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El Viajero - Antonio Machado

Commentaire d'oeuvre : El Viajero - Antonio Machado. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 830 Mots (8 Pages)  •  344 Vues

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Parmis la Génération de 98 - génération d’écrivains et de poètes impactés par la crise qu’entraîne à partir de 1898 la guerre hispano-américaine, Antonio Machado se démarque comme la figure d’un poète majeur de son temps. Né en Espagne en 1875 et mort en France en 1939, sa vie est marquée par deux guerres : la guerre hispano-américaine qui va faire de lui un membre de la Génération de 98, et la guerre civile Espagnole qui le coupera de son frère - franquiste tandis que lui était républicain - et causera sa mort par épuisement à Collioure. Le poème que nous allons ici étudier, El viajero, publié en 1907 dans son recueil Soledades. Galerías. Otros poemas, présente une certaine relation à la fois au style de l’écrivain et à sa vie vécue. L’oeuvre s’inscrit dans le courant du modernisme, impacté par la crise politique et sociale découlant de la guerre hispano-américaine, entraîné par une perte pour l’Espagne de Cuba, des Philippines, de Porto-Rico et de Guam. De plus, le poème est pessimiste et présente une idée de renouement avec la famille en présentant une désillusion qui peut se rapporter à celle d’une Espagne ancienne et fantasmée, voir encore considérée, par les conservateurs. Le poème se compose de quatrains contenant des vers en alexandrins dont les rimes sont croisées (ABAB), formule très classique qui permet au poète de présenter plusieurs idées tournant paradoxalement autour de la retrouvaille par la perte. En effet, le poème décrit le retour d’un voyageur dans sa famille suite à un départ lointain ainsi que sa transformation à la fois physique et mentale au travers d’un nombre important de procédés stylistiques, majoritairement métaphoriques.

De quelle manière l’auteur, par la description du retour du voyageur et par sa redécouverte, décrit-il une notion de perte ?

Dans un premier temps, nous verrons comment le poète décrit la redécouverte d’un membre de la famille après une longue absence dans les trois premières strophes, puis nous présenterons la description faite du voyage dans les strophes quatre à sept et son impact sur le voyageur et sa jeunesse au travers d’un sentiment de perte. Enfin, nous montrerons comment le poète décrit dans les deux dernières strophes, au travers des réactions de la famille et du voyageur, une notion d’absence.

Dès les premiers vers, la position du narrateur est annoncé au lecteur : il s’agit d’un narrateur-personnage (homodiégétique) présenté par l’utilisation de la première personne du pluriel, et qui nous décrit le contexte à travers ses yeux : “entre nosotros”, “vimos” La strophe se construit dans une forme d’antithèse : les deux premiers vers en opposition aux deux derniers. En effet, le poète décrit au début une “sala familiar, sombria” qui s’oppose au troisième vers, “un claro dia”, sous-entendant une notion d’extérieur. De plus, les mots “entre nosotros” se heurtent au départ du voyageur, “vimos partir hacia un país lejano”. La strophe décrit alors une notion de distance entre le voyageur et sa famille. Les mots “sueno infantil” servent ici de métaphore au souvenir de son départ et le situent dans le temps, sous-entendant qu’il s’en est allé dans sa jeunesse - thème que nous approfondirons plus tard.

Cette notion de jeunesse lors du départ est mise en opposition au retour dans la deuxième strophe. Tout d’abord par le mot “Hoy”, qui ramène le lecteur au présent. Puis, tandis qu’il semble être parti jeune, il revient âgé : ce qu’on voit par la métaphore “las sienes plateadas” ou - plus directement - par “un gris mechon”. Pourtant, l’utilisation discrète du mot “ya” sous-entend une rapidité du vieillissement du voyageur et nous rappelle que ce dernier nous est décrit au travers du regard du narrateur et de la famille. L’opposition se fait également avec la première strophe sur d’autres points : le rêve du départ est remplacé par “sus miradas”, plus concrets, qui s'aperçoivent d’une absence du voyageur, “un alma casi toda ausente”, qui renvoie à son absence dans l’âme familiale. Cette notion d’absence peut aussi renvoyer à l'âme au sens propre du terme, comme si le voyageur avait laissé son âme lors de son voyage, qu’elle appartenait plus aux régions visitées qu’à sa région natale.

La notion de vieillesse est accentuée par plusieurs métaphores lors de la troisième strophe, comme “las copas otonales”, “el parque mustio y viejo”, ou encore “la tarde”. Le vers “La tarde, tras los húmedos cristales, se pinta”, sous-entend une certaine expérience chez le voyageur. Le regard joue encore un rôle important, notion qui est d’ailleurs présentes dans les trois premières strophes “vimos” (1ere strophe), “miradas” (2eme) et qui accentue l’idée d’une redécouverte du voyageur par la famille grace au sens de la vue. La notion d’âme et de vue est cette fois-ci sous-entendue par la métaphore “en el fondo del espejo,”, qui fait penser à la citation célèbre de Cicéron, “Les yeux sont le miroir de l’âme.”

La strophe quatre présente une rupture paradoxale avec les trois premières strophes. En effet, il amène le lecteur à un nouveau sujet, celui d’une perte de la jeunesse, tout en continuant la phrase du vers précédent, continuation accentuée par l’absence de majuscule au début de la strophe. Le premier vers est également parallèle au troisième vers de la deuxième strophe. En effet, il met en opposition “la fria inquietud de sus miradas” à une certaine notion de chaleur chez le voyageur, “ el rostro del hermano se ilumina”. Le voyageur semble heureux de rentrer; en effet, le voyage - auparavant

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