Dissertation La Littérature est elle nécessairement engagé ?

"L'écrivain engagé sait que dévoiler, c'est changer et qu'on ne peut dévoiler qu'en projetant de changer. » déclare Jean-Paul Sartre, pour souligner la fonction et la responsabilité des auteurs au sein des sociétés. C’est un point de vue déjà envisagé par Léopold Sédar Senghor quand le père de la négritude déclare « les écrivains et les artistes doivent jouer, jouent un rôle de premier plan dans la lutte pour la décolonisation.” Dans un contexte précis de revendication du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Senghor défend la figure de l’écrivain engagé. Pour lui, l’auteur a un « devoir », c’est-à-dire que son statut implique qu’il donne une portée à sa parole. Il n’écrit ni pour lui ni pour divertir mais pour faire changer l’ordre du monde. On peut entendre par littérature tout texte (romanesque, poétique, théâtral, etc) dont les qualités esthétiques, l’originalité et la force le distinguent d’écrits ordinaires et périssables. Ainsi, une œuvre littéraire possède une écriture dont la puissance permet d’atteindre les esprits pour qu’ensuite les armes puissent les libérer. Les mots sont en effet des armes en même temps que des moyens d’ouvrir les consciences. En ce sens, la littérature est un lieu d’engagement. Cependant, lorsqu’un écrit est militant, relève t il de la littérature ou de la propagande?

Nous envisageons pourquoi la littérature constitue un lieu idéal d’engagement, puis pourquoi des textes engagés relèvent possiblement de la propagande, avant d’imaginer que la fonction d’un auteur est d’éveiller ses lecteurs et les inviter à s’engager. Il va s’agir de se demander si la littérature doit-elle nécessairement être engagée ?

Les auteurs sont des porte-paroles : leurs œuvres sont des tribunes puisqu’elles sont lues par un large public, qu’elles sont commentées et relayées. Les écrivains disposent ainsi de la possibilité d’être entendus, leurs voix portent. Qu’ils soient engagés politiquement tels Victor Hugo élu député à l’Assemblée Nationale ou, avant lui, Montaigne, maire de Bordeaux, ou qu’ils n’entrent pas directement pas dans la sphère publique, leurs écrits possèdent un retentissement certain. C’est pour cela que la littérature constitue un terrain d’engagement. Au sein d’un texte, l’auteur argumente ses idées puis il les propose aux lecteurs. A la fin du XIXème siècle, le romancier naturaliste Zola utilise sa notoriété pour devenir le défenseur de Dreyfus. Dans une affaire à l’origine militaire mais devenue un scandale qui divise l’opinion publique, l’auteur de Germinal publie une lettre ouverte au sein du journal « L’Aurore » alors dirigé par Clémenceau. Zola y énumère tous ceux qu’il accuse d’avoir soit volontairement participé à une erreur judiciaire soit d’avoir empêché l’éclosion de la vérité. Il désigne, il prouve, il brave. Conscient qu’il peut être accusé de diffamation, il prend le risque de se mettre en danger au nom d’une cause sacrée : la justice. Pour lui, la vérité doit être faite et, parce qu’il a la possibilité d’être publié et relayé, il devient le porte-parole des dreyfusards. Grâce à la littérature, il partage ses opinions, sa conscience, ses idées et se bat pour la justice.

Les auteurs disposent également d’outils, d’une certaine liberté qui permettent à leurs textes d'être percutants. En effet, le langage est un instrument. Pour Sartre, “L'écrivain a choisi de dévoiler le monde et singulièrement l’homme aux autres hommes pour que ceux ci prennent en face de l’objet ainsi mis à nu leur entière responsabilité”. L'écrivain engagé sait que la parole est l’action, il dispose donc d’une liberté immense pour faire valoir ses idées. Il suffit de dire les choses pour montrer qu’on veut changer les choses. Écrire revient donc à s’exprimer sur le monde. Dans le poème “France ! A l’heure où tu te prosternes” de Victor Hugo issu du recueil des Châtiments. Hugo utilise notamment la puissance de la rhétorique pour s’en prendre à Napoléon et dénoncer différents problèmes qui existent en France. Victor Hugo utilise beaucoup de procédés et un vocabulaire très riche et n'hésite pas à attaquer Napoléon qu’il qualifie de “tyran” et ses partisans de “corbeaux”. Ainsi, l'écrivain met l’ensemble des valeurs auxquelles il croit et par lequel il se définit au service de l'esthétique de son oeuvre.

La littérature peut aussi être mis au service de la politique, les écrits peuvent défendre un projet politique.

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