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Faut-il préférer le dénument au luxe ?

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Par   •  18 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  2 202 Mots (9 Pages)  •  980 Vues

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Les Lettres à Lucilius furent écrites par Sénèque sur la toute fin de sa vie (aux alentours des années 63, 64). S’il s’agit d’une correspondance privée entre deux hommes, ces lettres étaient cependant dès le départ destiné à être lues par un plus grand nombre. C’est pourquoi certains considèrent ces Lettres comme une sorte de testament philosophique de Sénèque, celui-ci tentant de convaincre Lucilius (épicurien) de rejoindre les rangs des stoïciens. Cependant, même si ces lettres n’étaient pas destinées à rester dans le cadre privé, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une correspondance réelle. Les Lettres se différencient en cela d’autres textes philosophiques où les deux parties ne sont là que pour servir l’argumentation de l’auteur. Cela peut aussi expliquer l’absence de rhétorique complexe, et un certain aspect familier (sermo quotidianus) que nous pouvons trouver dans ces Lettres. L’enjeu de ces Lettres est donc de convertir Lucilius au stoïcisme. Sénèque endosse pour cela le rôle d’un pédagogue, en montrant que l’épicurisme et le stoïcisme ne sont pas finalement si éloignés... mais que le stoïcisme est bien mieux ! Nous étudierons dans ce commentaire trois axes principaux : – la lettre d’un professeur à son élève ; – la question de l’apparence du philosophe ; – le statut du philosophe dans la Cité.

I-Une leçon de philosophie à Lucilius

A) Des félicitations et encouragements

L’extrait s’ouvre sur une formule de salutation : « Senequa Lucilio suo salutem » propres aux lettres. De plus, le possessif « suo » donne une dimension intime et chaleureuse à ce qui va suivre. Les verbes sont le plus souvent à la première et seconde personne. Ainsi, le discours est ancré dans le dialogue, et non pas dans la narration, ce qui augmente l’impact de l’argumentation de Sénèque, en rendant son discours plus vivant, et capable d’interpeller le lecteur, quel qu’il soit. On pourra aussi relever la dimension pédagogique donnée au texte, dès les premières lignes, par de nombreux encouragements et félicitations de Sénèque à Lucilius : « pertaneciter » (qui a pour sujet la quantité de travail fournie par Lucilius) « omnibus omissis » (qui a pour sujet sa concentration, Lucilius laissant de côté tout le reste) et « quotidie » (qui a pour sujet la régularité du travail de Lucilius). Ainsi, ce dernier est présenté comme l’élève rêvé par Sénèque. Avec la gradation «probo et gaudeo »,on remarque que Sénèque glisse d’une simple constations impersonnelle (« probo », « j’approuve ») à un sentiment plus personnel (« gaudeo », « je m’en réjouit ») ce qui dénote l’implication personnelle de Sénèque vis à vis de son élève. Une autre manière pour Sénèque de féliciter son élève et de faire le lien entre son étude théorique de la philosophie, et son étude pratique : « studes et agis ». Ainsi, Lucilius met en pratique une véritable philosophie personnelle, dans le but de s’améliorer (« meliorem cotidie »), ce qui est selon Sénèque le véritable but d’un philosophe : devenir un peu meilleur chaque jour, la philosophie n’étant qu’un moyen pour y parvenir. Avec la gradation « hortor (...) rogo » il valorise donc ce comportement, et félicites-en quelque sorte son élève de son initiative personnelle.

B) Mais une relation de maître à élève

Mais si Sénèque se montre fier de son élève, il n’en devient pas aveugle. En effet, il le met clairement en garde « te admoneo », sur la question de l’apparence. On remarquera à ce propos la construction en chiasme utilisée par Sénèque : « conspici » (être remarqué), « in habitu tuo » (aspect extérieur), « genere uitae » (comportement), et un retour à « notablia sint » (être remarqué). Ainsi, Lucilius devra être particulièrement vigilant sur la question de son apparence, mais aussi sur son comportement. En effet, la philosophie à Rome, n’est pas seulement l’étude conceptuelle de quelques obscures théories, mais un véritable mode de vie, embrassant la totalité de l’être humain

II- L’apparence du philosophe selon Sénèque

Remarque : Rome était à l’époque infestée de prétendus philosophes, dont la principale caractéristique était d’avoir un aspect presque bestial (barbe, crâne rasé, vêtements excentriques, souvent

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