Etude d'un poème de Paul Eluard
Commentaire de texte : Etude d'un poème de Paul Eluard. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 8 Juin 2014 • Commentaire de texte • 1 298 Mots (6 Pages) • 1 283 Vues
son cœur au sens fort, c’est-à-dire tout ce qu’il a de sensible, son âme (idée confirmée par les vers 2 & 3 : « rond de danse, auréole, berceau »).
Dès que le poète prend conscience de ce refuge, tout le passé dans lequel il n’a pas connu Gala s’abolit (vers 4 & 5).
Vers 6-12 : groupes nominaux simplement juxtaposés, qui invitent donc au rêve : les yeux de la femme, par toutes leurs qualités, invitent à rêver à ce que le monde a de plus doux.
Vers 13-14 : élargissement au monde, message moral : comme les yeux de Gala sont purs, le monde entier qui s’y reflète peut retrouver l’innocence...
Vers 15 : écho approfondi du vers 1, le sang reprenant le cœur, le « Je » du poète. Ce poème a donc une structure circulaire (la boucle est bouclée) : le « Je » du poète cherche perpétuellement un refuge et un principe de vie dans les yeux de la femme qu’il aime.
On peut donc commenter ce texte selon 2 axes successifs :
1) Le thème du regard
2) La conception de l’amour qui est présentée ici.
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I / LE THEME DU REGARD :
1) Le regard de Gala est plus ou moins décrit :
Les yeux sont dès le départ la « courbe » qui captive le poète, ils l’entourent comme pour le retenir prisonnier (« tour, rond de danse, auréole, berceau ») : ils dessinent un cercle au pouvoir magique, ou un ovale (« bateaux » peut rappeler leur forme).
Les images des vers 6-12 associent 2 substantifs réunis par la seule préposition « de » ; elles ont ainsi un fort pouvoir d’évocation. Les yeux semblent ainsi
doux (« douceur », « auréole » : connotation de sainteté...)
mobiles et vivants (« rond de danse » comme s’ils étaient en mouvement, « roseaux du vent » comme des roseaux agités par le vent, « ailes » qui peuvent être en train de battre, « chasseurs des bruits » comme s’ils étaient sans cesse à l’affût de quelque chose...)
scintillants (« mousses de rosée »...)
irisés, aux reflets changeants (« sources des couleurs »...)
transparents et profonds (« feuilles de jour », comme s’ils étaient faits d’une matière aussi transparente et impalpable que le jour...)
2) Ils semblent dotés de valeurs symboliques :
ils sont un refuge pour le poète , ils lui apportent la protection : « berceau [...] sûr », « ailes couvrant le monde » = idée de protection.
ils l’aident à vivre : vers 4-5 :
« Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu. »
Le « Je » dépend totalement du regard, donc de la femme aimée, puisque la vie avant elle est oubliée.
Même chose vers 15 :
« Et tout mon sang coule dans leurs regards »
Le sang, symbole de vie, est détourné de son lieu originel : il ne coule plus dans le cœur du poète, mais dans les yeux de la femme aimée... ces yeux deviennent donc son principe de vie ! C’est une image étonnante, puisqu’elle affirme fortement (« tout mon sang » a une valeur d’insistance) une association qui contredit un principe de vie fondamental (sang / yeux au lieu de sang / cœur). L’association des pronoms je / tu renforce cette idée, presque à chaque phrase. Ceci sous-entend à quel point l’amour d’Eluard pour Gala est grand : par cette association, leurs deux personnes ne forment plus qu’un être unique - dans tous les sens du terme, régi par des mécanismes de vie qui n’appartiennent qu’à lui. C’est une vision surréaliste de l’amour, tout à fait en accord avec cette volonté qu’ont les surréalistes de révolutionner la réalité : l’amour reformule les lois de la création, il crée ses propres principes de
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