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Commentaire Du Texte Schopenhauer

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Par   •  14 Avril 2014  •  2 747 Mots (11 Pages)  •  719 Vues

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Commentaire du texte SCHOPENHAUER

« Plus d’un individu serait homme à tuer son semblable pour oindre ses bottes avec la graisse du mort » déclarait Schopenhauer.

Philosophe pour le moins misanthrope et pessimiste, il expose dans cet extrait du Monde comme volonté et comme représentation une conception très sombre du désir. Celui-ci nous condamne selon lui à une vie de souffrance au cours de laquelle nous répétons aveuglément et sans fin une quête de jouissance toujours vouée à l’échec.

Le désir est l’instrument de notre malheur et de notre absence de liberté, telle est donc la thèse que Schopenhauer défend dans ce texte.

Après avoir mis en relief dans un premier temps le mécanisme du désir, l’auteur compare sa satisfaction à l’aumône jetée au mendiant. Loin de le sortir de l’embarras, elle ne ferait que prolonger sa souffrance. Le texte s’achève sur une comparaison plus radicale encore : les effets du désir sont semblables aux plus cruels des châtiments infligés dans la mythologie grecque à ceux qui avaient eu le malheur de froisser quelque dieu sadique et vengeur.

Schopenhauer nous invite donc à nous méfier d’un désir que nous assimilons trop facilement à ce dont la satisfaction nous ouvre les voies de la liberté et du bonheur. Mais faut-il nécessairement définir le désir et la condition humaine de façon aussi négative ?

Si le désir est effectivement souvent source d’aliénation et de souffrance, n’est-ce pas à travers l’expérience du désir que nous pouvons accéder à la liberté et au bonheur ?

Schopenhauer veut montrer dans ce texte que le désir met en jeu un mécanisme qui nous interdit l’accès au bonheur. Deux termes semblent ici synonymes : le « vouloir » et le « désir ».

Schopenhauer ne reprend donc pas la distinction usuelle entre le désir et la volonté. La volonté renvoie en principe au choix d’une conscience lucide, prête à mettre en oeuvre les moyens qu’elle estimera les plus appropriés à la réalisation de ses desseins. La volonté est l’expression de notre liberté. Le désir, quant à lui, renvoie traditionnellement à une puissance affective qui nous meut et sur laquelle nous n’avons pas de prise. Si le désir est force, puissance, le sujet qui désire paraît beaucoup plus dépendant que le sujet qui veut.

Schopenhauer ici ne distingue pas ces deux notions. Plus encore il affirme que «vouloir » et « désir » procèdent « d’un besoin, c’est-à-dire d’une privation, c’est-à-dire d’une souffrance. »

Vouloir et désir seraient l’effet d’un besoin. Les liens qui unissent ces notions semblent si intimes qu’elles paraissent même ici être indissociables voire synonymes.

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C’est dès lors une autre opposition classique que nous ne retrouvons pas ici : là où nous distinguons habituellement le besoin, produit des exigences biologiques, et le désir, lié au psychisme, irréductible aux nécessités vitales, Schopenhauer les confond, les assimile au même effort pour résorber un manque dont ils sont l’expression. L’expérience du désir ne serait donc jamais que l’effort pour se libérer d’une souffrance.

En un sens l’étymologie donne raison à Schopenhauer : le mot désir vient de desiderare. Tout comme le verbe considerare, il vient de sidus qui signifie étoile. Ces deux verbes appartenaient à l’origine à la langue des augures qu’inspirait l’observation du ciel étoilé. Considerare signifiait le fait de contempler un astre alors que Desiderare signifiait le regret de l’absence de cet astre.

Ainsi, au sens étymologique, le désir c’est le regret d’un astre disparu, c’est la nostalgie d’une étoile. Il est donc le constat douloureux d’une absence, d’un manque.

Mais cette même étymologie laisse entrevoir une positivité du désir : il est également le pressentiment d’un bien susceptible de nous combler. Cette ambivalence du désir devrait donc nous laisser espérer que sa satisfaction saura, non seulement faire disparaître une douleur, mais nous permettre d’obtenir une vraie satisfaction.

Or, c’est sur ce point que Schopenhauer paraît le plus pessimiste. Il multiplie les arguments : « pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés. »

Cette remarque laisse entendre que le désir n’est pas à conjuguer au singulier. Il est pluriel, composite, formé en réalité d’une multitude d’aspirations incompatibles entre elles. Les psychologues aiment pointer dans le discours du tyran des injonctions contradictoires, satisfaire l’un des désirs du despote, c’est nécessairement frustrer l’autre et s’exposer à sa vindicte. Dans le cas du désir ce n’est pas une mais dix revendications qui sont brimées par la satisfaction de l’une d’entre elles. Paradoxalement, la réalisation du désir ne peut donc qu’accroître notre manque et par conséquent notre souffrance. Tout choix est sacrifice pourrait répondre en écho Don Juan. Partager sa vie avec une femme c’est s’empêcher de la partager avec mille autres…

Schopenhauer ajoute un deuxième argument pour justifier sa critique du désir : si « le désir est long, et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée. » La frustration paraît là encore l’horizon de tout désir. Ponctuelle et partielle, la satisfaction ne peut être que décevante. A quoi bon s’épuiser et faire des sacrifices afin de satisfaire nos désirs ? Nous ne serons jamais récompensés de nos efforts. Nous retrouvons ici une caractéristique du désir tel qu’il est habituellement défini : le désir ne se borne pas à chercher la satisfaction des exigences du corps, qui sont limitées, il renvoie au mental, au psychique et semble rebelle à toute limite. Il y aura donc toujours un hiatus, un écart irréductible entre l’aspiration du désir et ce qui pourrait concrètement le satisfaire. Le domaine économique pourrait ici nous servir à illustrer l’échec annoncé de la satisfaction de tout désir : le gain ne sera jamais à la hauteur de l’investissement.

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Dans un autre de ses textes, Métaphysique de l’amour, Schopenhauer semble se gausser de l’amoureux transi, prêt à tous les sacrifices pour une femme, alors même que son amour n’est que l’effet de la ruse d’une nature qui implante chez tout être vivant un instinct de reproduction. L’humain, toujours désireux de liberté, pourrait répugner à suivre cet instinct, mais « un mirage voluptueux leurre l’homme » afin qu’il se soumette comme les autres êtres à ce diktat.

Hétéronomie

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