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Fiche de lecture : "J'étais un kamikaze", de Ryuji Nagatstuka

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Par   •  16 Septembre 2019  •  Fiche de lecture  •  1 403 Mots (6 Pages)  •  665 Vues

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FICHE DE LECTURE

        J’étais un kamikaze : Les chevaliers du vent divin est une autobiographie écrite par Ryuji Nagatsuka et publiée en 1972 aux éditions J’ai lu.

        Ryuji Nagatsuka est né le 20 avril 1924 à Nagoya, au centre de Honshu au Japon. Il se passionne pour la langue française dès son jeune âge. En 1943, la conscription le force à intégrer l’armée japonaise, où il suit une formation de pilote. A la fin de la seconde guerre mondiale, il poursuit ses études de français à l’université impériale de Tokyo. Il devient par la suite professeur à l’université Nihon de Tokyo et professeur associé à l’université Jean Moulin.

Q : M. Nagatsuka, comment avez-vous rejoint l’armée ?

N : Tout a commencé le 2 octobre 1943. J’étais étudiant au lycée supérieur de Shizuoka. Mes amis et moi rentrions d’un cours de français et devions écouter le discours du général Tojo à la radio. Nous ne voyions à l’époque la guerre que comme un conflit lointain dont nous étions à l’abri, et étions fortement antimilitaristes. A notre stupéfaction, il a annoncé la mobilisation forcée des étudiants de plus de 20 ans dans l’armée. La guerre nous parut soudain plus proche et plus réelle que jamais. Après beaucoup de réflexion, je me suis rendu compte de la situation critique du pays et de la responsabilité qui nous incombait. Aussi, j’ai vite fait d’accepter mon sort pour servir ma patrie. J’ai d’abord été réquisitionné dans les usines de guerre et y ai travaillé quelques mois, puis je me suis engagé en tant que pilote-aspirant spécial.

Q : Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

N : D’une part, je voulais quitter l’usine au plus vite : le travail nécessitait une grande force physique et peu d’intelligence, car il ne comportait que des tâches répétitives. Je sentais que je n’y étais pas aussi utile que je le souhaitais. D’autre part, je voulais échapper à l’enfer qui était réservé à l’infanterie. Les recrues subissaient les bizutages, moqueries et châtiments corporels gratuits des officiers, et étaient destinées le plus souvent à mourir sous les tirs ennemis sans avoir eu le moindre impact : de la chair à canon, en somme. En revanche, les pilotes n’avaient pas à subir ce traitement car ils étaient promus d’emblée sergent-chef, puis sous-lieutenant, et avaient l’occasion de réellement réaliser des actions pouvant changer le cours d’une bataille à bord de leurs avions.

Q : Comment avez-vu vécu votre service militaire ?

N : La situation du pays étant critique à l’époque, nous étions forcés de suivre une formation accélérée, pour ne pas dire bâclée. Inutile de dire qu’elle a été très anarchique. J’ai d’abord été envoyé à l’école d’aviation d’Utsunomiya où j’ai été formé au pilotage de planeurs puis d’avions, puis à la base d’Ozuki pour me spécialiser dans le pilotage de chasseurs. Enfin, j’ai rejoint la 24e escadre de perfectionnement à l’ancienne école d’aviation de Kumagaya. A cause du manque cruel d’effectif, nous étions obligés de participer à des opérations alors que notre formation n’était pas encore terminée. J’ai donc commencé à combattre alors que je n’avais pas terminé ma formation à Ozuki. Le service a donc été très dur, mais j’y ai rencontré des personnes d’une immense valeur. Je pense notamment au sous-lieutenant Komorizono, qui supervisait notre entraînement aux manœuvres d’avions de chasse. Il était extrêmement sévère lors de l’entraînement, mais veillait toujours à bien traiter ses hommes. Je dois ma vie à ses conseils. J’ai aussi rencontré le sous-lieutenant Fujisaki, avec qui j’ai vite sympathisé car nous avions rejoint la même université. Il a accepté de m’embarquer avec lui lors d’une mission d’interception pour m’aider à faire taire mes craintes au sujet des combats réels. Enfin, je me dois de parler du sergent Tanizaki, mon compagnon d’armes lors de mes premières confrontations aux bombardiers ennemis. Il m’a sauvé la vie au prix de la sienne, et pour cela je lui serai éternellement reconnaissant.

Q : Vous faites partie des pilotes qui se sont portés volontaires dans les corps d’attaque spéciaux, pratiquant les attaques suicides. Qu’est-ce qui vous y a conduit ?

N : C’est difficile d’y répondre clairement, le contexte y est notamment pour beaucoup. A cette époque là, c’était le seul moyen de rivaliser avec la supériorité technologique de l’ennemi, en prenant en compte le manque de moyens matériels dont nous disposions. Nous étions à court de carburant, d’avions, de munitions et de pilotes. Le seul moyen restant était de charger nos avions de bombes et de les écraser contre les appareils ennemis en espérant que cela suffise à les détruire. Quant à ce qui m’a motivé à me porter volontaire, ce n’est pas ma dévotion à l’empereur, ou un quelconque sens de l’honneur, mais mon amour pour ma famille et ma volonté de la protéger à tout prix, de même que les civils qui n’ont jamais demandé cette guerre et qui ont pourtant subi les bombardements ennemis, ainsi qu’une résignation face à la mort. Depuis mon arrivée à l’armée, elle était partout autour de moi. J’ai eu vent de la mort de héros que l’on croyait invincibles, et j’ai vu des camarades mourir à cause d’une simple erreur à l’entraînement. J’étais persuadé que mon tour viendrait, et j’y ai donc vu un moyen de rendre ma mort utile.

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