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Dissertation réalisme de Zola

Dissertation : Dissertation réalisme de Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Septembre 2021  •  Dissertation  •  2 330 Mots (10 Pages)  •  269 Vues

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   Les récits réalistes, qui se sont développés depuis le XVIIIème siècle tout particulièrement, sont souvent écrits par les auteurs dans ce but premier, étant même un siècle plus tard qualifiés de bon ou de mauvais d'après leur réalisme. On comprend donc que lorsqu'il écrit que Zola cherche à nous "donner une image exacte de la vie" dans la préface de Pierre et Jean, 1887,  Maupassant fait l'éloge d'un ami avec qui il a écrit.

   Zola est-il aussi objectif dans sa représentation des faits que le prétend Maupassant ou bien est-il victime de sa pensée, et si c'est le cas, à quelle point ? Nous tenterons de répondre à cette question en nous appuyant sur son roman Thérèse Raquin, publié en 1867, qui met en scène la famille Raquin aux membres atypiques depuis son installation à Paris et raconte la succession d'évènements (adultère, meurtre, suicide) qui l'ont menée à son achèvement.

   Nous verrons que si le romancier manifeste d'abord une recherche d'authenticité, son récit révèle de nombreuses exagérations et suit un schéma plutôt simpliste. Finalement, nous montrerons que cette image est volontairement nuancée par une époque et par l'auteur.

   Dans un premier temps, le roman cherche à donner une image exacte de la vie, la plus précise qui soit.

   Tout d'abord, Zola représente un milieu social, celui d'une classe moyenne fraîchement parisienne dont le mode de vie est réaliste avec les nombreuses répétitions d'événements qui donnent cette habitude comme c'est le cas des soirées du jeudi ou des journées de Thérèse au comptoir. Elles se confondent par leur ressemblance. Les personnages exercent des professions modernes de la révolution industrielle tels que Camille et Laurent, tous deux employés dans une société de chemins de fer, ainsi que les passants ; ils sont décrits en fonction de leurs petits métiers : apprentis, boulangers, vendeur de faux bijoux, ouvrières, etc. D'ailleurs, le récit est construit sur la base de l'entreprise familiale, la mercerie de Mme Raquin où les personnages circulent constamment. De plus, certains personnages sont animés par de l'affection et un désir de profiter des plaisirs de la société (ballades, jeux entre amis). Le cadre de vie commercial qu'est le passage du Pont-Neuf est quant à lui sordide, peu fréquenté par les passants qui l'évitent. Cela est représentatif de la mort des petites boutiques à l'époque, tournant en désuétude les anciennes rues marchandes. En somme, le schéma narratif est linéaire, ne comporte jamais ou très peu d'analepses ou d'ellipses. Le peu d'événements de premier plan est séparé de faits triviaux comme le travail à la mercerie, les soirées du jeudi et l'ennui ressenti de Thérèse.

   Cela se confirme du fait que l'auteur recherche la vérité via une démarche scientifique du naturalisme exposée dans le Roman expérimentale en 1880. En effet, il distingue bien le naturalisme du réalisme dont le contexte est réel, voire banal, et les péripéties sont sensationnels, mais plausibles. Dans le réalisme les faits de premier ordre sont les seuls conservés tandis que Zola présente le naturalisme comme un courant dont le but premier est la recherche scientifique et qu'il qualifie de "médecine moderne". La réflexion prime sur le divertissement. Il y explique que ses personnages sont des individus guidés par leur tempéraments et leurs instincts primaires (plaisir de la chair, oisiveté, gourmandise, compétition). Zola serait donc observateur et expérimentateur mais nullement acteur de son récit. Il a créé ses personnages de la manière qu'il estime que la nature façonne les individus. Les caractères bons ou mauvais ne sont pas choisis mais subis. La condition humaine de l'homme est sans cesse soulevée pour étudier et justifier son comportement causé par son origine animale. On fait également état du mécanisme des faits puisque les personnages comme les lieux s'influencent continuellement. Par exemple, Thérèse est une personne nerveuse donc à force de relation, Laurent, pourtant sanguin au départ, le devient aussi. Enfin, le naturaliste relève le besoin commun de stabilité et de confort de tous les personnages qui apprécient pour la plupart leurs habitudes et le calme de leur existence bien que misérable. Cette caractéristique est humaine.

