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Eloge de l'hypocrisie

Commentaire de texte : Eloge de l'hypocrisie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  2 986 Mots (12 Pages)  •  456 Vues

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Hidouche                                                                                                                                                 1er HLP gr2

Lina

Commentaire littéraire sur Acte V, 2

Don Juan

                Molière (1622-1673), anciennement tapissier, il devient directeur de troupe, auteur, metteur en scène et acteur. Molière fréquente la noblesse puis obtient la protection de Philippe d'Orléans, et de Louis XIV lui-même, qui lui accorde une pension. Les dévots, groupe de pression ultra-catholique conservateur voit d’un mauvais œil l’influence grandissante de Molière auprès du roi. Dans ce contexte, 1665 est une année de forte lutte dans la carrière de Molière. Les dévots ont déjà manifesté leur opposition à Tartuffe (1664), où Molière dénonçait l’hypocrisie religieuse. Molière est accusé d’athéisme. Les dévots vont de nouveau se déchaîner contre Molière qui, avec Dom Juan (1665), persévère dans la critique de l’hypocrisie. Le texte que nous allons étudier, extrait de l’acte V scène 2 suit la scène 2 dans laquelle Don Juan annonce à son père sa conversion et son repenti. Celui-ci s’en réjouit grandement, de même que Sganarelle. Ce dernier après le départ du père va assister à la tirade du protagoniste qui n’a jamais envisagé de se repentir et fait ainsi l’éloge de l’hypocrisie. Un éloge à priori paradoxale compte tenu de l’immoralité de cette pratique. La visée de ce commentaire est donc d’étudier l’hypocrisie, ses avantages et ses motivations d’après Don Juan mais aussi Molière. Ainsi, nous allons nous poser la question suivante : Comment Don Juan défend l’hypocrisie? Pour répondre à cette question, nous allons dans un premier temps voir la description que Don Juan fait de l’hypocrite, puis quels avantages en tire-t-il et finalement ce qui motive Don Juan à être libertin.

        Premièrement, Don Juan fait le portrait de l’hypocrisie. C’est-à-dire qu’il décrit, presque objectivement si ce n’était point un éloge, cette pratique. C’est donc en plusieurs points qu’il décrit l’individu qu’est l’hypocrite.

   L’hypocrisie est avant tout un métier. Par définition, c’est donc un travail qui permet de subvenir aux besoins de l’homme. Le champ lexical du travail est en effet utilisé durant le discours de Don Juan : « profession », « métier » : on comprend ici qu’il valide l’existence de ce métier. De plus, l’utilisation du présent de vérité générale qui affirme que le personnage d’homme de bien et la profession d’hypocrite sont de merveilleuses pratiques nous induit que Don Juan considère cela comme un constat. C’est une affirmation qui se veut moralisatrice. C’est donc un fait qu’on ne peut renier et qui qualifie son discours de presque objectif, du moins, c’est l’effet qu’il veut donner par l'usage de tournures impersonnelles simulant un discours moral. En effet, Don Juan a recours à des structures impersonnelles : "il n'y a", "on" : il généralise ainsi sa perception de l'hypocrisie, et ne fait pas de cas particulier. Plus précisément, le métier dont Don Juan usurpe l’identité est celui de dévot. Sous sa protection, l’hypocrite est libre de tout. Son imposture est respectée par son statut social.

   De même, l’orateur décrit aussi l’hypocrisie comme un art. L’art de faire la grimace. « grimaces » « panneau des grimaciers » : ici, c’est une aptitude qui est définit. L’hypocrite est qualifié comme quelqu’un de capable de manipuler son entourage pour leur faire croire qu’ils ont affaires à quelqu’un de profondément bon. De très nombreux adjectifs mélioratifs sont utilisés afin d’élever intellectuellement cette pratique qui se veut presque noble, puisque c’est un art dont l’artiste doit recevoir de la reconnaissance pour son talent : « meilleur », « merveilleux », « privilégié ». Indirectement, la présence de ces adjectifs mélioratifs contribue au portrait positif que Don Juan fait de l’hypocrite. Cette répétition d’adjectif sert d’amplification afin de bien montrer le bel aspect de cet art. Cet art est celui du comédien : ironique propos tenu par Molière lui-même comédien. En addition, le portrait physique de l’artiste ou faux dévot est fait par une énumération des parties du visage et l’attitude : « baissement de tête », « soupir mortifié », « deux roulements d’yeux ». Ainsi, l’art de la grimace se caractérise par des attributs précis. Le discours a encore une fois ici une dimension générale qui touche tous les imposteurs. Celle-ci tente de se décrire le plus largement possible en étant toutefois spécifique dans sa description, physique notamment.

   Il s’avère que notre protagoniste définit l’hypocrisie comme un jeu. Un jeu de rôle. Il y a un aspect agréable à cette performance que Don Juan effectue tout le temps. « personnage », « personnages », « jouer » : nous retrouvons ici des termes appartenant au champ lexical du théâtre. Il est donc avant tout un acteur. Il joue le rôle d’un dévot, mais n’en est pas un. Il y a donc une mise en abyme car nous retrouvons du théâtre dans le théâtre. De plus, il utilise le terme de « masque », qui se dit « hypocrite » en grec ancien, mot appartenant au champ lexical du costume : cela s’accorde donc bien avec cette idée de performance théâtrale qu’il effectue en tant que faux dévot. « stratagème » : ce mot appartenant au champ lexical de la tactique renvoie à cette dimension du jeu qu’il faut gagner. Cela en devient presque facile au point que tout le monde pourrait être hypocrite.

   Ainsi, Don Juan défend l’hypocrisie avec une description qui se veut presque moralisatrice. Il la définit comme étant un métier dont l’imposture est toujours respectée sous la couverture de faux dévot, mais aussi comme un art qui consisterait à faire la grimace. Puis il nous décrit cela comme un jeu de rôle, tel que l’on pourrait le voir au théâtre. L’hypocrisie serait donc une question de capacité et de savoir-faire, un métier, un art, un jeu comme un autre.

        

        Néanmoins, malgré une description qui tente de s’introduire comme moralisatrice et presque objective, Don Juan poursuit son éloge par une explication des avantages de l’hypocrisie et tente de convaincre son auditoire.

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