Corpus Vincent Message, Eric Vuillard, Bertrand Visage

Ce corpus est composé de trois textes ; Défaite des maîtres et possesseurs de Vincent MESSAGE publié en 2016, Intérieur Sud de Bertrand VISAGE publié en 2008 et Tristesse de la terre de Eric Vuillard publié en 2014.

En quoi ces extraits peuvent-ils être qualifiés d’incipits ?

V.Message, B.Visage et E.Vuillard introduisent une histoire respectivement. Dans Défaite des maîtres et possesseurs  le narrateur raconte qu’Iris n’est plus chez eux, il décrit ses pensées et ce qu’il a fait pendant deux jours, les actions sont similaires; grosso modo il cherche Iris et réfléchit en faisant le tour de son appartement. L’incipit d’Intérieur Sud raconte l’histoire de trois filles ayant découvert un homme inconscient et voulant le cacher. Celui de Tristesse de la terre est une explication possible de où viennent les objets nègres, indiens ou asiates que l’on admire dans les musées.

 Ces incipits nous donnent des indices spatio-temporels. Dans Défaite des maîtres et possesseurs nous voyons que le narrateur, un des personnages, sûrement le personnage principal vient de rentrer chez lui, dans son appartement qu’il possède depuis près de vingt ans dans une ville dont il ne cite pas le nom. L2 il dit « chez moi », l6 « l’appartement bien connu, que j’habite depuis pas loin de vingt ans ». L’action peut se situer le soir ou en fin d’après midi, tout dépend de la saison de l’année puisqu’il dit que la ville ne va pas tarder à entrer dans l’aube » (l11). Dans Intérieur Sud nous n’avons pas d’indications sur le moment de la journée où se passe l’action, en revanche, nous savons qu’elle se déroule en hiver sur la plage immense de Sferracavallo, donc en Italie, puisqu’il est renseigné l4 « il fait un froid piquant, on est en février 1991 », l1 «Trois bonnes femmes marchent sur la plage immense.» et l10 et 29 il est cité « Sferracavallo ». Dans Tristesse de la terre l’histoire racontée s’établie dans la fin du XIXème siècle car il est communiqué l31 « Fin 1890, trois ans à peine avant l’Exposition universelle », l2 « lors de l’Exposition universelle de 1893 » et l21 « Plus tard, bien plus tard… ». L’action est à Chicago, car l2 « à Chicago », donc aux Etats-Unis, dans l’Illinois.

Enfin, ils nous renseignent sur des personnages. Dans Tristesse de la terre on découvre Charles Bristol, un « propriétaire de stand de reliques indiennes qui exhibait le cadavre d’enfant » l14, un homme ayant travaillé pour la « Kickapoo Indian Medecine Compagny » l21-22 et ayant fait équipe en 1890 avec Riley Miller (l31-32). Qui lui « était un assassin et un voleur » l34. Nous apprenons moins de choses sur les personnages en lisant les deux autres incipits, mais nous observons tout de même quelques indications. Par exemple dans l’incipit de Défaite des maîtres et possesseurs il s’y trouve deux personnages ; celui d’Iris et celui du narrateur dont nous savons qu’il travaille au ministère par le fait qu’il dise l25 « l’esprit occupé par les conflits et les embûches de ma journée au ministère. ». L37 « notre immeuble » nous pouvons penser au fait qu’ils sont un ménage. Dans Intérieur Sud nous apprenons seulement que les trois filles ayant trouvées le pseudo Viking sont brunes (l17) et qu’elles n’ont pas le même âge (l7 « les deux aînées ».

Ces incipits jouent bien leur rôle dans la mesure où ils nous donnent des indices sur le cadre spatio-temporels, où ils peuvent nous faire discerner des lieux. Il nous présente le personnage principal (accompagné d’autres personnages ou pas) et ils nous acclimatent à une histoire.

En quoi peuvent-ils surprendre un lecteur de romans classiques ?

V.Message, B.Visage et E.Vuillard bouleversent le rapport du lecteur à l’auteur: la lecture passive est détruite pour une attitude créative. Le héros et les personnages ne sont pas tout à fait descriptibles. Dans Intérieur Sud l26-27 « ça n’a guère d’importance de savoir comment il est arrivé jusqu’ici. » on se demande pourquoi et comment l’homme est arrivé ici. L13 « une surprise heureuse » et l30 « on pourrait le mettre dans un hangar à bateau » on se demande aussi pourquoi les personnages ressentent-ils une fierté d’avoir découvert cet homme, pourquoi veulent-elles le cacher; que va-t-il leur apporter. Le livre Tristesse de la terre va-t-il nous révéler pourquoi, je cite; l34 « Riley Miller était un assassin et un voleur.» ? Dans Défaite des maîtres et possesseurs nous pouvons nous interroger sur la relation entre les personnages. Par exemple l22-23 «J’attendais un peu de bruit quelque part, du mouvement dans le salon, dans une des chambres, qu’on vienne me sauter au cou, ou qu’on me dise bonsoir. » nous  pouvons  imaginer que le personnage d’Iris soit la fille du narrateur, sa femme ou n’importe quelles autre femmes intimes avec le narrateur, elle pourrait très bien être aussi un animal domestique. On peut constater que nous ne connaissons ni le nom ni le prénom du narrateur qui semble être le personnage principal de l’histoire en lisant l’incipit. C’est pour cela que le lecteur de romans classiques peut s’apercevoir que, même si dans le texte de V.Message le point de vue est interne (par exemple l1 « je viens »), il ne rencontre pas de personnage individualisé. Par contre le point de vue des deux autres textes est omniscient, on peut le remarquer dans Intérieur Sud l4 « elles ont des tricots troués et les cuisses nues » ; l13-14 « elles sont simplement très émues » et dans Tristesse de la terre l14-15 « il voulait tout laisser là pour y aller! ». Mais cela ne change rien puisqu’il n’y a toujours pas d’analyse approfondie sur un des personnages ; dans Intérieur Sud on voit l1-2 « trois petites bonnes femmes » ; « trois brunettes aux cheveux hirsutes », l17 « les trois brunettes ». Bien que dans Tristesse de la terre y ait des noms propres comme Charles Bristol (l13-14) et Riley Miller (l32), ils semblent n’être que subjectiles car la majorité de l’incipit est au passé mais sa fin est au présent.

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