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Extrait du roman L'Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane

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Par   •  5 Décembre 2012  •  582 Mots (3 Pages)  •  3 368 Vues

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cheick hamidou kaneLes Samba Diallo pullulent sur les bancs des écoles, partout dans le monde et singulièrement, c’est encore vrai, mais pour combien de temps, dans le monde occidental. Peu importe donc la couleur de leur peau, leurs origines, leur condition sociale même. Les Samba Diallo, ce sont tous ces écoliers, qui deviennent des adultes, auxquels le modèle culturel dominant dans le monde impose un seul chemin, une seule condition égalitaire, la condition – pour aller vite - de l’homme moderne.

Nous sommes nombreux à être des Samba Diallo, engagés sans autre voie possible, sans autre voie qu’on nous propose, dans le chemin de l’homme moderne. Encore Samba Diallo, le Samba du roman L’Aventure ambiguë, choisit-il ; choisit-il comme un défi et comme il le dit, « l’itinéraire le plus susceptible de (l)e perdre. » Il choisit de se jeter dans la gueule du loup, on peut le dire. Il choisit de venir en France étudier la philosophie occidentale, c’est-à-dire, en somme, cette pensée qui, avec la modernité, engage l’homme dans un monde sans Dieu, lui, Samba Diallo, dont le destin premier est d’être croyant. Lui, dont la vocation était de recueillir l’héritage de son maître Thierno et de lui succéder. Mais pour nous, cette pensée est devenue lot commun. Et nous n’avons plus à choisir : cette pensée, c’est celle dans laquelle nous baignons depuis l’enfance, enseignés que nous sommes, depuis cette prime enfance, par nos professeurs de lettres, d’histoire, de philosophie – nos professeurs de doute et d’athéisme. Samba Diallo essuie les plâtres. Nous, c’est devenu notre destin commun, le chemin qu’on nous impose et pour lequel il n’y a pas d’alternative.

Ce chemin qu’on nous impose, qu’on impose à tous, blancs ou noirs, Samba ou Martin, Paul ou Jacques, aujourd’hui, ne souffre pas d’alternative, non. Samba était chanceux : Sénégalais croyant, confronté à un monde étranger qui venait le chercher d’abord chez lui, puis qui le recevait à domicile, il avait encore le choix : « le choix entre la foi et la santé du corps » ; le choix entre un monde traditionnel, aux valeurs traditionnelles, et un monde d’ingénieurs, de médecins qui tous veulent soigner, construire, guérir, installer l’homme dans un monde limité et confortable. Et lui donc, Samba, comme son pays, « se meurt de ne pas oser trancher cette alternative », la foi ou la santé, le monde d’hier, comme pourrait dire Stefan Zweig et le monde d’aujourd’hui, en bonne santé physique, et pourtant si malade, par ailleurs. Mais pour nous, pour nous tous, aujourd’hui, où est le choix, où est passée la possibilité d’une alternative ?

Et donc, tous, nous tous, nous avons peut-être commencé à mourir, dans un monde nettoyé de maladies, de Dieu, mais un monde vide. Comme le fou du roman qui raconte à Thierno son séjour en Europe, comme Samba vivant des mêmes émotions que lui, nous avons commencé de ressentir que, nous promenant dans nos rues, nous les trouvons bien vides. « On y rencontre des objets de chair, ainsi que des objets de fer. A part cela, pense Samba et pouvons-nous penser nous-mêmes, elles sont vides. » Et notre temps, comme le songe encore Samba, « est encombré ». Il n’est pas plein. Il n’est pas ancré dans la

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