L'argumentation

L’argumentation (1)

Présentation générale

a) Qu’est-ce qu’une argumentation ?

Une argumentation est un discours ou un écrit destiné à convaincre un auditeur ou un lecteur de la justesse d’une thèse ou d’une opinion. Dans le mot convaincre, on reconnait le mot « vaincre ». Il s’agi t donc de s’imposer, non pas aux corps mais aux esprits. Par contre, en régnant sur les esprits, on est souvent maître des corps.

Si j’arrive à convaincre quelqu’un de s’engager (ou non dans l’armée) au nom d’une cause, sa vie entière en dépendra. De même, les grandes décisions politiques dépendent de l’opinion publique ou de quelques décideurs qu’il s’agit de persuader ou de convaincre.

b) Comment convaincre ?

Pour convaincre quelqu’un on peut utiliser la logique, bien sûr mais également des comparaisons, des images poétiques.

On distingue souvent convaincre et persuader :

Convaincre : On convainc quelqu’un en usant des armes de la raison, de la rationalité, du calcul. On prouve ce que l’on dit.

Persuader : On persuade quelqu’un avec les charmes de la sensibilité, de l’imagination. On lui peint les choses avec des dehors attirants ou repoussants selon l’effet que l’on veut produire.

Pax exemple, quand Roméo et Juliette veulent s’embrasser, ce n’est qu’en apparence qu’ils convoquent de bonnes raisons de le faire (car raisonnablement, il aurait mieux valu éviter…) Mais dans le jeu de la séduction, ils se persuadent l’un l’autre qu’ils ne font rien de mal, mais que leurs embrassades même sont plus sacrées que la religion.

Pour reprendre une formule de Blaise Pascal, on dira que « l’amour a ses raisons que la raison ignore ». L’amour comme la haine n’est pas toujours convainquant, mais il est persuasif. (De même que l’amoureux, le raciste fait semblant d’aimer la raison, mais il n’écoute que ses passions).

Shakespeare écrit à la fin de la Renaissance, dans une période troublée et déchirée par les guerres de religion où l’on doute de tout « être ou ne pas être… » (Hamlet). Les XVII et XVIIIème siècle cherchent des certitudes mais usent volonté des charmes de la persuasion pour diffuser leurs idées.

L’argumentation (2)

I- L’argumentation indirecte

a) Qu’est-ce qu’une argumentation indirecte ?

L’argumentation indirecte est un moyen d’emporter l’adhésion de l’auditeur ou du lecteur. Elle est indirecte parce qu’elle passe par le détour d’une fiction conçue le plus souvent à cet usage. Les fables en sont l’exemple le plus connu. Elles ont une valeur symbolique.

Ce type d’argumentation comporte plusieurs avantages :

Il permet d’expliquer simplement des choses parfois fort subtiles. C’est le rôle par exemple des paraboles dans les Evangiles.

Il permet comme le remarquera Voltaire d’instruire sans ennuyer. « Le moyen d’ennuyer est de vouloir tout dire. »

Elles permettent de dénoncer l’injustice sous le couvert de la fiction : Je n’ai pas le droit au XVIIème de critiquer directement le roi. Mais je peux toujours montrer par une fable que le lion est injuste souvent…

b) Quels sont les genres de l’argumentation indirecte ?

La fable est un court récit en vers ou en prose dont on tire une instruction morale. En 1968, La Fontaine écrivit : « l’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable ; l’âme la moralité ». Il distingue donc la fable (récit de fiction) de l’apologue (récit de fiction + moralité). Mais le plus souvent, les mots apologue et fable sont confondus.

La parabole est très proche de la fable, mais elle a en plus une dimension sacrée. Celui qui utilise des paraboles par excellence, c’est le Christ. Ses paraboles nous sont transmises par les évangélistes. Il y a une autre différence avec la fable, c’est que la parabole utilise des situations tirées de la vie quotidienne de l’époque pour être plus proche de l’auditeur. On ne fait pas appel à des animaux parlants. Les paraboles sont des récits inspirés (exemple parabole des Ouvriers de la 11ème heure chez Saint Mathieu)

L’argumentation (3)

L’exemplum (exempla au pluriel) : C’est l’évocation d’un personnage dont les paroles ou les agissements sont dignes d’être cités en exemple. Il peut être religieux ou non, mettre en avant César, les Christ, Gandhi, etc.

Les contes sont de courts récits souvent merveilleux dont on peut tirer des enseignements précieux. Ils facilitent la compréhension du monde par des situations, des actions et des personnages simples, contrastés. En France, on distingue essentiellement le conte de fées destiné aux enfants (ex. Charles Perrault) et le conte philosophique (ex. Voltaire) où l’on se sert consciemment d’une histoire pour faire passer un message aux adultes. Daniel Pennac a écrit : « Une des fonctions essentielles du conte est d’imposer une trêve aux combats des hommes ».

L’utopie est un mot qui a été inventé par l’anglais Thomas More au XVI pour désigner un lieu qui n’existe pas (u-topia) mais idéal. Cela lui permet de critiquer l’Angleterre de son époque. Le procédé était déjà utilisé avant lui (par exemple Platon parle de l’Atlantide comme d’un lieu idéal). La contre-utopie par contre désigne un lieu auquel il ne faudrait pas que le monde ressemble (Orwell, Huxley, Pavloff). L’utopie comme la contre-utopie ont une visée indirectement critique.

Remarque importante : Certains genres peuvent être détournés de leur fonction initiale pour défendre des thèses. Ainsi, les dialogues d’une pièce de théâtre ont souvent une portée argumentative. Il existe des « romans à thèse ». Par exemple La religieuse de Diderot est une attaque en règle contre la religion. On peut également écrire des lettres fictives (genre « épistolaire ») comme l’a fait Montesquieu avec ses Lettres persanes. Les lettres ont l’avantage de faire varier le point de vue et de défausser l’auteur.

II- L’argumentation directe

Contrairement à l’argumentation indirecte, l’argumentation directe

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