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L'abbé de Saint-Yves

Fiche de lecture : L'abbé de Saint-Yves. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Octobre 2014  •  Fiche de lecture  •  608 Mots (3 Pages)  •  785 Vues

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"me voyant tout incontinent environné de sauvages, lesquels me demandoyent, Marapé-dereré, marapé-dereré, c’est à dire, Comment as-tu nom, comment as-tu nom, (à quoy pour lors je n’entendois que le haut Allemand) et au reste l’un ayant prins mon chapeau qu’il mit sur sa teste, l’autre mon espée et ma ceinture qu’il ceignit sur son corps tout nud, l’autre ma casaque qu’il vestit : eux, di-je, m’estourdissans de leurs crieries et courans de ceste façon parmi leurs villages avec mes hardes, non seulement je pensois avoir tout perdu, mais aussi je ne savois où j’en estois. Mais comme l’experience m’a monstré plusieurs fois depuis, ce n’estoit que faute de savoir leur maniere de faire : car faisant le mesme à tous ceux qui les visitent, et principalement à ceux qu’ils n’ont point encor veus : apres qu’ils se sont un peu ainsi jouez des besongnes d’autruy, ils rapportent et rendent le tout à ceux à qui elles appartiennent. Là dessus le truchement m’ayant adverti qu’ils desiroyent sur tout de savoir mon nom, mais gue de leur dire Pierre, Guillaume ou Jean, eux ne les pouvans prononcer ni retenir (comme de faict, au lieu de dire Jean ils disoyent Nian), il me falloit accommoder de leur nommer quelque chose qui leur fust cognue : cela (comme il me dit) estant si bien venu à propos que mon surnom Lery, signifie une huitre en leur langage, je leur dis que je m’appellois Lery-oussou : c’est à dire une grosse huitre. Dequoi eux se tenans bien satisfaicts, avec leur admiration Teh ! se prenans à rire, dirent : Vrayement voila un beau nom, et n’avions point encores veu de Mair, c’est à dire François, qui s’appelast ainsi."

(mon texte est celui-ci, mais avec l'orthographe modernisé)

"Je m'aperçois, monsieur l'Ingénu, dit le grave bailli, que vous parlez mieux français qu'il n'appartient à un Huron. Un Français, dit-il, que nous avions pris dans ma grande jeunesse en Huronie, et pour qui je conçus beaucoup d'amitié, m'enseigna sa langue ; j'apprends très vite ce que je veux apprendre. J'ai trouvé en arrivant à Plymouth un de vos Français réfugiés que vous appelez huguenots, je ne sais pourquoi; il m'a fait faire quelques progrès dans la connaissance de votre langue; et dès que j'ai pu m'exprimer intelligiblement, je suis venu voir votre pays, parce que j'aime assez les Français quand ils ne font pas trop de questions.

L'abbé de Saint-Yves, malgré ce petit avertissement, lui demanda laquelle des trois langues lui plaisait davantage, la huronne, l'anglaise, ou la française. La huronne, sans contredit, répondit l'Ingénu. Est-il possible ? s'écria mademoiselle de Kerkabon ; j'avais toujours cru que le français était la plus belle de toutes les langues après le bas-breton.

Alors ce fut à qui demanderait à l'Ingénu comment on disait en huron du tabac, et il répondait taya : comment on disait manger, et il répondait essenten. Mademoiselle de Kerkabon voulut absolument savoir comment on disait faire l'amour; il lui répondit trovander, et soutint, non sans apparence de raison, que ces mots-là valaient bien les mots français et anglais qui leur correspondaient. Trovander parut très joli à tous les convives.

Monsieur le prieur, qui avait

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