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L'esclavage est une histoire sans archives

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Par   •  9 Mai 2021  •  Dissertation  •  1 282 Mots (6 Pages)  •  293 Vues

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Dissertation                                                                        

 « L’esclavage est une histoire sans archives. » Ces termes contradictoires d’Hubert Gerbeau montrent que l’esclavage reste encore tabou et est une partie  embarrassante de notre histoire que nous préférons oublier.

Certains écrivains décident de mettre en lumière les conditions de vie des esclaves dans différents environnements et pays. C’est ce qu’a fait Mohammed Aïssaoui en 2005 en écrivant un essai sur le combat d’un esclave nommé Furcy, suite à sa découverte « d’archives poussiéreuses, mal ficelées, mal rangées, croupissaient au milieu de bibelots sans intérêt. » (p 11) Son roman l’Affaire de l’Esclave Furcy permet-il de suppléer à l’oubli ? Si l’Affaire de l’Esclave Furcy nous apprend les évènements marquants de la vie d’un esclave qui s’est battu pour sa liberté, cela suffit-il à compléter ce qui a été omis par la mémoire collective ?

 En effet, dans son roman Mohamed Aïssaoui révèle aux lecteurs les conditions de vie, les punitions et les sévices subis par les esclaves. Au tout début du livre, le lecteur assiste, par les yeux de Furcy à la tentative de fuite d’un esclave ; l’esclave avait « ses oreilles et son jarret […] coupés. Ces deux mutilations signifiaient qu’il avait déjà tenté de fuir à deux reprises. ». Les maîtres face à leurs esclaves rebelles étaient sans pitié.  « De toute façon, Lory l’aurait battu à mort, tu le connais. »

    Par ailleurs, l’auteur décrit les conditions de travail des esclaves souvent inhumaines, par exemple : « On abusait tellement des forces de Furcy […] Il était si fatigué qu’il crachait du sang. »  « On l’envoyait s’occuper des cinq grandes chaudières où l’on faisait bouillir le sucre. C’était l’activité la plus pénible, l’air y était suffocant, la chaleur était insupportable […] ».Le procureur Gilbert Boucher qui aida Furcy dans son combat de 27ans recueillit des témoignages de Furcy et de sa sœur  Constance qui illustrent la violence et les humiliations subies par Furcy.  « On le punissait pour des broutilles ». « Un jour Furcy a reçu des coups de pieds et des coups de poing. Le chemin qu’il avait emprunté […] était couvert de sang […] » « On cherchait à l’humilier en permanence. » Mohamed Aïssaoui nous force à regarder et à connaître toutes ces maltraitances ; grâce à son travail la souffrance inouïe des esclaves peut être reconnue.

 De plus, Mohamed Aïssaoui, en recopiant intégralement des petites annonces de l’époque, nous dévoile l’atrocité des ventes d’esclaves : les esclaves ne sont pas reconnus comme des hommes ou des femmes, mais comme des biens matériels, ainsi que le montre le liste des bien de Mme Routier légués à son neveu Joseph Lory : on y trouve, entre la vaisselle d’argent et quatre bœufs, sept lots d’esclaves, certains vendus avec leur femme et leurs enfants. Le lecteur doit admettre qu’à une époque, certains Français classaient les esclaves sur le même plan que des animaux de ferme ou des meubles.

Enfin, Mohamed Aïssaoui expose le fonctionnement économique du système colonial que l’on comprend à travers les propos du baron Desbassayns de Richemont, qui faisait « office de commissaire général ordonnateur de l’île. »La réussite économique dépendait du travail des esclaves, les riches propriétaires  ne pouvaient donc pas se permettre de les laisser s’enfuir. « Tuer dans l’œuf la moindre volonté de rébellion. C’était en agissant ainsi que le système perdurait. » Les riches colons avaient peur que Furcy « dérange la tranquillité de [leur] île ». Cette expression revient de nombreuses fois dans les discours contre Furcy. « Tous les rouages politiques, administratifs, judiciaires tendaient vers ce seul but : entretenir la machine esclavagiste pour nourrir l’économie. » Par ailleurs, les français métropolitains étant éloignés des zones esclavagistes, ne voulaient pas savoir le prix à payer pour fabriquer leur sucre. Comme Voltaire avant lui dans Le nègre de Surinam extrait de Candide,  Mohamed Aïssaoui essaie de restituer cette histoire coloniale volontiers passée sous silence.

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