Jérôme Fourquet "L’archipel français"

L’archipel français

Fiche de lecture

Jérôme Fourquet est né le 8 février 1873 au Mans. Il est politologue (analyste politique), expert en géographie électoral, ainsi que directeur du département « Opinion et Stratégie d’Entreprise » de l’Institut française d’opinion publique. Ses travaux portent principalement sur les comportements et attitudes politiques en lien avec les religions, l’immigration et les questions d’identité.  

Le livre « L’archipel français : une nation multiple et divisée », est un essai écrit par Jérôme Fourquet, et publié en 2019.

Il va rapidement connaître un succès critique et public, et va recevoir le prix du livre politique 2019. En effet, cet essai va alimenter le débat sur le communautarisme et le séparatisme, ainsi que sur la France périphérique et la déconnexion des élites qui agite la France autour de 2020.

Cet ouvrage explique avec des faits statistiques l’évolution démographique de la France, et comment celle-ci se désagrège peu à peu, tant d’un point de vue culturel, politique, économique et religieux. En effet, nous allons voir comment notre nation une et indivisible s’est transformée en quelques décennies en une nation multiple et divisée. Dans ce roman, Jérôme Fourquet nous dresse un constat objectif de l’agonie de notre Nation, en tant que groupe humain partageant une histoire et un projet commun. Il y décrit le bouleversement rapide des clivages (différences de classes, d’opinions et de croyances…), structurant la vie sociale et politique française depuis cent ans (XXème siècle). Afin d’écrire cette analyse détaillée des disparités de la société française, qui nous éclaire de façon lumineuse sur la nature fragmentée de notre société, Jérôme Fourquet se base sur ses études, sa propre expérience, et s’appuie sur de nombreuses sources internes (IFOP) et externes (études sociologiques sérieuses).

Selon moi, on peut diviser ce livre en trois parties :

. Dans la première partie de son roman, Jérôme Fourquet nous montre qu’à partir des années 1950-1960, la “matrice” catholique et républicaine qui contribuait à la structuration de la société française, s'est complètement effondrée. Il nous décrit aussi, les différents signes de ce qu’il nomme « basculement anthropologique », caractérisé par la reconfiguration des structures familiales (baisse des mariages, hausse des divorces, prédominance des couples non mariés), par un nouveau rapport au corps (hausse des pratiques d’incinération, de tatouage…), par l’acceptabilité majoritaire de l’IVG et de l’homosexualité, et enfin par le développement de la cause animale.

. Dans la seconde partie, Jérôme Fourquet nous montre cette fois ci comment la société française s’est fragmentée depuis cinquante ans. En premier lieu, il y a la disparition de l’église “rouge”, qui désignait le parti communiste, contrepoids au bloc catholique. Mais il y a principalement le développement de l’individualisme, dont témoigne la multiplication des prénoms caractérisés comme “rares”, le déclin des grands médias, et le recours de plus en plus important aux réseaux sociaux, qui génèrent de nombreuses fake news propagatrices de théories du complot, surtout chez les jeunes. 

Cette innocence des jeunes, m’amène à approuver les arguments de l’auteur sur l’incertitude fondée par leur arrivée dans le corps électoral.

L’auteur nous peint donc le tableau de notre société “archipellisée” :

• des classes moyennes et populaires, qui sont peu ou pas diplômées, souvent affectées par la mondialisation, et qui vivent dans la périphérie des grandes villes, dans les petites villes de province et dans le monde rural.
• des élites diplômées de l'enseignement supérieur (CSP+), qui vivent dans l’entre-soi, au sein des centres des grandes agglomérations, déconnectées du reste de la population.
• des identités régionales bretonnes et corses persistantes, qui se sont renforcées en ce qui concerne la Corse.
• la population arabo-musulmane (de nombreuses pages consacrées à ce sujet) : la dynamique démographique ; la géographie surprenante de l'implantation de cette population ; des preuves pour l’intégration professionnelle de cette population ; mais aussi des signes identitaires, comme : le choix des prénoms (Jérôme Fourquet donne indirectement raison aux défenseurs de la théorie du grand remplacement. Pour cela, il analyse l’évolution des prénoms, et notamment la croissance impressionnante des prénoms musulmans), ou bien, de manière plus problématique, la pression sur les femmes et les filles concernant l’endogamie, ou encore, la virginité avant le mariage.

En outre, l’auteur nous montre comment les quartiers arabo-musulmans ou d’immigration sub-saharienne cumulent la pauvreté, le trafic de drogue…, contribuant à la fragmentation d’une ville (même moyenne), comme Compiègne ou Carcassonne.

. La troisième et dernière partie est consacrée au basculement idéologique et électoral de ces 30 dernières années.

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