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Explication de texte des coches montaigne

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Par   •  6 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  1 522 Mots (7 Pages)  •  1 672 Vues

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Montaigne, « des Coches », Essais, III, 6 : « Notre monde vient d'en trouver un autre »…

Explication de texte jusqu’à « …trahis eux-mêmes » uniquement

  • Notre monde vient d’en trouver un autre (et qui nous garantit que c’est le dernier de ses frères puisque les Démons, les Sybilles et nous, nous avons ignoré celui-ci jusqu’à cette heure ?) non moins grand, plein et fourni de membres que lui, toutefois si nouveau et si enfant qu’on lui apprend encore son a, b, c : il n’y a pas cinquante ans qu’il ne connaissait ni lettres, ni poids ni mesures, ni vêtements, ni céréales, ni vignes. Il était encore nu dans le giron de sa mère nourricière et ne vivait que par les moyens qu’elle lui fournissait. Si nous concluons bien quand nous disons que nous sommes à la fin de notre monde et si ce poète [Lucrèce] fait de même au sujet de la jeunesse de son siècle, cet autre monde ne fera qu’entrer dans la lumière quand le nôtre en sortira. L’univers tombera en paralysie : l’un des deux membres sera perclus, l’autre en pleine vigueur.

Nous aurons très fortement hâté, je le crains, son déclin et sa ruine par notre contagion et nous lui aurons fait payer bien cher nos idées et nos techniques. C’était un monde enfant ; pourtant nous ne l’avons pas stimulé et soumis à notre enseignement et à notre éducation en nous servant de l’avantage de notre valeur et de nos forces naturelles ; nous ne l’avons pas non plus séduit par notre justice et notre bonté ni subjugué par notre magnanimité. La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux montrent que [ces hommes] ne nous étaient nullement inférieurs en clarté d’esprit naturelle et en justesse [d’esprit]. La merveilleuse magnificence des villes de Cuzco et de Mexico et, parmi beaucoup d’autres choses semblables, le jardin de ce roi, ou tous les arbres, les fruits et toutes les herbes, selon l’ordre et la grandeur qu’ils ont dans un jardin [normal], étaient excellemment façonnés en or, comme, dans son cabinet, tous les animaux qui naissaient dans son Etat et dans ses mers, et la beauté de leurs ouvrages en joaillerie, en plume, en coton, dans la peinture, montrent qu’ils ne nous étaient pas non plus inférieurs en habileté. Mais en ce qui concerne la dévotion, l’observance des lois, la bonté, la libéralité, la franchise, il a été très utile pour nous de ne pas en avoir autant qu’eux. Ils ont été perdus par cet avantage et se sont vendus et trahis eux-mêmes.

Quant à la hardiesse et au courage, quant à la fermeté, la résistance, la résolution contre les douleurs et la faim et la mort, je ne craindrais pas d’opposer les exemples que je trouverais parmi eux aux plus fameux exemples anciens que nous ayons dans les recueils de souvenirs de notre monde de ce côté-ci [de l’Océan]. Car, que ceux qui les ont subjugués suppriment les ruses et les tours d’adresse dont ils se sont servis pour les tromper, et l’effroi bien justifié qu’apportait à ces peuples-là le fait de voir arriver aussi inopinément des gens barbus, différents d’eux par le langage, la religion, par l’aspect extérieur et le comportement, venant d’un endroit du monde ou ils n’avaient jamais imaginé qu’il y eût des habitants, quels qu’ils fussent, [gens] montés sur de grands monstres inconnus, contre eux qui non seulement n’avaient jamais vu de cheval mais même bête quelconque dressée à porter et à avoir sur son dos un homme ou une autre charge, munis d’une peau luisante et dure et d’une arme [offensive] tranchante et resplendissante, contre eux qui, contre la lueur qui les émerveillait d’un miroir ou d’un couteau, échangeaient facilement une grande richesse en or et en perles, et qui n’avaient ni science ni matière grâce auxquelles ils pussent, même à loisir, percer notre acier ; ajoutez à cela les foudres et les tonnerres de nos pièces [d’artillerie] et de nos arquebuses, capables de troubler César lui -même, si on l’avait surpris avec la même inexpérience de ces armes, et [qui étaient employées] à ce moment contre des peuples nus, sauf aux endroits où s’était faite l’invention de quelque tissu de coton, sans autres armes, tout au plus, que des arcs, des pierres, des bâtons et des boucliers de bois ; des peuples surpris, sous une apparence d’amitié et de bonne foi, par la curiosité de voir des choses étrangères et inconnues : mettez en compte, dis-je, chez les conquérants cette inégalité, vous leur ôtez toute la cause de tant de victoires. »

 

Montaigne, « des Coches », Essais, III, 6 : « Notre monde vient d'en trouver un autre »…

Explication de texte jusqu’à « …trahis eux-mêmes » uniquement

Voici quelques questions permettant d’explorer le texte. Elles vous aideront dans l’explication de texte à faire pour lundi.

  1. Quels sentiments la découverte du Nouveau Monde semble-t-elle susciter chez Montaigne, dans les premières phrases du texte ?
  2. Relevez tous les termes qui désignent le nouveau continent ; analysez-les précisément. Quelle vision en donnent-ils ?
  3. A la fin du premier paragraphe, quel est le raisonnement de Montaigne ? Reformulez-le.
  4. Dans la suite du texte, relevez et expliquez toutes les expressions qui critiquent les Européens ou remettent en question leur supériorité sur les populations du Nouveau Monde.  

Bilan : Quel regard Montaigne porte-t-il sur le Nouveau-Monde ?

Bonus : Hors des limites du texte à expliquer, le dernier paragraphe : comment Montaigne explique-t-il la victoire des Européens ?

Montaigne, « des Coches », Essais, III, 6 : « Notre monde vient d'en trouver un autre »… Eléments de réponse

  1. Quels sentiments la découverte du Nouveau Monde semble-t-elle susciter chez Montaigne, dans les premières phrases du texte ?

→ étonnement, mots forts : « un autre monde » + suscite questions comme le montre la parenthèse : « qui nous répond si…puisque nous avons ignoré… » : mise en question du savoir acquis, doute. Attitude typique de Montaigne mais aussi remise en question générale provoquée par découverte du nouveau continent. À relier à la représentation du monde médiévale, et à son évolution rapide au cours du XVIè, cf les cartes.

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