Dissertation sur Les Caracteres de La Bruyère

AM                                                 Exercice de Dissertation                                   

602

[pic 1]

Problématique: Pourquoi peut-on dire que les livres V à X des Caractères de La Bruyère développent l’idée que le monde est un théâtre ?

Introduction:

        À l’origine du mot “théâtre”, nous trouvons le verbe grec theaomai (θεάομαι), qui signifie voir, contempler et être spectateur, verbe à partir duquel nous avons rajouter tron (τρον), le suffixe pour le lieu, pour donner theatron (θέατρον); l’endroit où l’on voit, on regarde et on est spectateur: le théâtre. Plus tard, theatron nous a donné theatrum, soit théâtre en latin, pour ensuite y ajouter mundi, le monde, afin de dénoncer le theatrum mundi, le théâtre du monde, une mise en scène de la société régnée par les illusions. Le terme de theatrum mundi devient une métaphore de la théâtralité du monde et de la société très en vogue à l’époque classique, et convoité par de nombreux des confrères classiques de Jean de La Bruyère, tels que Molière et bien même Shakespeare. De plus Jean de la Bruyère se situait au première loge du spectacle illusionniste et théâtrale des courtisans et des courtisés, et se définissait même comme un témoin privilégié de cette “comédie humaine”, par son rôle de précepteur du Duc de Bourbon. Cela est par ses années ligne de front de ce théâtre du monde que Jean de La Bruyère aurait commencé à écrire Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle dès 1670, un ensemble de maximes, remarques, portraits et de réflexions sur cette cour qu’il aborde, et le publia en 1688. En revanche, La Bruyère ne cessera pas d’éditer, de polir et de raffiner son ouvrage jusqu’à sa mort en 1696, en tentant sans cesse de capturer la théâtralité de cette société. L’enjeu est alors ici de comprendre comment Jean de La Bruyère arrive à capturer l’idée d’un monde purement théâtral dans Les Caractères (libres V à X) à travers cette cour courtisane, cour établie sur des mœurs, des codes et des apparences. Nous allons donc d’abord aborder le sujet de la mise en scène théâtrale du quotidien de la cour, ce qui va nous permettre d’ensuite explorer les coulisses illusionnistes et remplies de songe cachées derrière celle-ci, pour enfin étudier la réelle nature de cette mise en scène, totalement impuissante face à un véritable metteur en scène démiurgique.

Plan détaillé:

1. La mise en scène du quotidien: une vie théâtrale

1. Les courtisans: les acteurs du Roi

1. Le quotidien est théâtralisé et rempli de grandiloquence, comme si les courtisans jouaient une pièce devant le Roi.
2.  “Quelqu’un vous dit : Je me plains d’un tel, il est fier depuis son élévation, il me dédaigne, il ne me connaît plus. — Je n’ai pas, pour moi, lui répondez-vous, sujet de m’en plaindre ; au contraire, je m’en loue fort, et il me semble même qu’il est assez civil. Je crois encore vous entendre (...)” — IX, 37

Ici l’utilisation de brèves répliques et de tirets, les suffisent à donner vie à donner un aspect théâtrale.

1. Les costumes de la vanité

1. Les courtisans se montrent devant le Roi, comme si la cour était une scène où ils devraient paraître dans leurs plus beaux costumes.
2. “ “Quel minuties!” dit-il, pendant qu’il récite de mémoire toute une liste des rois des Mèdes ou de Babylone, et que les noms d’Apronal, d’Hérigebal, de Noesnermordach, de Mardokempad, lui sont aussi familiers qu’à nous ceux de Valois et de Bourbon” — V, 74

Hermagoras correspond parfaitement à un type de la comédie italienne, le Dottore, avec la grandiloquence du discours opposée à l’insignifiance des faits, effets d’entassement à travers l’esquisses de listes, et la prolifération de son discours.

1. La scène: le règne des illusions et des songes

1. Les masques des personnalités

1. Même si ce quotidien est rendu grandiose et dramatisé par les courtisans, nous pouvons penser que ceci n’est qu’une politesse de cour innocente. En revanche, tout acteurs porte un masque, un masque construit sur des illusions et des songes.
2. “Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre: gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris” — IX, 50

Pamphile, épitome du courtisan, est ici réduit à une pâle copie de tous ses confrères (masque commun) (les Pamphiles), remplis d’hypocrisie et de fausseté.

...