Explication De Texte: la pièce de théâtre Médée - Acte I, Scène 5 - de Corneille

Corneille – Médée – Acte I, scène 5

Intro

Le mythe de Médée a inspiré de nombreux auteurs depuis l’Antiquité, avec Sénèque et Euripide, en passant par La Péruse, Corneille (Pierre et Thomas), Pellegrin, jusqu’à nos jours, pièces de théâtre ou livrets d’opéra.

Corneille dit tout devoir à Sénèque. Cependant nous verrons, à travers la scène 5 de l’acte I, que Corneille a humanisé la Médée de Sénèque, de sorte que sa culpabilité soit problématique, que l’infanticide ne soit plus une volonté délibérée mais une possibilité qui s’est imposée à l’exilée au fur et à mesure des coups reçus de ses adversaires, victime aussi de ses passions, ce qui la rend conforme avec la conception que l’on a des femmes au XVIIe siècle, donc plus vraisemblable.

Nous verrons, à travers cette scène, que Médée est une héroïne cornélienne, qui sombre dans la solitude et dans l’isolement.

I – Une héroïne cornélienne.

Le héros cornélien est un personnage hors du commun qui se définit d’abord par le sens de sa « gloire », c’est-à-dire par une attitude de constance et fidélité à sa propre personne, à l’essence même de son être. Modestie et humilité lui sont étrangères.

Il affirme son identité, sa valeur, son caractère unique sans aucune justification.

A ce titre, Médée est bien une héroïne cornélienne.

A - Autodéfinition laudative (ici face à une adversité elle aussi hors du commun)

a -Tout d’abord, son rang royal

« Mon père qui l’était (roi) rompit-il mes projets ? » (v.328, réponse à Nérine dans une stichomythie).

« Tu vois en moi seule(…)le sceptre des rois » v. 324

b -Sa fierté (ou sa gloire)

« L’âme en est incapable (de dissimuler) »(v. 295)

« Mon savoir » (et non « mon pouvoir » qui sera dit par Nérine au v. 315 pour en souligner l’absence))

c -Son courage et son absence de crainte

Lexique du courage et de la lutte.

« L’âme doit se roidir plus elle est menacée (v.309-314)

Et contre la fortune aller tête baissée (=foncer)

l’âme pour la 2e fois (et non « mon » âme) = l’âme des gens de ma trempe.

« grand courage » (315) (question de Nérine)

« se faire valoir » (316)

« Je brave la fortune » (339)

B – Mais surtout, affirmation du MOI, d’un EGO démesuré

a – les pronoms et adj.

Nombreux pronoms et adjectifs de la 1ère personne (relèves-en qquns) qui trouvent un paroxysme dans le fameux « Moi/ Moi dis-je, et c’est assez » où ce MOI occupe un vers entier (v.321)

b - Les identifications de Médée

Le personnage acquiert une grandeur qui impressionne le spectateur, amplifiée par l’accumulation des vers 322 à 324, réitération anaphorique de « et », rythme croissant et parallélisme des 2 hémistiches du vers 324 dans l’énumération de ses attributs.

La gloire de Médée, dans cette scène, ne doit rien à ses pouvoirs magiques (même si elle évoque « la foudre des cieux »), qui semblent ici neutralisés . Elle est une héroïne tragique, du fait qu’elle est en situation de se démentir, de sacrifier sa propre gloire (ce qu’elle feindra de faire plus tard, d’abord dans l’espoir de reconquérir Jason, puis dans le but de se venger).

A force d’égocentrisme, l’héroïne sombre dans la solitude et l’isolement.

II – Un personnage humain et solitaire.

Médée est une femme ordinaire, terrifiante, certes, mais pitoyable.

Corneille a renforcé son ambiguïté en la représentant comme une femme qui revendique une vengeance qui semble la dépasser (voire la désespérer) ce que souligne le rôle de Nérine.

A – Médée

a – Elle exprime elle-même, dans cette scène, sa solitude et son désespoir, (v.297-300). « Jason m’a fait trahir…et la haine du mien »,

d’où l’ironie amère des vers 301-304.

Anaphore de « sans »,

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