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Dissertation sur le conte Peau d'âne de Perrault

Dissertation : Dissertation sur le conte Peau d'âne de Perrault. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Septembre 2014  •  1 506 Mots (7 Pages)  •  1 528 Vues

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Comme le conte de Peau d’âne est, dit-on, un des chefs-d’œuvre du genre, un des mieux inventés, un des plus variés pour les événements, il, est important de démontrer que Perrault n’en est pas l’auteur primitif, qu’il n’a fait que le mettre en vers, comme celui de Griselidis.

La guerre littéraire que Perrault avait allumée dans le sein de l’Académie, par la lecture de son poème sur le siècle de Louis XIV, le détermina à composer son ouvrage intitulé Parallèle des anciens et des modernes. Le second volume de cet ouvrage avait paru dés l’an 1689, et la seconde édition porte la date de 1693, c’est-à-dire qu’elle est antérieure d’un an à la première édition du conte de Peau d’âne. Perrault a, dans son Parallèle, adopté la forme du dialogue. Dans un endroit de cet ouvrage, le partisan des anciens y exalte les Fables milésiennes. Le partisan des modernes lui répond : « Les fables milésiennes sont si puériles, que c’est leur faire assez d’honneur que de leur opposer nos contes de Peau d’âne et de Mère l’oye. Le cardinal de Retz, dans ses Mémoires, et plusieurs auteurs de ce temps font souvent allusion au conte de Peau d’âne. Boileau, dans la dissertation sur le conte de Joconde, imprimée pour la première fois en 1669, c’est-à-dire plus de trente ans avant les contes de Perrault, s’exprime ainsi : « Qu’aurait-on dit de Virgile, bon Dieu ! si à la descente d’Énée dans l’Italie, il lui avait fait conter par un hôtelier l’histoire de Peau d’âne, et des contes de ma Mère l’oye?» Cette plaisante idée de Boileau ne lui appartient pas, et bien avant qu’il eût écrit sa dissertation, Scarron, ce grand-maître du burlesque, dans le livre II de son Virgile travesti, parlant d’Astianax et d’Hécube, avait dit :

Et cette bonne mère grand, Quand il devint un peu plus grand, Faisait avec lui la badine, L’entretenait de Mélusine, De Peau d’âne et de Fier-à-Bras, Et de cent autres vieux fatras.

Molière, dans son Malade imaginaire, représenté en 1673, fait dire à Louison, acte II, scène I : « Je vous raconterai, si vous voulez, pour vous désennuyer, le conte de Peau d’Ane. » La Porte, dans ses Mémoires, dit qu’en 1645, Louis XIY, enfant, mais déjà passé dans les mains des hommes, ne pouvait s’endormir, parce qu’on ne lui contait plus des contes de Peau d’âne, ainsi que les femmes qui le gardai en avaient coutume de le faire. On voit bien, par ces passages, que le conte de Peau d’âne et les contes de la Mère l’oye étaient aussi connus du peuple que Griseledis avant que Perrault s’avisât de les habiller à sa façon, en vers et en prose. Ceci rectifie déjà une erreur presque universelle relativement à ces vers de La Fontaine:

Et moi-même qui fais cette moralité:

Si Peau d’âne m’était conté,

J’y prendrai un malin plaisir extrême.

On a cru généralement que ces vers faisaient allusion au conte de Perrault, intitulé Peau d’âne. Quelques commentateurs ont même été charmés de faire preuve à ce sujet de leur sagacité, en faisant ressortir dans ce passage un trait malin et épigrammatique dirigé, selon eux, par le bonhomme contre le détracteur et l’antagoniste des chefs-d’œuvre de l’antiquité. La vérité est que la fable IV du livre VIII, dans laquelle se trouvent ces vers de La Fontaine, parut dans son second recueil en 1678, et que notre fabuliste ne pouvait alors deviner que Perrault publierait, seize ans après, le conte de Peau d’âne. Il faut donc en conclure que ce conte de Peau d’âne était connu, était populaire, lorsque La Fontaine écrivit sa fable, et que, bien loin que notre fabuliste fasse allusion au conte versifié par Perrault, ce sont ces vers même qui paraissent avoir donné à Perrault l’idée de versifier le conte, et de le publier, dans l’espérance que tout le monde penserait comme le bonhomme, et prendrait un plaisir extrême à le lire.

Quelque décisives que paraissent ces preuves, on pourrait faire une objection tirée des Contes ou joyeux Devis de Bonaventure Desperiers. La cent trentième nouvelle de ce recueil porte ce titre : D’une jeune fille surnommée Peau d’âne, et comment elle fut mariée par le moyen que lui donnèrent les fourmis. Voici quel est ce conte en substance : un gentilhomme devint amoureux de la fille d’un marchand, surnommée Pernette, et s’en fit aimer. Le père et la mère ne voulaient pas ce mariage, mais n’osaient refuser leur consentement. Ils imaginèrent de ne donner ce

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