Dissertation Sur Le Roman

Dans sa préface de La comédie humaine, Balzac déclare qu'il veut «écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des mœurs». En effet, pour cet écrivain français du 19ème, le roman, genre littéraire au contours plus ou moins flous, sert à faire prendre conscience au lecteur et à dénoncer des faits de société. Laurent Gaudé, lauréat du prix Goncourt en 2004, et auteur du livre sur l'immigration Eldorado,déclare de son côté que « si quelqu'un [lui] dit que, à la lecture d' Eldorado, son regard à changé sur l'immigration, c'est le plus beau compliment que l'on puisse [lui] faire ». On peut donc se demander si, comme le pensent ces deux auteurs, le roman peut changer le regard dans lecteur sur la société qui l'entoure. Nous étudierons dans un premier temps …, puis dans une autre partie dans laquelle nous verrons que le roman n'entraîne parfois aucun jugement, et nous terminerons par parler des auteurs qui exposent leur opinion sur le monde qui les entoure sans chercher à influencer celui du lecteur.

Bien souvent, le roman a pour vocation de faire évoluer le regard du lecteur et de changer son jugement sur un fait de société. Pour cela, l'auteur amène son public à une prise de conscience, et engendre parfois un processus de dénonciation.

En effet, beaucoup de roman nous dressent le portrait d’une société imparfaite, et nous amène à réfléchir sur les défauts de cette dernière. Dans Eldorado, de Laurent Gaudé précédemment cité, le thème de l'immigration est abordé. L'auteur nous livre la réalité sur le parcours extrêmement dur des immigrés en quête d'un «Eldorado» européen, tout en soulignant le courage et la beauté de ces hommes et de ces femmes dont on donne une vision plutôt péjorative en Europe. Le récit humaniste du parcours de l'un d'entre eux, Soleiman, fait alors évoluer nos préjugés car on se met à la place de ce personnage rêveur mais droit. Victor Hugo, joue lui aussi sur le procédé d'identification au personnage pour dénoncer la peine de mort dans Le dernier jour d'un condamné. Le lecteur, qui a vécu les peines, les peurs, les espoirs en même temps que le prisonnier, sort changé de ce roman et il ne peut pas faire autrement que de s'interroger sur la nécessité de la peine de mort. Dans La fille brûlée, Tony Abbott nous conte l'histoire de Jessica, une petite fille qui souffre de sévères brûlures qui l'ont complètement défigurée. Les réactions des autres enfants à son égard sont violentes et maladroites. Ce roman nous fait prendre conscience de la mise à l’écart des personnes différentes, et entraîne une remise en question sur notre relation avec les personnes handicapées, ou plus généralement avec ce qui n’est pas comme nous.

Si certains romans ne font que nous ouvrir les yeux sur ce que l’auteur pense injuste, d’autres le dénonce directement et parfois violemment. En effet, un genre littéraire y est même entièrement consacré : le pamphlet. En effet, ce court écrit décrie les faits de société de manière très directe et plutôt agressive. La plupart des grands écrivains français se sont livrés à cet exercice. Par exemple, dans son pamphlet Napoléon, le petit, Victor Hugo attaque violemment Napoléon III. Mais d’autres genres littéraires adoptent aussi le procédé de la dénonciation. Certains romans engagés, par des procédés d’argumentation et des cadres très réalistes, réussissent à faire changer notre opinion sur le fait qu’il dévoile. Dans Germinal, Emile Zola nous fait apparaître une société de mineurs sans masque, et dénonce ainsi la vie difficile « des gueules noires » et de la classe ouvrière et évoque la nécessité d’une lutte sociale. Le père Goriot de Balzac s’inscrit lui aussi dans un univers réel, et dénonce la société inégale parisienne en donnant une vision globale de celle-ci.

Mais, si certains livres dévoilent et dénoncent des faits de société, changeant ainsi d’une manière plus ou moins forte notre opinion,

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