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Cléopâtre Captive (commentaire Composé réalisé Par BAZILE Cédric)

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Par   •  21 Juin 2014  •  2 561 Mots (11 Pages)  •  3 441 Vues

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Cléopâtre captive est une tragédie en 5 actes rédigée par Jodelle. Il s’agit d’une des toutes premières pièces de théâtre moderne. Calqué sur le modèle antique, elle pose les bases de la tragédie française. On y retrouve l’histoire de Cléopâtre, reine d’Egypte vaincue et capturée par Octave qui se trouvent confronté à un dilemme : vivre dans la honte de la captivité ou se suicider. Tout au long de la pièce, l’ombre du défunt Marc Antoine plane sur l’intrigue. Dans l’extrait présenté, la reine d’Egypte s’adresse à son défunt amant et fait son choix, elle décide de se suicider après de longues hésitations. L’œuvre de Jodelle est l’une, voire la, première œuvre tragique française. Elle pose les bases du genre tragique français, bases qui forgeront les règles du théâtre classique. Au vue de cette information, une problématique nous est proposée pour orienter notre lecture : Quels éléments font de ce texte une tragédie ? En quoi Cléopâtre est-elle un personnage tragique ? Pour se faire, il convient d’analyser en premier lieu la tirade présentée, puis de s’intéresser au personnage de Cléopâtre aux centres de cette pièce.

L’œuvre Cléopâtre Captive est une tragédie antique et humaniste. Premier né du genre tragique français, elle comporte déjà les règles essentiels qui forgeront le genre jusqu’à son apogée classique. C’est un texte qui respecte les codes, à l’époque encore non énoncés, de la tragédie. On peut donc dire que l’œuvre est à l’origine de leur conception. L’extrait donné est une tirade en vers composé d’alexandrins. Les rimes y soient suivies et les règles métriques scrupuleusement respectées. Le langage y est châtié. L’auteur s’emploie à l’utilisation de litote et d’euphémisme pour respecter la bienséance et l’esthétique du propos. Ainsi, quand Cléopâtre dit sobrement « faire trop durer en ce lieu ma complainte » (v.10), elle exprime des souffrances bien plus fortes que le mot « complainte » tant à apaiser. De même, dans les vers 11 à 12 :« de peur que la douleur, Ne fasse par la mort la fin de mon malheur », Cléopâtre parle avec beaucoup de retenu de son suicide. En générale, le suicide envisagé de la reine ne sera jamais évoqué de façon directe ou crue dans la pièce par respect de bienséance. Il est toujours atténué malgré le fait qu’il soit au fondement de l’intrigue. Le vers 20 en est un parfait exemple : «Qu'à son Antoine mort Cléopâtre fera». La syntaxe particulière de la phrase adoucit la teneur des propos et permet une échappatoire moins violente à leurs formulations. Dans le choix des thèmes et des personnages, on retrouve aussi des codes propres aux tragédies modernes. La pièce est centrée sur des personnages nobles dont elle suscite autant la compassion et l’admiration. Elle prend aussi une dimension historique et retourne à des grands pans de l’histoire antique. Cette vérité prend une double dimension vis-à-vis de l’aspiration de l’auteur. On peut y voir tant une influence de la Renaissance et du retour aux sources antiques qu’un souci de vraisemblance, concept qui se développera à son maximum lors du théâtre classique. Le théâtre classique, né en outre grâce à cette pièce, mettait un point honneur au respect des règles de bienséance, vraisemblance et à la règle des trois unités. Si deux des préceptes de cette dernière règle ne peuvent être vérifié dans cet extrait, on peut lui reconnaitre le respect de la règle d’action. Une seule intrigue guide tout l’extrait, le choix de Cléopâtre. Va-t-elle vivre ou décidera-t-elle de se suicider ? Le dilemme et le fatalisme de la destinée reviennent fréquemment dans l’extrait. Ces deux sujets sont emblématiques de la tragédie et cela ses origines attiques. On pourrait même dire qu’ils sont l’essence de la tragédie car avant tout qu’est-ce qu’une tragédie ? C’est un texte poignant montrant un destin dramatique auquel ne peut réchapper un héros. Cléopâtre n’espère ne serait-ce qu’une fois à échapper à un destin tragique. Elle n’envisage pas une seule fois la perspective d’une amélioration de sa situation. Elle est résigné face à la portée tragique de sa fin et ne fait que choisir le moment de sa mort.

Outre cette portée stylistique, l’œuvre Cléopâtre captive est une tragédie parce qu’elle est porteuse d’émotion. C’est avant tout un texte que poignant qui veut susciter des émotions chez le spectateur et qui est justement centré au tour des douloureuses et puissantes émotions de la reine. L’auteur cherche à nous émouvoir. La compassion, la tendresse, la pitié sont attisé par le spectateur mais d’autres sentiments viennent contrebalancés ce côté bienveillant du spectateur. L’admiration et la crainte se mêle à la douceur des émotions précédentes. La pièce est à dominante pathétique, c’est-à-dire que le registre privilégié est dramatique et attisent l’attendrissement du lecteur. Cela s’explique déjà par l’intrigue. Cléopâtre est une reine captive qui tend à rejoindre son aman dans la mort, amant s’étant lui-même suicidé la croyante morte lors de la prise de l’Egypte. Mais, c’est surtout le ton donné par l’auteur, le sens vers lequel l’auteur oriente la pièce qui explique cela ; car il aurait pu s’attarder en prenant le point de vue d’Octave, ennemi de la reine, et non de Cléopâtre parler de la haine de ce personnage envers l’égyptienne qui serait selon lui la cause de la décadence de Rome. Mais, en choisissant le point de vue de la reine, il oriente son texte au soutien de ce personnage. Si ce texte est si touchant, s’est d’abord qu’il montre la passion et le désespoir que ressent la reine vis-à-vis d’un aman décédé. Antoine est apostrophé de multiples fois dans l’extrait. La reine répète son nom en boucle comme pour l’invoquer. Si certes l’on peut comprendre ces apostrophes en se disant qu’après tous c’est à lui que la reine s’adresse, l’insistance avec laquelle elle prononce ce nom donne à la pièce une toute haute dimension. Dans les trois premiers alexandrins le nom d’Antoine est répété 6 fois. A cette passion brulante pour un être défunt, vient s’ajouter l’approche de la mort. On approche de la fin de la pièce, la fin de la reine se fait de plus en plus pressentir. L’ombre de la mort plane sans cesse. Le mot « mort » et des dérivés de la même famille telle que « mourir » et « meure » reviennent souvent dans la pièce (v. 12, 20, 20, 36 et 39). D’autres mots de même champ lexical ont aussi une forte présence. Ce sont les mots « cercueil » (v. 31,33), « tombeau » (v.6) et « cendre » (v. 5). Outre ces mots, les rimes par leur sonorité servent de soutien à la tirade dont elles varient

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