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Commentaire sur l'acte V, scène 2 de la tragédie Médée de Jean Anouilh

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Par   •  8 Juin 2015  •  2 362 Mots (10 Pages)  •  5 596 Vues

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Acte V, Scène 2, “Médée”

I) Les particularités de ce monologue

Une délibération apparemment réfléchie et logique

Médée est en proie à un terrible conflit intérieur : en effet, elle est la victime de son mari, Jason qui lui est infidèle avec Créuse, fille de Créon, roi de Corinthe. Un acte terrible qui n’aurait jamais dû avoir lieu puisque Jason lui avait promis d’être fidèle en l’épousant si elle l’aidait dans sa quete de la toison d’or. Elle n’a ainsi pas d’autre idée que de châtier terriblement les deux amants. Ainsi, elle finira par tuer les enfants de leur union, espérant ainsi atteindre Jason et par la même occasion. Elle va donc tuer sa propre progéniture bien que ceci soit terrible pour elle-même ; cependant, il faut souligner qu’elle n’en est plus à cela près puisqu’elle a déjà dû tuer son père, son frère et en tuera d’autres…

Une délibération dysfonctionnelle malgré ces apparences

Médée opère une délibération atypique, dans le sens où elle est à la fois juge et accusée (victime aussi: vous le dites après, mais autant le dire d'une traite ), pour et contre (inutile ici). Elle se juge elle même , donc ce jugement ne peux (peut) pas fonctionner correctement. Même si le texte semble argumenté et sensé, Médée prononce ici un monologue dysfonctionnel, où elle occupe tous les rôles dans la délibération ; elle est à la fois victime, juge et avocat des deux parties, et bourreau. Médée est avant tout la victime de la situation : lexique de la trahison appliqué à Jason “perfide”, “trahison”, “traître” : rappel des affronts subis par Médée et de la répudiation dont elle fait l’objet. Elle est aussi l’avocate de sa propre cause : on retrouve ainsi le vocabulaire de la culpabilité appliqué au “camp” de Jason : “criminels d’avoir Jason pour père” : culpabilité de Jason est si grande qu’elle semble s’étendre par métonymie à ses enfants qui sont une part de lui. Le plaidoyer de Médée pour sa propre cause transparaît aussi dans les tournures injonctives reprises en anaphore (vv.1339-40) “Il faut”, “ce n’est pas seulement pour” : montrent la nécessité d’une punition pour satisfaire à la justice et faire en sorte que la situation redevienne équitable. Le personnage semble toutefois s’enferrer dans une argumentation sans queue ni tête : la répétition des “mais ”(v.1337-41-52) souligne la juxtaposition sans lien d’arguments opposés qui ne sont pas réconciliables / l’exclamation “Mais quoi !” (v.1352) insiste sur la situation délicate et sans issue dans laquelle se trouve l’héroïne. Les termes repris par la Médée “ avocate de la défense” soulignent l’absurdité du projet de s’en prendre à ses enfants, avec le lexique de l’innocence : “ils sont innocents” (v.1337). On peut toutefois remarquer que la proportion des passages où Médée prend la défense de ses enfants, par rapport à ceux où elle projette leur mort, est moindre, et sont toujours entourés et contrebalancés par des arguments contraires. Ce rôle, qui a dès le début une moindre, semble ainsi annoncer la fin. L’héroïne, qui est à la fois victime et avocate de sa propre cause, assure également le rôle de juge, qui est contradictoire avec ses deux rôles précédents : termes à la première personne fréquemment associés à l’idée de décision finale et de châtiment, “immolons”, “suppléons”, “n’en délibérons plus”, “allons à son trépas…” les impératifs à la 1ère personne montrent que la décision induite par les impératifs est entièrement le fait de Médée ; la métonymie “mon bras en résoudra” associe aussi la personne de Médée avec “mon bras” et l’idée de sentence définitive avec “résoudra”.

Une femme entièrement soumise à la vengeance et non à la justice

Médée exerce elle même la justice dans cette affaire. Elle ne demande conseil à personne, et se fie à son propre instinct pour décide de la fin de cette histoire. La décision de condamner à la peine de mort quelqu’un relève d’un procès en bonne et due forme, mais elle se contente de faire parler son coeur et ses envies de vengeance. Enfin, Médée revêt également l’habit du bourreau, de celui qui inflige la sentence : lexique des actes violents associés à Médée “arracher”, “immolons”, “je vais l’en priver”, “ce triste ouvrage” tous ces termes, malgré la diversité des catégories grammaticales auxquelles ils appartiennent, insistent sur l’idée d’un acte violent et sanguinaire. La proposition “mon bras en résoudra” connote aussi une certaine violence le bras, par métonymie, sert de symbole pour le meurtre, le moment de l’infanticide. En raison de ces différents rôles tenus par une Médée qui endosse différents habits, il ne s’agit donc pas ici de justice, mais de vengeance, raison fondamentale pour laquelle l’argumentation n’a plus lieu d’être, et apparaît au contraire contradictoire. On retrouve d’ailleurs le champ lexical de la vengeance, qui vient compléter et en même temps s’opposer à celui de la justice : “vengeance”, “venger” (v.1332), “qu’il souffre”, “redouble son tourment”, “projets”, “l’en vais priver” termes qui dénotent ou connotent (pour « projets ») la volonté de Médée de s’en prendre à Jason de la même façon qu’il l’a fait souffrir. La souffrance apparaît comme un besoin, une nécessité, et pas seulement la justice. Médée cherche une symétrie parfaite entre ses actes et ceux que Jason a commis contre elle “il me prive de vous, et je vais l’en priver” le chiasme et le jeu sur la répétition du verbe insistent sur la réciprocité parfaite des actions que Médée projette afin d’obtenir une vengeance qu’elle estime satisfaisante. La décision qui doit être prise est par avance invalidée puisque ce n’est pas la justice raisonnable qui l’appelle, mais des émotions : idée d’impossibilité à contrôler.

II) Médée est en proie à des sentiments contradictoires et irréconciliables, preuve de sa folie

Des sentiments contradictoires

Médée est aux prises (avec un) d’un dilemme cornélien. En effet, elle souffre terriblement de l’infidélité de Jason, ce “traître” qui lui a préféré une autre femme, Créuse, et l’a abandonnée. Sa fureur à son égard est si grande qu’elle n’a qu’une envie en tête : le punir de cette infamie. Ses envies de “vengeance” l’ont déjà conduite à assassiner Créuse afin

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