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Initiation Aux Valleurs Traditionnelles Dans Sous Lorage De Seydou Bodian

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Par   •  4 Avril 2014  •  3 109 Mots (13 Pages)  •  3 332 Vues

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1990 est une décennie cruciale, car de rupture, pour la littérature africaine francophone qui, jusque-là, se définissait d’emblée comme une littérature de contestation de la domination coloniale et d’affirmation de la différence africaine tout en s’exprimant dans la langue du colonisateur (dans le classicisme littéraire le plus pur). Une sublime contradiction que les aînés de la génération des Senghor, Césaire, etc. ont su gérer avec brio. Au début des années 1990, naît une nouvelle génération d’écrivains. Leur souci confus est de se distancier d’une quelconque mission d’engagement et de témoignage sur l’Afrique, tout en situant leurs récits dans les turbulences de leur pays d’origine. Ils affichent et revendiquent des préoccupations en rupture avec celles de leurs aînés. Cette nouvelle génération rompt avec ces visions militantes pour développer de nouvelles formes littéraires marquées par l’introspection sur fond de mondialisation et d’émigration. La tendance est à l’auto-exploration, à l’autodéfinition, si l’on en croit l’universitaire Odile Cazenave : « Contrairement à leurs prédécesseurs, ils offrent un regard de nature et de portée différentes. C’est un regard non plus tourné nécessairement vers l’Afrique, mais plutôt vers soi (...) : écritures de soi africain, “écritures africaines de soi…” elles démontrent la possibilité de s’auto écrire et de se penser hors des prescriptions de l’Occident/l’ancien pouvoir colonisateur » (Afrique sur Seine : une nouvelle génération de romanciers africains à Paris, L’Harmattan, Paris, 2003, p. 8). Cette génération ne se désintéresse pas pour autant totalement des convulsions qui secouent leur continent mal en point. « Elle puise dans les espoirs et les désillusions de ses pays d’origine l’essentiel de sa matière brute. Tout en recherchant les moyens esthétiques et formels appropriés pour “désexotiser” le discours des origines et le rendre universel. L’idéal d’une littérature capable de changer le monde s’étant effondré, la génération des années 1990 écrit avec la certitude que, tant qu’elle écrira, elle vivra » (« Tant que l’Afrique écrira, l’Afrique vivra », Le Monde diplomatique, décembre 2004, p. 30-31, par Tirthankar CHANDA, universitaire, critique littéraire à Radio France internationale). C’est à cette époque de recherche de nouveaux repères que paraît aux Nouvelles Éditions africaines La Collégienne, écrite en 1983, le premier roman de Marouba Fall. Marouba Fall est né le 21 décembre 1950 à Dakar (Sénégal). Il a fait ses études secondaires au lycée Van-Vollenhoven, l’actuel Lamine-Guèye, ses études supérieures à l’université de Dakar (1971–1982). Il y a obtenu une licence en lettres modernes en 1973, une maîtrise en lettres modernes en 1978 et, en 1982, un diplôme d’études approfondies (D. E. A.) en lettres. Il est professeur d’enseignement secondaire principal de classe exceptionnelle. Proviseur du lycée Léopold-Sédar-Senghor de Joal–Fadiouth puis du lycée Ngalandou Diouf de Mermoz (Dakar), il est actuellement Conseiller du Ministre de l’Education. Il a inscrit ses lettres de noblesse dans la littérature sénégalaise dont il a visité les genres les plus difficiles, toujours avec un égal bonheur et une totale délectation : le théâtre, le roman, la poésie. Il est un pur produit de la dramaturgie, qu’il a enrichie d’une écriture novatrice (division des pièces en visions ou tableaux, usage de terminologies inhabituelles dans le théâtre comme les rétrospectives ou les évocations). Il est l’un des derniers survivants du théâtre historique sénégalais ; célèbre pour ses hymnes et ses hommages, surtout à la femme. Chaka ou le Roi visionnaire, Aliin Sitooye Jaata, Adja militante du GRAS, Cri d’un assoiffé de soleil sont autant d’œuvres remarquables à son actif. Résumé du roman : Mar Ndiaye est un jeune professeur de français très sérieux qui enseigne dans un collège de jeunes filles. Il ne pense qu'à l'éducation et à la réussite de ses élèves. Mais certaines élèves n'ont pas forcément cet objectif, notamment Oulimata Thiam, dite Ouly, plus mature que les autres et qui est amoureuse de lui. Scrupule de pédagogue, faiblesse ou lâcheté ? Malgré son attirance grandissante, il adopte profil bas et hésite à s’engager. Ses relations avec Ouly sont cependant bientôt éventées et lui attirent remontrances et railleries de la part de la majorité de ses collègues. Pris entre l’étau de sa famille, qui veut lui imposer une épouse, et les pressions de la mère adoptive d’Oulimata, Mère Soukaïna, Mar Ndiaye se débat dans ses propres contradictions. Mais quand il se décide enfin, c’est désormais Mère Soukaïna qui lui fait obstacle, refroidie par son attitude. Oulimata, fragilisée, apprend en outre qui est son véritable père, un homme méprisable à tous points de vue. Dans un accès de désespoir, elle se suicide. Sa mort libère Mar, qui épouse sa cousine Penda, choisie par sa famille, mais pour qui il ne ressent qu’indifférence. Elle met au monde une fille à qui il donne le nom d’Ouly. La Collégienne est le premier roman de Marouba Fall, célèbre pour ses pièces de théâtre. Ce drame, aux soubresauts frénétiques de fraîcheur, est d’une actualité qui traverse le temps et les générations. Publié pour la première fois en 1990, ce roman, inscrit dans le programme scolaire, pose des problèmes qui interpellent aussi bien la jeune génération que l’ancienne. Il nous montre à quel point ce qui se posait comme principe de vie hier est aléatoire aujourd’hui sur l’autel de la modernité. La Collégienne est l’analyse d’une société en pleine mutation car porteuse de deux types de valeurs à priori antagonistes et qui, si jamais elles réussissaient le métissage tant espéré, pourraient être source d’enrichissement : les valeurs traditionnelles incarnées par la vieille génération (le père de Mar, Mère Soukaïna, la directrice du collège…) d’une part ; de l’autre, les valeurs modernes portées par la jeune génération (Ouly et ses copines, Mar, etc.). Un parfum de révolte permanente s’exhale des pages de ce roman à l’élan poétique. Étrangement, tous les protagonistes de ce drame sont rattrapés par leur passé, comme si l’auteur voulait montrer que l’être, dans son évolution, en a nécessairement besoin pour devenir meilleur. La question est de savoir s’ils ont en eux suffisamment de forces pour en subir les contrecoups. Seule Ouly n’y survivra pas. Mar non plus, d’une certaine façon. a) L’école prise entre les feux d’une dualité L’écriture romanesque sénégalaise a su présenter, au sens théâtral du terme, la dualité de l'école. Cette dualité s’exprime à travers un désir premier

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