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Dissertation incipit Albert Camus

Commentaire de texte : Dissertation incipit Albert Camus. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 943 Mots (8 Pages)  •  228 Vues

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TRAVAIL TD1 Madas Kévin

Albert Camus est un écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, essayiste et nouvelliste français, il est né en Algérie le 07 novembre 1913 à Mondovi et mort dans un accident de voiture en 1960 Villeblevin en France. Ce philosophe était un homme anticolonialiste, résolument de gauche (ancien membre du parti communiste algérien) mais qui contrairement a ses homologues comme Jean-Paul Sartre s’opposa à la mise en place des dictatures communiste en Europe de l’Est. Ce prix Nobel de la littérature écrit en 1947 après la Seconde Guerre Mondiale, La Peste œuvre relatant une épidémie de peste bubonique à Oran ainsi que le confinement forcé de la ville dû à cette maladie. La Peste, avec Les Justes et L’Homme révolté, fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de la révolte », faisant suite au cycle de l’absurde. Cet incipit de La Peste, un narrateur anonyme décrit Oran, décor dans lequel surviendront des « événements curieux » c’est-à-dire la peste. Nous verrons dans un premier temps pourquoi nous pouvons qualifier cet incipit de classique et d’original à la fois puis dans un second à comment l’auteur fait réfléchir le lecteur sur la condition humaine avec une simple description. Quels sont donc les enjeux et l’originalité de cet extrait ?

Les premières lignes de ce texte semblent répondre aux standards d’un incipit traditionnel c’est-à-dire remplir les missions d’informations et séduire le lecteur, attiser sa curiosité ! La création d’un chronotope permette l’ancrage de l’extrait dans la réalité. « En 194 » une décennie mais pas de date précise qui évoque de manière implicite tout comme le roman la Seconde Guerre Mondiale. La ville d’Oran va être à la fois décrite comme un personnage grâce a la cité L6 mais va aussi être qualifie de banale : « ville ordinaire », de peu agréable « un lieu neutre » et même subir évaluation dépréciative : adjectifs comme « laide ». Le narrateur (anonyme) va aussi avoir recours aux négations et aux formules restrictives pour la décrire :« rien de plus qu’une sous-préfecture française de la côte algérienne » « le printemps s’annonce seulement par. » Ce chronotope est en partie marqué par un souci de réalisme, d’exactitude. Dans les premières lignes : précision presque administrative donne une illusion du réel entretenue par un narrateur qui semble cependant rapidement vouloir prendre de la hauteur.

 Pourtant cet incipit possède une certaine originalité qui repose essentiellement sur les manques ou les brouillages orchestrés par Camus. Le lecteur ne sait rien sur ce narrateur qui semble être interne et qui possède un ton souvent détaché mais pas continu. Il va y avoir un changement de point de vue interne en effet le narrateur va passer d d’un habitant de la ville « nos concitoyens » L 25 à un narrateur anonyme avec l’utilisation de pronom indéfini « on » L 17 plus possessif « notre petite ville » L 23. Aussi le lecteur remarque l’absence de personnages précisément nommés ou présentés au début de cet extrait on va plutôt parler de personnage collectif pour parler des oranais « on » « les plus jeunes » il n’y a pas d’Héros se dégageant de ce texte. De plus l’absence de précision sur les événements ou l’intrigue se voit par l’imprécision de l’expression « Les curieux événements » qui ouvre le roman et qui s’impose comme un euphémisme au regard du titre. L’information sur le genre de cet œuvre est perturbée c’est un roman mais il est désigné par le terme « cette chronique » dès la L1 c’est-à-dire un type d’écrit particulier, a priori pas romanesque puisque pas une fiction : « recueil de faits historiques réels, rapportés dans l’ordre chronologique ». A propos du chroniqueur p 11 « Sa tâche est seulement de dire. » à tension entre fiction et réalité suppose la recherche d’une certaine objectivité Enfin cet incipit joue avec les attentes du lecteur, en restant imprécis, en recourant à un euphémisme : exemple il parle de ce qui sera la peste comme des événements « sortant un peu de l’ordinaire » surprend lorsqu’on s’interroge sur le sens du titre

 

La création donc d’un certain suspense à partir d’indices distillés dans la description à une fonction programmatique, annonciatrice de la description qui révèle certains thèmes fondamentaux de l’œuvre : la mort / isolement de la ville et l’enfermement (« volets clos » / immobilité / argent / amour / ennui. Exemple : la thématique du feu annonce la crémation des pestiférés.

 

 

En outre, la voix narrative apparait ambiguë entre simple témoignage et parti pris. Le narrateur, qui semble en surplomb, n’est pas si neutre que cela et dissimule l’auteur. D’abord la description dont la fonction est réaliste, elle ancre le récit dans un lieu puise elle devient narrative c’est-à-dire qu’elle va être utilisée pour décrire un cadre, un personnage, une ambiance. Elle nous présente les lieux, l’époque, le caractère des personnages, l’atmosphère. L’action n’est pas totalement mise en attente, ce passage en prépare la suite

Un apparent souci d’objectivité de la part de l’auteur s’y fait : « Une manière commode de faire la connaissance d’une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime… » L 20-21 démarche de l’enquêteur, de l’anthropologue ou du sociologue. Albert Camus donne de nombreuses précisions et détails : passe en revue les saisons, décrit us et coutumes mais recours à des formules comme « de l’avis général » « on doit l’avouer » « à première vue », « on dira sans doute » soit de nombreux modalisateurs nuance la dimension ordinaire « apercevoir ce qui la rend différente » L 7. Oran est une ville peu hospitalière : « le soleil incendie les maisons trop sèches » : hyperbole + image du feu, renchérie par la « cendre grise » L 16. « Déluge de boue » est une autre hyperbole utilisée. Selon Camus Oran est la ville du manque, ville sans poésie puisque même le printemps revêt un caractère commercial. Le décalage entre les villes et les faits mis en relief : « n’y étaient pas à leur place » est un jeu sur des antonymes sortant un peu de l’ordinaire. Cette ville est lieu où rien ne se passe : « aspect tranquille » L 6. Les nombreuses négations, les parallélismes de construction et l’anaphore de « sans » L 9-10 : « une ville sans pigeons, sans arbre et sans jardins » soulignent l’absence de la nature. Idem pour l’adverbe de négation ni : « ni battements d’ailes, ni frémissements de feuille ». La nature est présente uniquement dans les corbeilles de fleurs ramenés de l’extérieur par les vendeurs cela est montré par la métaphore « un printemps qu’on vend sur les marchés ». Ceci suggère une absence de vie naturelle : et peut être interprété comme un élément prédictif (la vie est déjà menacée) quelques pages plus loin apparition des rats morts plus « on ne peut plus vivre que dans l’ombre des volets clos » qui annonce la quarantaine, l’enfermement.

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