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Commentaire Littéraire sur le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert

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Par   •  23 Novembre 2013  •  3 022 Mots (13 Pages)  •  3 726 Vues

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Commentaire littéraire Madame Bovary :

(Introduction)

Le roman Madame Bovary a paru en 1856 et a été écrit par le romancier français réaliste Gustave Flaubert. Le texte est publié par feuilletons dans la Revue de Paris pendant plus d’un an, d’octobre 1856 à décembre 1857, c’est-à-dire durant la période d’apogée du réalisme et du naturalisme. Par le réalisme, les auteurs tentent de représenter le monde et les hommes tels qu'ils sont, en observant les mœurs de leur milieu et l’influence de celui-ci sur l’individu. Le réalisme est donc un courant réactionnaire vis-à-vis de l’idéalisme et du lyrisme du romantisme. Son sous-titre Mœurs de province montre que Flaubert y dépeint la société banale et ennuyeuse de la bourgeoisie provinciale. En cette moitié de XIXe siècle, la France est sous le 2nd empire, c’est-à-dire sous le neveu de Napoléon Bonaparte, Louis Napoléon Bonaparte dit Napoléon III. L’écriture de Flaubert n’était donc pas totalement libre. Ainsi, il est jugé pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs » en février 1857. Après avoir été blâmé pour « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères », il est finalement acquitté. Ce roman raconte l’histoire d’une jeune femme, Emma, fille du père Rouault qui tient une ferme, qui épouse un médecin raté, Charles Bovary. Mais, Emma aspire à une vie beaucoup plus palpitante que celle qu’elle vit avec son mari et que ce dernier ne peut lui offrir. Elle enchaine alors les adultères, et finit par se suicider, ceci entrainant également le décès de son mari, rempli de chagrin.

Cet extrait qui se situe au début du roman relate la première rencontre entre Emma et son futur mari, Charles Bovary et leur coup de foudre réciproque.

Comment Gustave Flaubert arrive-t-il à montrer la complexité des sentiments humains ?

Le texte présente, à travers une vision très réaliste de la scène, une rencontre entre un homme et une femme.

(Développement)

Cet extrait de roman relate avant tout la rencontre entre deux personnages qui ne se connaissent pas, qui ne se sont jamais rencontrés, mais seulement entrevus lors d’une précédente visite de Charles chez les Rouault.

Tout d’abord, la psychologie d’Emma est finement évoquée, de manière implicite, notamment par ses gestes et actions. Dès le début, l’auteur fait part des traits psychologiques d’Emma. En effet, la visite de Charles n’étant pas prévue, lorsque celui-ci entre chez les Rouault, Emma est dévêtue (« elle n’avait point de fichu » (l.11), « ses épaules nues » (l.11-12)), ce qui laisse entrevoir à Charles des « petites gouttes de sueur » sur ses épaules découvertes. Cela marque un grand manque de politesse d’Emma puisqu’elle dévoile ainsi une partie de son intimité à un inconnu en montrant ses épaules nues dégoulinant de sueur : Emma n’y voit pas le mal, la nudité ne la choque pas, elle montre qu’elle n’a pas de pudeur, c’est sa manière de penser. Ceci est aussi renforcé par les mœurs de l’époque : même en temps de grande chaleur, les femmes ne devaient jamais laisser entrevoir quelconque partie de leur corps. Puis, Emma renouvelle son impolitesse ; après que Charles lui ait refusé « de boire quelque chose » (l.13-14), elle insiste (« elle insista» (l.14)).Mais elle essaye alors de détendre l’atmosphère lorsqu’elle comprend qu’elle a commis une impolitesse en insistant pour lui offrir à boire : elle cache son émotion en riant (« et enfin lui offrit, en riant » (l.14-15)). L’auteur montre donc qu’Emma manque de savoir-vivre envers son convive, mais également son charme naturel et son attirance involontaire, dès le début de l’extrait, vis-à-vis de Charles. Ensuite, le texte est marqué par un passage (l.19-23) où la protagoniste exprime une très grande sensualité, qui peut paraitre choquante aux yeux du lecteur. Effectivement, toutes les parties de son visage, qui peuvent être qualifiées de sensuelles, sont explicitement décrites : « les lèvres avancées », « le cou tendu » (l.20) « le bout de la langue » (l.21) « ses dents fines » (l.22). Sa sensualité naturelle est donc largement mise en avant par l’auteur. Elle peut donc paraitre assez provoquante pour le lecteur même si toutes ces actions nous montrent surtout qu’Emma est décontenancée face à Charles. Dans le même sens, un changement brutal de situation se produit. Après s’être rassise, ce qui souligne son impolitesse, elle reprend son ouvrage (« elle se rassit et elle reprit son ouvrage » (l.24)) qui n’est autre qu’un « bas de coton blanc » (l.25) : cela montre une nouvelle faute de goût de sa part puisqu’elle montre encore une fois son intimité à un inconnu mais encore son désarroi et son incapacité à maitriser la situation dans laquelle elle se trouve. L’auteur montre qu’elle se remet au travail pour faire abstraction de son trouble, par l’indifférence : elle reprend son ouvrage « le front baissé » (l.21), sans aucun mot à l’adresse de Charles (« elle ne parlait pas » (l.26)). Emma se cache, elle parait très gênée, elle ne parle pas et ne sait plus quoi faire ; elle en perd donc ses mots et ses moyens. Son trouble se caractérise également par son état physiologique, elle a chaud, elle sue et essaye de se rafraichir (« se rafraîchissait les joues » (l.31)). Mais finalement, c’est elle qui va finir pas engager la conversation (« elle se plaignit » (l.35) : cette initiative d’Emma prouve qu’elle domine malgré tout la situation. Emma se révèle donc très troublée par Charles, et ce sentiment est largement partagé par ce dernier.

En effet, le lecteur peut également comprendre la psychologie de Charles grâce à ce passage, mais d’une manière différente qu’avec Emma. L’auteur a laissé le soin au personnage masculin, c’est-à-dire Charles, de raconter la scène selon son point de vue : le point de vue est donc interne, le lecteur voit la scène par les yeux de Charles. D’abord, après être entré dans la maison des Rouault sans que personne ne l’ait accueilli (« il entra dans la cuisine » (l.2)), il rencontre pour la première fois Emma, qui, prise à dépourvu, n’a pas de fichu, et laisse donc entrevoir à Charles « de petites gouttes de sueur » (l .12). Comme le point de vue est interne, on comprend donc que Charles s’attarde sur des détails comme la sueur qui, dans des circonstances habituelles, n’est pas du tout attirante. Ce phénomène se reproduit lorsqu’Emma sert à boire : la description que fait Charles des gestes et actions d’Emma montre bien que la scène est vue par un homme

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