Commentaire Composé de la fable Le Corbeau Et Le Renard de Jean de la Fontaine

La fable « Le corbeau et le renard » est tirée du premier recueil de fables, écrit par Jean de La Fontaine en 1668. La rédaction des Fables de la Fontaine, publiées entre 1668 et 1696 s’inscrit dans un contexte précis : le règne de Louis XIV qui marque l’apogée de l’absolutisme dans le Royaume de France. L'histoire des Fables de La Fontaine est contemporaine de l'exercice du pouvoir absolu du Roi de France. L’utilisation par l’auteur d'animaux lui permet de dépeindre la société sous l'absolutisme royal, sans trop craindre la censure ni les éventuelles représailles d’un Roi qui se reconnaitrait dans le Lion.

Mais au-delà des apparences, quelle est l’intention de l’auteur ? Quel message veut-il faire passer à travers ses fables et quels procédés littéraires utilise-il pour y parvenir ? Comment La Fontaine parvient-il à faire un récit satirique tout autant que moraliste, sous un aspect parfois enfantin ?

Après avoir souligné le caractère divertissant voire simpliste du texte, nous verrons la satire qui semble s’y cacher.

Dans un premier temps, nous présenterons les principales raisons pour lesquelles on peut affirmer que cette fable est divertissante. Tout d’abord, le récit est rédigé sur un rythme qu’on peut qualifier de rapide, les actions s’enchainent et sont simples. L’auteur donne une photographie instantanée de la situation initiale en utilisant l’espace « sur un arbre perché » v.1, les sens « par l’odeur alléché », v.2. ; et des actions courtes et immédiates « il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie » v.12. De manière générale, les vers sont courts et faciles à mémoriser. Ces derniers sont écrits en octosyllabes ou en décasyllabes, en alternance. Cela crée la variété, renforcée par des rimes croisées.

Ensuite, nous soulignerons la présence de personnages à la fois très réels, communs dans les campagnes de France, mais doués de parole, d’intentions, de pensées, d’attitudes, de sentiments humains : « ne se sent pas de joie » v.10 ; « honteux et confus » v.17.

Ces animaux sont des Maîtres, terme utilisé pour définir ce qu’on nommerait aujourd’hui des « Messieurs » : « Maitre Corbeau » et « Maitre Renard ».

Enfin, cette fable est un dialogue, aux phrases courtes et percutantes, et relève d’un genre oral, tout comme la chanson à laquelle elle ressemble. La chanson comme la fable étaient (et sont encore parfois) qualifiées d’engagées.

Nous allons maintenant définir les éléments qui semblent faire tourner à la satire des vaniteux cette fable à l’air léger.

En premier lieu, on constate un fort contraste entre les deux personnages, souligné par le parallélisme entre les vers 1 et 3 : « Maitre corbeau sur un arbre perché » / « Maitre renard, par l’odeur alléchée ». L’aspect visuel de la scène nous montre que le corbeau se trouve au-dessus et possède ce qu’il désire, tandis que le renard regarde le corbeau d’en dessous et rêve de pouvoir profiter du mets que le corbeau a sûrement volé.

D’autre part, les personnages sont des types, le renard est la ruse incarnée, son espèce même évoque malice et fourberie. Il parvient toujours à ses fins. Le corbeau, quant à lui, est naïf et vaniteux, il se laisse abuser par le renard

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