Exemple de dissertation explicative

Exemple de dissertation explicative

Sujet : En étudiant la thématique, les relations entre les personnages ainsi que les lieux, vous devez prouver que «Maison à vendre» (Contes du lundi, 1873) d'Alphonse Daudet illustre bien le réalisme qui présente parfois une vision négative du monde.

Réalisme et pessimisme

Durant la première moitié du XIXe siècle, les courants littéraires se livrent de dures batailles.  Les romantiques s'opposent aux règles classiques; les parnassiens condamnent les romantiques ; les symbolistes critiquent la vision de l’art des parnassiens. De surcroît, naît une nouvelle conception de l'art : le réalisme, vision que partage Alphonse Daudet.  La volonté de peindre la réalité telle quelle, et non de créer un univers idéalisé, est manifeste dans le texte « Maison à vendre », tiré du recueil des Contes du lundi (1873). La présente étude voudrait montrer en quoi ce conte de Daudet relève du réalisme et de sa vision pessimiste du monde. Les liens avec le courant seront mis en évidence par l’analyse des principaux thèmes, des rapports entretenus par les personnages et de la représentation des lieux.

Dans « Maison à vendre », Daudet démystifie l’amour filial pur et inconditionnel en représentant un père exploité par ses enfants. L’auteur n’idéalise pas les rapports humains, mais lève le voile sur leurs motivations profondes. Ainsi, l’exploitation éhontée se manifeste par le fait que les enfants ne viennent voir « le vieux » que par intérêt. On ne peut que constater 1’opposition entre l'absence de visite mentionnée au début du texte : « il n’avait jamais de visite » (p. 1), et la fréquence des visites au moment où les enfants veulent que le pauvre paysan renonce à sa demeure : « Ils vinrent régulièrement tous les dimanches » (p. 1). Outre ce changement dans le comportement, plusieurs termes du texte suggèrent que le vieillard se fait exploiter et qu'il subit les pressions de ses enfants. Le narrateur dit que « des boutiquiers employaient tous les moyens » (p. 1), qu'ils «I'[accablaient...] de reproches» (p. 3) et « l'obligeaient à se défaire de son coin bien-aimé » (p. 2). Enfin, un champ lexical relatif au profit laisse deviner les motivations réelles des enfants : «argent» (p.2), « calculs » (p. 2), « comptoir neuf » (p. 2), « écus ».  On imagine bien où se situe leur intérêt. En somme, le motif de la pression exercée sur « le vieux » semble être l'argent, lequel vient complètement miner les rapports familiaux.

Les relations qu’entretiennent les personnages témoignent d’un rapport de force renversé. Le père qui, d’ordinaire, est la figure d’autorité suprême, est présenté par le narrateur témoin comme étant dominé par ses enfants. Les nombreux termes péjoratifs utilisés pour décrire les enfants profiteurs traduisent le procès qui est implicitement fait à la jeune génération « de petits boutiquiers », aux « voix aigres » (p. 1), à « l'air faussement doux » (p. 2), toujours en train de manigancer : « Et c’était des apartés dans tous les coins » (p. 1) ; « On amenait les petits-enfants pour le séduire » (p. 2). Certes, le point de vue de la narration n’est pas neutre. En peignant le père comme une victime, complètement dominée, le narrateur témoin veut susciter notre pitié : « Il allait tout voûté, des larmes dans les yeux » (p. 2) ; « le vieux courbait le dos sans rien dire et se consolait en regardant monter ses petits pots » (p. 2). Mais cette dépréciation des petits boutiquiers » dominateurs, si elle trahit le parti pris du narrateur, rend l'exploitation du père aussi crédible que révoltante.

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