Corpus sur Le Rire

[Introduction]

Pourquoi rit-on ? Plus qu'un phénomène physiologique et réflexe, le rire occupe une fonction sociale majeure dans l'appréhension de l'interculturel. Le corpus qui nous est présenté témoigne en effet, par l'objet même qu'il tente de circonscrire, des nombreux questionnements qu'a suscités le phénomène du rire. Ce corpus composé de cinq textes, d'un extrait d'une célèbre émission de télévision « les guignols de l'info » ainsi que de la bande annonce du film « Rire et châtiment » s' interroge plus fondamentalement sur les enjeux culturels du rire : en répondant à plusieurs exigences existentielles, n'a-t-il pas conséquemment une portée sociale et morale régulatrice ? Effectivement ce corpus aborde cette problématique selon une triple perspective : Tandis que certains considère le rire comme étant le propre de l'homme, d'autres mettent en lumière ses diverses fonctions sociales dont une reste prépondérante selon plusieurs d'entre eux :sa portée critique.

[« Le rire est le propre de l'homme »]

Manifestement, le rire est au cœur de l'homme. Tout ces auteurs et réalisateurs s'accordent pour dire que le rire fait partie intégrante de l'Homme. Ce constat se retrouve d'ailleurs dans la célèbre phrase de Rabelais dans le prologue de Gargantua « le rire est le propre de l'homme ». Selon lui, l'Homme est l'essence du rire, il n'y ne peut y avoir de rire sans homme et d'Homme sans rire. Pour cet auteur, le rire fait partie intégrante de l'identité de l'Homme et relève d'une faculté humaine. On en voudra pour preuve l'appel au rire émise par Rabelais dans ce début de récit : il demande à ses lecteurs le retour au naturel en se laissant aller au rire. Cette idée est même renforcée dans l'essai du philosophe Henri Bergson qui rappelle que la distillation du rire donnera l'essence de l'être humain. Pour lui, « il n'y pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain ». Il enrichie ce propos par un exemple pertinent sur le sujet : les paysages, les objets peuvent certes être beau ou laid mais ils ne seront jamais risible. L'animal s'il suscite le rire c'est qu'il adopte une attitude humaine, de même que l'objet ne fera rire que parce qu'il reflète l'intention du créateur de pousser au rire. Pour preuve encore, l'émission « les guignols de l'info », création de Yves le Rolland, met en scène des marionnettes qui suscitent le rire. Ces dernières représentent des Hommes, se n'est pas un bêtisier sur les animaux... C'est l'Homme, ou sa création qui font rire, et de ce fait c'est le concept de Yves le Rolland qui déclenche ce phénomène et non l'objet des marionnettes. L'homme modèle les choses et ces choses font rire car elles portent l'empreinte de l'Homme selon Bergson. D'ailleurs, selon sa pensée l'Homme est le seul être qui sait rire et qui fait rire. Ce phénomène est le déterminant de l'Homme sans cela il perd son identité comme l'évoque le scénario de « Rire et châtiment » dans lequel José Garcia prétend que sans rigoler il n'est plus lui même, il perd ses repères. Le rire est donc une faculté de l'Homme mais occupe aussi diverses fonction notamment au sein de la société.

[La fonction sociale du rire]

En second lieu, le rire a une valeur sociale : il constitue en effet l'une des formes essentielles par lesquelles s'expriment les rapports humains. S'il il rassemble pour certains, il peut diviser pour d'autres et est adopté dans des situations bien diverses. C'est à une analyse de cette fonction sociale du rire que se livre le philosophe Henri Bergson dans un court traité demeuré célèbre depuis sa publication en 1924 : Le Rire. Essai sur la signification du comique. L'auteur tout d'abord, comme nous l'avons vu précédemment, fait remarquer que si le rire s'applique toujours à ce qui est proprement humain, il nécessite cependant un mouvement de mise à distance de l'affectif, de l'émotion et de la sensibilité. Bergson s'en explique en attirant l'attention sur le fait que le comique ne présuppose pas seulement ce qu'il appelle "une anesthésie momentanée du cœur", mais dans le même temps qu'il détermine la recherche d'une communication et d'une intelligence commune : en ce sens, comme Bergson le rappelle, le rire est rassembleur : "On ne goûterait pas le comique, fait-il remarquer, si l'on se sentait isolé. Il semble que le rire ait besoin d'un écho". Selon lui, le rire cache une arrière pensée d'entente et créer des affinités avec d'autres rieurs.Le philosophe Bergson montre qu'en participant à une identité collective, le rire façonne la vie sociale. Il termine sa pensée en précisant même que le rire doit répondre à une exigence de la vie en communauté et pour cela l'auteur lui affecte une fonction utile : sa fonction sociale.

Laurence Consalvi nous rappelle également dans un article universitaire, mais intitulé sous forme de boutade "Des écla... boussures de rire", (in Deux mille ans de rire, permanence et modernité, Paris, Les Belles Lettres, 2002), que le rire, en tant que communication non verbale, instaure une rencontre. Par son rire, l'individu communique volontairement ou non, des intentions, des sentiments, des jugements. On pourrait aussi faire remarquer combien à travers l'Affiche du Dictateur (1940), le burlesque de Charlie Chaplin invite à un échange : il y a donc une sorte de réciprocité et de complicité dans la rencontre des rieurs. Cette fonction sociale du rire est

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