Dissertation sur la Poésie

L’écrivain J. Cocteau définit ainsi la poésie : “L’espace d’un éclair nous voyons un chien, un fiacre, une maison pour la première fois. Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile dans toute la force du terme. Elle montre nues sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. Mettez un lieu commun en place, nettoyez-e, éclairez-le de telle sorte qu’il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu’il avait à sa source, vous ferez oeuvre de poète”.

A partir des textes du corpus et de ceux que vous connaissez, vous expliquerez et commenterez cette conception de la poésie.

La poésie est un art dont l’existence écrite remonte jusqu’à l’antiquité et qu’ “on ne sait pas ce que c'est, mais on la reconnaît quand on la rencontre” 1. Malgré sa complexité, plusieurs auteurs ont, au fil du temps, essayé de la définir. Etant donné que la poésie peut être utilisé afin de plusieurs buts différents, chaque personne aura sa propre conception de cet art. Pour Victor Hugo, la poésie est “un monde enfermé dans un homme”. C’est un monde qui existe en nous et qui ne gagne vit que lorsqu’on l’écrit sur papier tandis que pour Cocteau, la poésie est un moyen de “dévoiler dans toute la force du terme les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement”. Cocteau nous invite à prendre un objet de notre quotidien et de le ‘purifier’ afin de le retrouver à sa source et ainsi, de le regarder avec d’autres yeux.

Dans le but de commenter cette vision/définition de la poésie, nous reverrons les bases/ la source de la poésie, ensuite le rôle de celle-ci selon Cocteau et enfin le regard que les autres lui portent.

Afin de mieux comprendre ce qu’est la poésie, le mieux serait de remonter à ses origines. De nos jours, la poésie est définie dans le dictionnaire de la façon suivante : “Art du langage, visant à exprimer ou à suggérer par le rythme (vers ou prose), l’harmonie et l’image”. Ceci est donc une vision moderne de ce genre littéraire, mais qu’en était-il de la vision de ceux qui l’ont connu à l’Antiquité ?

Le poète a toujours été un créateur, un inventeur de formes.De retour aux temps anciens, la poésie était tout art oratoire (où on utilisait le langage), tel le chant et le théâtre. Les premiers poètes peuvent être associés à une espèce de troubadours dont leur but était de divertir par les mots. Les poèmes étaient donc chantés et il était inconcevable de penser à les lire seulement. C’est peut-être pourquoi Shakespeare, des siècles plus tard, a développé une définition de la poésie qui nous rappel ces racines ( la poésie est cette musique que tout homme porte en soi ).

Une des premières caractéristiques nées chez la poésie qui la différencie des autres arts oratoires est sa forme en vers (qui change beaucoup de la prose). Puis, c’est petit à petit qu’on a commencé à catégoriser la poésie. La poésie épique, comique et dramatique étaient les trois premières catégories dont l’auteur s’inscrivait, la poésie lyrique n’apparaissant que plus tard.

La poésie reste toujours un art lié au langage qui suscite chez son lecteur et son créateur des images nouvelles (qui relève du réal ou de la fantaisie) provoqué par l’harmonie, le rythme, les rimes et la façon de s’exprimer. Même si elle sert à présent plusieurs propos, elle reste un divertissement pour beaucoup. Même à travers les siècles, elle réussit à garder son essence première tout en continuant d’évoluer. C’est dans ses racines qu’elle puise sa force et qui fait qu’elle soit un genre littéraire toujours d’actualité plutôt que quelque chose qui finit oublié dans le temps.

Toutefois, elle puise également sa force chez les auteurs qui n’ont pas cessé de lui apporter leur touche personnel, quelque chose de nouveau et quelque peu intrigant par moment.

Étant renouvelée au cours du temps et des civilisations, la poésie reste quelque chose d’assez manoeuvrable et qui abordent des sujets diverses et variés même si elle contient toujours des règles que la majorité se force de respecter (la versification ou la prose, les rimes, les vers libres…). La grande majorité des poètes dont on entend parler sont des poètes lyriques dont la beauté (que ce soit dans l’allégresse ou la tristesse) et les sentiments sont la source et l’essence de leur poèmes. Ils ont fait de la poésie un outil pour faire savoir leur sentiments et ressenties, de poser des mots sur ce qu’ils ressentent envers le monde et les autres.

Ensuite, il y a le poète prophète qui découvre et nous fait découvrir le monde et ce qui nous entoure à travers ses écrits. Cocteau peut facilement être associé au poète prophète qui est un ‘voyant’ qui regarde le monde avec un autre regard.

Enfin, il y a le poète engagé, qui utilise la poésie comme un noble outil pour dénoncer des injustices ou soutenir des causes ou situations. A travers ses mots, il arrive à nous sensibiliser et nous toucher.

Puisqu’ils l’utilisent dans divers buts, chaque poète n’a pas la même vision concernant cet art et la définissent en se basant sur leur vision personnelle. Ce sont ces types de poètes (sans parler des mouvements littéraires existants) qui contribuent à enrichir la poésie. Ceci montre comment la poésie est vaste et riche.

Cocteau peut être classé comme prophète. Il considère que le poète doit être quelqu’un qui voit avec clarté et qui ‘purifie’ l’objet de son poème avant de renvoyer le reflet de ce qu’il voit sur papier. De ce fait, son lecteur pourra visualiser l’objet à sa source première.

Dans sa définition de la poésie, il nous invite à faire “oeuvre de poète en mettant un endroit commun en place, le nettoyant et l’éclairant de façon à ce qu’il frappe avec sa jeunesse et la même fraîcheur,le même jet qu’il avait à sa source”.

Il nous invite à regarder ce qui nous entoure sous un autre jour, comme pour la première fois. C’est un appel à développer nos sens et questionner si l’objet que nous regardons est vraiment comme ça, ou si c’est juste une apparence et que son intérieur cache beaucoup plus. C’est regarder au-delà de ce qu’il est, mais se remémorer ce qu’il a déjà été et pourquoi ou comment il est devenu comme ça. Dans Une charogne de Baudelaire, l’auteur a ramené la charogne à son état premier et d’une certaine façon, en l’associant à la femme aimée et la personnifiant (“Les jambes en l’air, comme une femme lubrique”), il a réussi

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