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L'education De Gargantua

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Par   •  20 Mars 2013  •  1 823 Mots (8 Pages)  •  1 688 Vues

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Le thème de l’éducation dans gargantua est en outre le signe de la confiance de Rabelais dans l’être humain et dans les progrès de la connaissance.

Rabelais confronte deux types d’enseignement, dont il fait reculer le premier dans le temps, à dessein. L’enseignement du sophiste est ainsi placé à une époque d’avant l’imprimerie, et avant 1420 (date de la mort du sophiste). Grâce à la chronique gigantale et au traitement du temps que cela permet, Rabelais confronte ainsi un enseignement qu’il présente très clairement comme moyenâgeux, scolastique, reculé dans le temps et désuet et un enseignement nouveau, celui des humanistes de la Renaissance. Les deux enseignements sont distants d’un siècle dans l’œuvre.

I – Les railleries à l’égard de la scolastique

Le premier temps est donc satirique et porte sur la scolastique médiévale. Il donne en réalité la perception globale que les humanistes de la Renaissance en avaient : il ne s’agit pas de la réalité exacte de la scolastique mais de sa caricature.

1.1 ) La prophétie comique de Grandgousier

Grandgousier apparaît ici comme un personnage comique car il est enfermé dans un optimisme béat concernant son fils. Par le seul fait que celui-ci a inventé un torche-cul, il lui prédit la plus haute sagesse. Les hyperboles déconsidèrent le discours du père : « participe de quelque puissance divine », « aigue, subtile, profonde et sereine », « souverain degré de sagesse ».

Sa position sur l’éducation est de plus fausse et incomplète : il n’assigne pas à l’éducation le but du développement de soi et de sa personnalité, mais l’instruction au sens d’une accumulation savante : « je veux le confier à quelque sage, pour qu’il soit instruit selon ses capacités ». C’est là déjà l’annonce d’un programme d’éducation scolastique, livresque, fait d’une accumulation de savoirs inutiles et desséchants.

1.2 ) Les moqueries à l’égard de la scolastique et des sophistes

→ On peut noter la raillerie à l’égard du sophiste : l’expression « grand docteur sophiste » est ironique.

→ Les sophistes étaient des penseurs formalistes, capables de faire servir l’art du langage non à la recherche de la sagesse, mais à la défense de n’importe quelle idée, même mauvaise. Comme Socrate, Rabelais dénonce le formalisme du raisonnement. On retrouve le reproche adressé par les humanistes aux scolastiques : l’apprentissage exclusif des procédés rhétoriques. Ce terme issu de l’antiquité est peut-être aussi une façon de rendre l’attaque plus imprécise. Les premières éditions de Gargantua contenaient le terme « théologien » et non « sophiste » !

→ De même, le nom du sophiste est ironique : Tubal (qui veut dire confusion) est la terre sur laquelle règne Gog, ennemi de Dieu, selon Ezéchiel. Holoferne est le type même des persécuteurs du peuple de Dieu, et est connu pour sa lubricité et son ivrognerie (Livre de Judith).

→ Le programme d’enseignement proposé est exactement le canon scolastique et brille par sa bêtise et son inutilité : l’alphabet à rebours, les quatre livres de l’enseignement scolastique (la note 6, p. 142, de l’édition, explique le contenu de chaque ouvrage) et l’écriture en lettres gothiques (alors qu’on commençait à écrire à l’italienne. Les humanistes reprochaient aux scolastiques de fonder leur enseignement exclusivement sur la mémoire : ici, l’exercice d’apprentissage par cœur se trouve déconsidéré par le raffinement qu’il comporte : l’alphabet doit être appris à rebours. La mémoire devient une mécanique absurde ne débouchant sur aucun effet de sens. Les quatre livres scolaires symbolisent en outre un enseignement fondé uniquement sur des commentaires et non sur des textes véritables. C’est de plus un enseignement passéiste, fondé sur le trivium antique : grammaire, rhétorique, dialectique.

→ Les indications de temps sont exagérées et ôtent toute pertinence à cet enseignement : il faut cinq ans et trois mois pour apprendre l’alphabet, et treize ans, six mois et deux semaines pour les quatre livres, soit 18 ans, 9 mois et 2 semaines. La précision des chiffres participe de la surenchère comique. Le lecteur en conclut que Gargantua n’a donc strictement rien appris. Rabelais dénonce la vacuité des occupations, la perte de temps, la mobilisation de la mémoire pour des connaissances inutiles.

II – Un programme d’éducation humaniste

Le chapitre 23 se construit en opposition avec le chapitre 14 : à l’enseignement scolastique desséchant, inutile, uniquement livresque, s’oppose une éducation qui comprend l’instruction mais aussi le développement de soi-même, du corps et de la personnalité, et qui comprend toutes les dimensions de la vie. L’éducation doit pouvoir ainsi développer les qualités naturelles de l’élève.

L’éducation nouvelle que propose Rabelais est donc bien plus large que l’apprentissage intellectuel : il s’agit aussi d’éduquer le jeune prince aux futures responsabilités de son royaume.

Ce programme d’éducation est proprement humaniste et le nom de « Ponocrates » forgé sur le grec et voulant dire « Travailleur » rappelle aussi la culture grecque de l’auteur. De même, Anagnostes signifie en grec « lecteur ».

2.1 ) La relativisation de la culture livresque

Par rapport à l’enseignement scolastique, entièrement livresque, la part de la culture livresque est considérablement réduite. Cette culture comprend la Bible et des romans antiques ou de chevalerie. Les ouvrages scolaires sont abandonnés. Rabelais va de ce point de vue plus loin que les autres humanistes, même Erasme. La part de lecture est considérablement réduite, et Gargantua ne recopie plus les ouvrages comme un scribe de couvent mais écoute les lectures qui lui

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