cela suffisait à cautionner l’esclavage.

Le nègre parle de son maître : un fameux négociant : on ne sait pas pourquoi il est fameux, ça peut être une bonne réputation mais aussi et probablement une mauvaise = ironie.

Vanderdendur : vient de vender (vendeur en hollandais, d’où négociant) et de dent dure qui montre sa méchanceté. On retrouve la non gratuité ds noms choisis par Voltaire. Candide répète ensuite ce nom sans l’écorcher, ça montre qu’il est attentif à ce que dit le nègre. En quelques lignes on comprend le nègre et sa situation.

Dans ce passage, Voltaire n’épargne pas le lecteur, cette fausse objectivité dissimule une forte prise de position de Voltaire. Et c’est maintenant, après une mise une situation, que commence le discours du nègre.

Axe 2. le discours du nègre.

Le discours commence par un constat objectif : « c’est l’usage ». Il ne faut pas confondre tradition et loi, cet usage ne devrait pas avoir force de loi. « Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi, elle doit être loi parce qu’elle est juste. » Montesquieu. Ici « usage » fait directement référence au code noir, ouvrage qui indique quels sont les droits des maîtres sur leurs esclaves.

La simplicité de la réponse du noir est étonnante :il est complètement fataliste, aucune recherche d’apitoiement, Voltaire n’utilise pas le registre pathétique.  Donc une apparente neutralité qui dissimule une très forte prise de position.

Le nègre va répondre aux trois sujets d’étonnements de Candide : « on nous donne (tenue vestimentaire), on nous coupe (la main), on nous coupe (la jambe) ».

  • Pour tout vêtement il a un demi caleçon : humiliation, et on ne tient pas compte qu’il puisse avoir chaud ou froid.
  • « Quand la meule…la main » : l’esclave est comme un outil, si il est abîmé on se débarrasse de ce bout d’outil, alors qu’en plus c’est un accident qui est arrivé pendant que le nègre travaillait.
  • « Quand nous voulons…la jambe » : même avant d’avoir fui, il peut subir le châtiment.

La chute de ces explications, elle arrive comme ça : « c’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe », au centre du discours. Le « vous » interpelle le lecteur, il y a un décalage monstrueux entre le produit qui est une gourmandise, un plaisir des européens, et le traitement de ceux qui le récoltent(mise en esclavage).

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