   Par conséquent, il est indiscutable que Zola n'ait pas cherché à donner une image aussi réelle de la vie que l'affirme son confrère réaliste.

   Cependant, le roman comporte énormément d'exagérations parfois peu subtiles.

   En premier lieu, les personnages de Zola sont dépourvus de libre arbitre et même de raison témoignant un déterminisme simpliste. Il est beaucoup fait question de la nature de Thérèse et de sa santé forte qui sont justifiées par son origine africaine ou au contraire de Camille qui est d'une santé fragile à cause des soins abusifs de sa mère. Les relations entre les protagonistes, pourtant de la même famille, sont très ambiguës. Pour preuve, aucun d'entre-eux ne se soucie réellement de son prochain ; avant la mort de Camille, personne ne porte réellement quiconque dans son cœur ou n'a de ressentiment envers un autre sauf Thérèse, inlassablement furieuse. Il faut attendre plusieurs années après la mort de Camille pour que le mépris et le chagrin apparaissent communément. De même, le lien à l'animal est excessivement marqué sous l'agissement des pulsions censées expliquer les comportements des personnages et qui dominent leurs rares sentiments. Mme Raquin, par exemple, est la seule à éprouver un amour inconditionnel pour son fils, mais l'attachement fort d'une mère est biologique chez l'animal. C'est une manière de faire comprendre au lecteur que même l'affection est fausse et contrainte. Sous prétexte de réalisme et de stabilité précédemment relevée, le quotidien est psalmodique. On peut remarquer le très peu de péripéties, mêmes réalistes, telles qu’une petite fête ou un voyage en famille ; la promenade à Saint-Ouen est le seul fait marquant décidé par les Raquin. Certes, Zola narre un quotidien mais il apparaît que toute routine est marquée d’événements et c’est dans le but de fuir l’ennui que l’homme cherche à vivre des expériences, or, à part Thérèse poussée par son instinct sauvage, nul personnage ne cherche à quitter ce quotidien trop monotone. Dans le roman Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo, malgré son incarcération, le protagoniste vit plusieurs événements au cours de ses deux dernières semaines. Il témoigne par exemple de fêtes, du transfert de bagnards à Toulon ou de ses discussions avec le personnel pénitencier. Comment donc expliquer que la vie dans Thérèse Raquin soit aussi morne ? Qui plus est, les enchaînements de faits demeurent simplistes. Zola aurait établi des situations et des bouleversements dans son schéma narratif mais leur succession a peu de sens (passion, meurtre, remords, folie et châtiment). On retiendra entre-autres le meurtre sauvage de Camille sur la place publique pour permettre à Thérèse et Laurent d’être ensemble bien que ces derniers auraient pu fuir, se battre, dire la vérité ou organiser leur crime plus intelligemment puisque Laurent y a réfléchi pendant plusieurs semaines. La dernière incohérence que nous nous apprêtons à soulever est la cupidité du couple toxique. Effectivement, Laurent et Thérèse pensent tous les deux à assassiner l’autre, notamment pour s’emparer du capital de quarante mille francs de Mme Raquin, or, Laurent baigne déjà dans l’oisiveté et l’insouciance dont il rêvait tant et Thérèse n’a jamais montré le moindre intérêt à la possession matérielle ou à l’argent, elle qui ne souhaitait que liberté, maintenant obtenue. Le chef de file du naturalisme, dans son soucis de réalisme inclut la question de la condition de l’homme à l’argent, omniprésente au XIXème siècle et que l’on retrouve dans de nombreuses œuvres de romanciers contemporains dits réalistes et appréciés de Zola tels que Aux champs de Maupassant ou Illusions perdues de Balzac.

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