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Dissertation sur la sensibilité du poète HLP TERMINALE

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Par   •  18 Octobre 2021  •  Dissertation  •  2 035 Mots (9 Pages)  •  4 885 Vues

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DEVOIR MAISON HLP

En quoi la sensibilité du poète peut-elle apparaître à la fois comme une force et comme une faiblesse ?

“La sensibilité de chacun, c’est son génie.". Ces mots sont ceux de Charles Baudelaire, et nous renseignent sur l’importance de la sensibilité chez l’artiste. La sensibilité est l’aptitude à s’émouvoir, à éprouver des sentiments plus ou moins vifs : elle est très présente chez l’artiste, plus particulièrement le poète.Quant au mot poésie, il vient du verbe grec poiein qui signifie "produire", "créer".

Dès lors, nous pouvons nous demander comment cette sensibilité peut devenir une force ou une faiblesse chez le poète. Si cette aptitude particulière peut être un véritable atout, elle peut également se transformer en fragilité pour l’artiste : mais ce don ne serait-il pas nécessaire au processus de création du poète ?

L’expression de la sensibilité chez le poète se remarque tout particulièrement lors de la période du romantisme : le discours poétique romantique aspire à atteindre le plus intime de l’être et de ses sentiments. Alfred de Musset, grand romantique de sa période, disait donc : “Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie". Les mots du poète laissent entendre que la sensibilité est une force pour l’expression de son moi intérieur,ainsi qu’une force messagère, pour celui qui en fait l’usage.

En effet, la sensibilité du poète peut lui permettre de mettre des mots sur l’inexplicable, de créer pour l'aider, l’accompagner. C’est ce que nous voyons avec les poèmes d’Alphonse Lamartine, grande figure du romantisme en France. Dans ses Méditations poétiques, Lamartine utilise sa sensibilité comme un intermédiaire entre la nature et ses états-d’âme. Plusieurs de ses poèmes, comme Le Lac, Automne ou l’Isolement, décrivent des paysages qui retranscrivent les sentiments du poète. Cette sensibilité lui permet de mettre des mots sur ce qu’il traverse : L’amante et muse de Lamartine, Julie Charles, ayant perdu la vie, le poète s’abandonne à son chagrin et se console au travers de ses mots. Ce don de sensibilité lui permet d’entrer en harmonie avec la nature, et d’utiliser cette dernière pour créer ce que l’on appelle des paysages état-d’âme. De même pour Victor Hugo, qui avec sa sensibilité, trouve des mots pour accompagner son deuil et produire une création artistique sur ce qu’il vit : comme avec Demain dès l’aube, l’un des poèmes des Contemplations, qui fait suite au deuil d’Hugo face à la mort de sa fille Léopoldine.

La sensibilité du poète devient alors une force : elle est un intermédiaire pour faire face aux épreuves de la vie, elle permet d’utiliser ce que l’artiste ressent pour produire un poème.

Mais cette sensibilité est également une force messagère. En effet, la sensibilité du poète l’amène à recevoir le monde d’une façon plus forte que les autres : cette faculté peut être une force pour dénoncer les maux de la société de son temps. C’est le cas notamment du poème d’Arthur Rimbaud, Le dormeur du val : le poète use de sa sensibilité aiguë pour dénoncer les horreurs de la guerre, qui l’ont tant marqué. C’est également le cas du poème “Strophe pour se souvenir”, de Louis d’Aragon, poète engagé du XXème siècle, écrit en mémoire du groupe Manouchian, résistants étrangers fusillés par la Gestapo en 1944. Le poète ici reçoit le monde, utilise sa sensibilité pour le transformer en écrit et faire de ce qu’il perçoit, un outil de dénonciation.

La sensibilité du poète permet l’expression de son “moi” intérieur, et l’amène donc à trouver des mots pour l’accompagner, extérioriser son vécu, ainsi que de se placer en intermédiaire entre le monde extérieur et la création artistique. Elle devient une force messagère lorsque le poète transforme sa perception du monde, plus vive, en une arme de dénonciation.

Si la sensibilité du poète est une force dans son parcours de création, elle peut être également source d’un esprit torturé, voire la racine d’un destin douloureux. Stéphane Mallarmé, dans Poésies, ressent par exemple des tourments si profonds que seule la mort lui paraît libératrice : "j'ôterai la pierre et me pendrai".

La sensibilité du poète amène ce dernier à éprouver avec plus de violence les sentiments qui s’offrent à lui. Sans le vouloir, le chagrin, les remords, le doute, le désespoir ou la colère s’imposent à lui brutalement. Cette sensibilité peut alors le faire sombrer dans la peine la plus totale, être source de solitude, jusqu'à nourrir un destin douloureux et une quête du beau impossible. C’est ainsi que naît le spleen baudelairien, une forme de désespoir radicalement nouveau, de mélancolie qui ne ressemble à aucune autre. Le mot spleen a pour origine le mot anglais spleen (du grec ancien splēn) qui signifie « rate » ou « mauvaise humeur ». En effet les Grecs pensaient que la rate déversait un fluide noir dans le corps : la bile noire, responsable de la mélancolie. Chez Baudelaire, le spleen devient une des composantes essentielles de l'angoisse d'exister, comme le montre son poème Le confiteor de l’artiste, extrait de son oeuvre Le spleen de Paris , dans lequel le poète dit : “Toutefois, ces pensées, qu’elles sortent de moi ou s’élancent des choses, deviennent bientôt trop intenses. “. Baudelaire raconte et met en scène, son mal être, son incapacité à vivre dans le monde qui est le sien. Beaucoup de poètes de son époque ressentent la même inadaptation : c’est le cas d’Alfred de Musset, poète romantique du XIXème siècle. Dans son poème La nuit de décembre, il décrit une sorte d’ombre lui ressemblant “comme un frère”, et le suivant dans les moments les plus tristes de sa vie : “A l'âge où l'on croit à l'amour, j’étais seul dans ma chambre un jour, pleurant ma première misère.” . A la fin du poème, le lecteur comprend que cette ombre est la solitude qui suit le poète , et “qui n'apparaît qu'au jour des pleurs”. La sensibilité du poète devient alors

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