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Charles Baudelaire, Au lecteur, in Les Fleurs du Mal

Commentaire de texte : Charles Baudelaire, Au lecteur, in Les Fleurs du Mal. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Septembre 2022  •  Commentaire de texte  •  733 Mots (3 Pages)  •  247 Vues

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Charles Baudelaire

Lecture commentée

« Au lecteur »

Ce poème liminaire ouvre les Fleurs du Mal, quelle qu’en soit l’édition ; il est exclu de la numérotation. C’est dire son importance et sa fonction de préface.

  1. Quelle vision de l’homme Baudelaire exprime-t-il dans ce poème ?

Baudelaire exprime une vision pessimiste de la nature humaine et dresse un tableau implacable de nos faiblesses.

Le poète orchestre littéralement une plongée dans le corps humain et dépeint une vie intérieure monstrueuse, comme en témoignent les compléments circonstanciels de lieu : « Dans nos cerveaux » (v. 22) ; « dans nos poumons » (v. 23). L’homme est un être faible et lâche, soumis à des vices dont de nombreuses métaphores soulignent la multitude : « un million d’helminthes » (v. 21) ; « un peuple de Démons » (v. 22), « la ménagerie infâme de nos vices » (v. 32). Le verbe « ribote » (v. 22) figure nos défauts dans une sorte de débauche ou d’orgie infernale évoquant les visions du peintre Bruegel. C’est une foule avide agissant sur l’homme (ils sont au vers 2 sujets de verbes d’action, dont « nos esprits » et « nos corps » sont les compléments). Le poète emploie des figures d’analogie (« Comme les mendiants nourrissent leur vermine » v. 4, « comme un million d’helminthes » v. 21), pour intensifier sa vision morale de l’homme : comme le mendiant régale ses parasites, on nourrit ce qui nous fait du mal, nous ronge, par faiblesse ou par complaisance.

Aussi Baudelaire déplore-t-il notre hypocrisie. À l’inverse du poète lucide, nous refusons de voir, d’admettre et d’assumer nos péchés. « Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, / Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. » (v. 7-8) Baudelaire se moque ici de la religion chrétienne dont, paradoxalement, il dénonce la culpabilité dans notre inclination pour le Mal : l’homme s’écarte « gaiment » du droit chemin et se vautre d’autant plus volontiers dans la boue qu’il sait ses taches lavées par de « vils pleurs », ses péchés absous au moment de la confession. Seule la lâcheté de l’homme l’empêche de sombrer complément et définitivement dans le Mal. « Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie / N’ont pas encor … / C’est que notre âme, hélas ! n’est pas assez hardie. » (strophe 7)

  1. Quel est le plus redoutable des vices de l’homme selon Baudelaire ? Expliquez.

L’Ennui, présenté par un triple superlatif comme le « plus laid, plus méchant, plus immonde ! » (v. 33) de nos vices.

Si nos vices sont des « monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants » (v. 31), c’est-à-dire particulièrement manifestes ; l’Ennui est un ennemi insidieux et évanescent : « ni grands gestes ni grands cris » (v. 34), « dans un bâillement avalerait le monde » (v. 36), « rêve », « fumant » (v. 38) ; il est du côté des « ténèbres qui puent » (v. 16) et du « fleuve invisible » (v. 24) de la Mort. S’ils sont des monstres triviaux et terrestres ; l’Ennui est du côté du ciel, de la métaphysique, un « monstre délicat » (v. 39).

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